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« L’industrie du médicament n’est pas réservée aux ingénieurs et aux pharmaciens »

La Semaine des métiers de l’industrie pharmaceutique se tiendra du 6 au 11 octobre 2025. Interview d’Arnaud Chouteau, directeur Emploi et Formation au Leem (Les entreprises du médicament), et de Michel Swieton, directeur régional de France Travail Auvergne-Rhône-Alpes, qui dressent pour nous l’état des lieux du secteur.

Publié le  06/10/2025

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Comment se porte aujourd’hui le secteur pharmaceutique en France ?

Arnaud Chouteau : Malgré les incertitudes internationales et politiques auxquelles il est exposé, le secteur de l’industrie pharmaceutique — historiquement résilient — se maintient grâce aux investissements récents dans la production et au renouvellement des générations. La vigilance reste de mise, mais la dynamique est là. Les choix économiques et budgétaires du prochain gouvernement seront cruciaux pour notre secteur. 

Quelles évolutions marquantes constatez-vous ?

A.C. : En 2023, la croissance du secteur a été de 2,3 %, quand l’industrie en général plafonnait à 0,1 %. Deux années consécutives, nous avons recruté plus de 16 000 personnes, soit bien au-dessus de la moyenne habituelle. Plus de 2 200 emplois nets ont même été créés en CDD et CDI. Et les perspectives sont bonnes, notamment avec la bioproduction : plus de 3 000 recrutements sont attendus d'ici à trois ans.

Quels défis et opportunités voyez-vous émerger ?

A.C. : La bioproduction est une chance majeure : + 60 % de capacités en six ans, 6,3 milliards d’euros investis les cinq dernières années et 52 sites déjà actifs. Autre enjeu : la transition numérique. L’IA, le big data ou la robotisation ne détruisent pas d’emplois, mais font évoluer les compétences.

 

Michel Swieton : L’autre grand défi est l’attractivité, d’où l’importance de rendre le secteur visible en insistant sur sa diversité et ses opportunités de carrière. Nous devons montrer que ce secteur recrute aussi bien des biologistes et des ingénieurs chimistes que des agents de conditionnement, des techniciens de maintenance… Et que cette variété de postes s’adresse à de multiples profils : apprentis, salariés en reconversion, personnes en situation de handicap…

Quels métiers sont les plus recherchés ?

A.C. : Les opérateurs de production, les techniciens de fabrication et de laboratoire… La production est un pilier stratégique : près de 46 % des salariés du secteur y travaillent, sur 256 sites répartis dans toute la France. Dynamisée par la modernisation des chaînes et l’augmentation des capacités industrielles, la filière recrute massivement. À noter qu’aujourd’hui, 51 % des salariés sur site de production sont des femmes.  

 

M.S. : Sur 12 mois, nous avons recensé près de 10 000 offres dans la filière pharmaceutique. Le top cinq : conducteurs de ligne, techniciens de laboratoire, responsables qualité, agents de conditionnement et techniciens de maintenance.

Pourquoi ces métiers sont-ils en tension ?

M.S.  : Plusieurs raisons : méconnaissance du secteur, image trop élitiste, inadéquation entre les formations et les besoins des entreprises ou contraintes de mobilité. Pourtant, l’industrie du médicament n’est pas réservée aux ingénieurs et aux pharmaciens. Elle offre une grande variété de métiers, accessibles à différents niveaux de qualification.

 

A.C. : C’est un point essentiel : il faut casser cette image trop élitiste, mieux communiquer et faire connaître ce secteur porteur de sens. Nous avons aussi besoin de logisticiens, de magasiniers, d’opérateurs… pour contribuer à la bonne santé de la population.

« La production est un pilier stratégique avec près de 46 % des salariés du secteur »

Arnaud Chouteau

La Semaine des métiers de l’industrie pharmaceutique illustre-t-elle cette dynamique ?

A.C. : Oui. Plus de 150 événements sont prévus : visites de sites de production, job dating, forums de l’emploi, interventions dans les agences France Travail. C’est l’occasion pour les candidats de découvrir concrètement nos métiers. 


 
M.S. : Toutes les régions sont concernées, avec une forte mobilisation dans les bassins où la filière est très implantée (Centre-Val de Loire, Auvergne-Rhône-Alpes, Hauts-de-France…). L’objectif est clair : mettre en lumière un secteur stratégique, innovant et pourtant encore trop méconnu.

Qu’est-ce qui fait la force du partenariat entre France Travail et le Leem ?

A.C. : France Travail est un partenaire fiable et efficace, qui nous propose des profils auxquels nous n’aurions pas pensé. Nous savons que nous pouvons compter sur le travail engagé et professionnel de ses salariés au bénéfice des entreprises et des demandeurs d’emploi.

 

M.S. : La force que nous mettons au service du Leem, c’est notre maillage territorial : près de 1 000 agences en France et une connaissance fine des bassins d’emploi. Nous pouvons ainsi détecter des compétences parfois insoupçonnées chez certains candidats et les mettre en relation avec les entreprises.

Un exemple récent de coopération ?

A.C. : Nous travaillons actuellement sur l’Académie France Travail, afin de permettre aux conseillers de mieux comprendre nos métiers et les besoins du secteur pharmaceutique. C’est un bel exemple de confiance mutuelle.

 

M.S. : Oui, et nous menons aussi des partenariats locaux avec des entreprises du médicament, par exemple avec Novo Nordisk, à Chartres, ou Unither, dans les Hauts-de-France, pour promouvoir les métiers auprès des demandeurs d’emploi.

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