Article
« Pour les jeunes, l’entreprise idéale est à la fois locale et française. »
La 3e édition du Baromètre Macif et Fondation Jean-Jaurès 2023 a interrogé un millier de jeunes âgés de 18 à 24 ans sur leurs aspirations en matière de travail. ALBAN GONORD, DIRECTEUR DE L'ENGAGEMENT DE LA MACIF, nous dévoile les résultats de ce baromètre.
Selon le baromètre Macif et Fondation Jean-Jaurès 2023, trois quarts des jeunes sont optimistes pour leur avenir. Quels facteurs expliquent cet optimisme ?
Alban Gonord : Effectivement, les jeunes sont très majoritairement optimistes vis-à-vis de leur avenir : 71 % des sondés l’affirment. Un pourcentage en progression de dix points sur un an. Ils sont par ailleurs 50 % à se dire optimistes par rapport au marché de l’emploi. Le facteur d’explication se trouve dans un retour d’énergie dans une période post-Covid. Il faut bien avoir à l’esprit que la crise sanitaire a été un moment particulièrement difficile pour les jeunes générations. Désormais, ils socialisent à nouveau et se construisent grâce à leurs interactions. Les incertitudes macro-économiques affectent moins les jeunes générations que les autres : leur niveau d’optimisme est très supérieur à celui de la population générale.
Les jeunes professionnels français sont-ils plus optimistes que leurs voisins européens ?
A. G. : Je ne dispose pas de données comparables au niveau européen. Si la situation du tissu économique est très différente d’un pays à l’autre, la crise sanitaire a cependant concerné tous les pays. Les jeunes n’ont pas été épargnés. Il semble que, d’une manière générale, au niveau européen, la jeunesse est aujourd’hui en attente de nouveaux équilibres entre vie personnelle et vie professionnelle.
« Les jeunes attendent de l’entreprise qu’elle joue un rôle d’animation de la vie de la cité. »
Au-delà de la rémunération, quels sont les autres critères recherchés par les jeunes lorsqu’ils candidatent ?
A. G. : Ils expriment clairement un besoin d’écoute et de respect de la part des entreprises pour lesquelles ils travaillent. Ils veulent pouvoir exister en tant qu’individus au sein des organisations. Au-delà des aspects économiques, 40 % d’entre eux demandent de la considération de la part des organisations pour lesquelles ils travaillent. Ils sont par ailleurs une majorité (52 %) à souhaiter du télétravail partiel. Chiffre plus significatif encore dans un nouveau rapport au temps, 66 % des sondés demandent une année de césure. C’est-à-dire qu’avant même d’entrer dans la vie professionnelle, ils expriment la volonté de vivre une année de vie hors du monde professionnel. Ce chiffre est confirmé par un autre : 30 % des répondants expriment la crainte de passer trop de temps au travail. Autre rapport au temps, autre rapport à la société. Les jeunes attendent de l’entreprise qu’elle joue un rôle d’animation de la vie de la cité : ainsi pour 41 % des sondés, l’entreprise doit être utile à la société. Ils sont aujourd’hui particulièrement attentifs à la sincérité des discours et des actes de l’entreprise. C'est comme si l'entreprise avait un rôle politique à jouer en faveur de l’environnement, mais également en faveur d’une réduction des inégalités. Enfin, cette dimension politique concerne aussi leur vie personnelle, car 71 % des jeunes demandent que l’entreprise les aide à mieux comprendre leurs droits et à les accompagner.
Quelles sont leurs revendications en matière d’équilibre entre vie personnelle et vie professionnelle ?
A. G. : Malgré cette soif de reconnaissance et de temps libre, et c'est une donnée un peu étonnante, les jeunes sont très attachés à une forme de stabilité dans leur vie professionnelle. Pour 71 % des jeunes, le travail est d'abord le moyen d’accéder à la propriété. Lorsqu’on leur parle d’avenir, ils ne citent pas de grands projets, ou de grands voyages, mais ils veulent un logement, si possible proche de la nature, pour leur famille ou leur foyer à partir duquel ils se voient télétravailler. Ils sont finalement à la recherche de l'aménagement de leur cocon, et d’une heureuse cohérence entre une vie personnelle qui prime et une vie professionnelle qui doit leur offrir un cadre.
« Les jeunes sont convaincus que la transformation doit se faire au niveau local, à une échelle humaine. »
Une jeune sur deux rêverait de rejoindre une entreprise française ou locale plutôt qu'une entreprise étrangère. Ils préfèrent également les entreprises de petites tailles aux multinationales. Comment l’expliquez-vous ?
A. G. : La dimension locale est effectivement importante. L’entreprise idéale est à la fois locale et française. Ils sont beaucoup plus nombreux à la préférer à une entreprise du CAC 40. De la même façon, on constate que leur conception de l'engagement évolue. Pour les jeunes, l’engagement n’est pas la grande cause, mais il commence ici, maintenant, sous nos pieds et dans nos assiettes. Ils souhaitent modifier le système de l’intérieur, plus que de s’y opposer en bloc. Ils sont convaincus que la transformation doit se faire au niveau local, à une échelle humaine et c’est peut-être aussi la raison pour laquelle ils plébiscitent davantage les petites organisations. Ils sont enfin 56 % à avoir un projet d’engagement associatif et réclament plus de solidarité.
> Pour aller plus loin : Consulter la troisième édition du baromètre Macif – Fondation Jean Jaurès – Les jeunes et l’entreprise.
Ailleurs sur le site
L’état de l’emploi dans votre ville
Retrouvez les chiffres du marché du travail dans votre commune de plus de 5000 habitants.
Ensemble pour l'emploi
Retrouvez tous les chiffres permettant d'évaluer l'efficacité de notre action auprès des demandeurs d'emploi et des entreprises.