« La filière du transport et de la logistique représente 1,6 million d’emplois »

Le secteur du transport et de la logistique connaît une transformation rapide. En 2025, nous le voyons se réinventer sous l’effet de la transition écologique, de la digitalisation et des tensions sur le marché du travail. Ces évolutions ne sont pas de simples tendances passagères : elles redéfinissent les contours mêmes des métiers, tout en conservant l’essentiel – l’humain – et en y insufflant de nouvelles compétences.

Je pense notamment aux chaînes logistiques qui se numérisent, aux solutions d’automatisation qui se multiplient, et à l’intelligence artificielle (IA) qui bouleverse les organisations. Ces mutations ne signifient pas la disparition des métiers, mais plutôt leur modernisation. Le secteur, qui compte onze segments – du transport routier au maritime, en passant par le sanitaire ou la logistique urbaine – a besoin d’une main-d’œuvre agile, formée, capable d’évoluer dans des environnements hybrides, mêlant technologies avancées et savoir-faire terrain.

C’est là tout l’enjeu de notre action chez France Travail : anticiper, former et accompagner. Nous intervenons sur trois leviers structurants. D’abord, l’analyse en temps réel des besoins en compétences, segment par segment, territoire par territoire. Ensuite, l’adaptation des parcours de formation, à travers des cursus comme la préparation opérationnelle à l’emploi individuelle (POEI), pour mieux faire correspondre les profils aux besoins réels des entreprises. Et nous développons des méthodes de recrutement innovantes, basées sur les aptitudes et les motivations, bien au-delà du CV.

Aussi, la méthode de recrutement par simulation ou les immersions professionnelles sont de puissants outils de mise en situation. Or, seules 2 692 entreprises – sur près de 72 000 dans le secteur – accueillent des immersions. C’est un potentiel immense encore sous-exploité. C’est pourquoi je les encourage à consulter la plateforme Immersion facilitée, tremplin pour faire découvrir leurs activités. Une véritable préparation en amont de l’embauche !

En 2025, selon l’enquête « Besoins en main d’œuvre » (BMO), près de 195 400 recrutements ont été identifiés dans le transport et la logistique, et 44,4 % sont jugés difficiles. On constate des besoins massifs d’un côté, et des métiers souvent mal connus ou jugés peu attractifs de l’autre. Les freins ? Attentes salariales, conditions de travail, mais aussi représentations erronées. Or, la filière représente 1,6 million d’emplois, soit 8 % de l’emploi salarié. Face à cette réalité, nous travaillons avec les branches professionnelles, les opérateurs de compétences (OPCO), les collectivités et bien sûr les entreprises. Nos 6 000 conseillers entreprises, répartis dans tout le pays, y jouent un rôle clé pour proposer des solutions concrètes.

La Semaine nationale des métiers du transport et de la logistique en est une vitrine remarquable, avec plus de 1 400 événements organisés : job datings, visites d’entreprises, démonstrations en réalité virtuelle, simulateurs de conduite… Parmi les initiatives les plus marquantes, le dispositif « Du stade vers l’emploi » symbolise ce que nous voulons impulser : recruter sans préjugé. Avec le matin, du sport ; et l’après-midi, des rencontres informelles. Cet événement inclusif casse les codes habituels qui peuvent freiner la spontanéité des échanges. Les recruteurs mesurent vite si les candidats ont l’esprit d’équipe, les compétences et, surtout, l’envie ! C’est un vrai levier pour révéler des qualités professionnelles, en particulier chez les jeunes ou les publics éloignés de l’emploi. Plus de 60 % des participants accèdent à un emploi dans les six mois.

Aussi, le maillage territorial est au cœur de notre stratégie. Loin d’une approche uniforme, nous agissons au plus près du terrain. Dans le Vaucluse (84), par exemple, un club sectoriel réunit régulièrement les acteurs du transport et de la logistique. Ces échanges nous permettent de partager les difficultés, de coconstruire des parcours adaptés et de créer des réponses sur mesure. C’est un cercle vertueux : plus une entreprise s’implique localement, plus elle s’approprie les outils, participe à des actions concrètes et ajuste ses besoins. Pour faciliter ces connexions locales, nous avons mis en ligne une cartographie nationale des experts France Travail transport et logistique.

Il convient d’ajouter que l’attractivité du secteur passe aussi par une revalorisation de son image. Il ne s’agit pas seulement de conduire un camion : les métiers couvrent également la gestion, la planification, la maintenance, l’ingénierie, la logistique urbaine… Et ils sont accessibles à tous.

Avec nos partenaires, comme Promotrans ou CMA CGM, nous développons des parcours adaptés, y compris pour les femmes, encore sous-représentées (20,8 % aujourd’hui). Féminiser ces professions, les ouvrir aux jeunes, aux seniors, aux personnes en reconversion, c’est aussi répondre aux défis de demain. Parce que le secteur du transport et de la logistique est aussi stratégique que vital, il ne cesse de recruter et d’innover.