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« Nous avons besoin de tous les talents pour construire le monde de demain ! »

A quoi ressemble le paysage français des start-ups ? Success stories, emplois, métiers, innovations, moyens mobilisés… CLARA CHAPPAZ, DIRECTRICE DE LA MISSION FRENCH TECH, nous en dit plus sur cet écosystème bouillonnant.

Publié le  31/01/2024

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La Mission French Tech a fêté ses 10 ans d’existence en 2023. Quel bilan tirez-vous de son action ?

Clara Chappaz : Un bilan très encourageant ! Il y a quelques années, la France était encore loin d’être identifiée sur les enjeux d’innovation sur le numérique. C’est pourquoi nous ne pouvions imaginer une telle progression pour la French Tech. En dix ans, l’écosystème a gagné en maturité et a fait émerger plus de 30 licornes. Quelle fierté !

À quoi devez-vous cette évolution ?

C. C. : Nous la devons à tous les acteurs qui ont œuvré de concert pour construire un écosystème solide, capable de soutenir l’innovation française. À la Mission French Tech, nous avons pensé et mis en œuvre des programmes d’accompagnement dédiés à la croissance des start-ups technologiques innovantes, dont les programmes nationaux French Tech Next 40/120 et French Tech 2030. Ces programmes accompagnent chaque année 250 start-ups stratégiques. Ils s’adressent autant aux start-ups capables de devenir des champions technologiques de rang mondial qu’à celles à fort potentiel, positionnées sur l’un des six secteurs stratégiques tels que définis par le plan d’investissement public France 2030 [ndlr : éducation, agriculture, nouvelles frontières, numérique, santé, transition écologique].La force de frappe de la Mission French Tech se déploie également au niveau local, grâce à un réseau de 17 Capitales et de 99 Communautés French Tech, implantées dans 32 régions métropolitaines et d’outre-mer, ainsi que dans 67 villes étrangères.

L’écosystème tech français en chiffres Plus d’1,1 million d’emplois directs et indirects ;

25 000 start-ups ;

31 licornes (start-up valorisée un plus d’un milliard de dollars) ;

25 000 emplois créés depuis décembre 2022 par l’écosystème des start-ups ;

8,3 milliards d’euros de levées de fond en 2023.

Comment expliquer cet élan positif en matière d’emploi ?

C. C. : Tout simplement parce que la French Tech nous accompagne dans notre quotidien : deux Français sur trois prennent chaque jour un rendez-vous sur Doctolib, réservent un voyage sur Blablacar… Et puis, en 2024, la Tech française comprend aussi des start-ups innovantes qui adressent les enjeux de demain et dépassent le domaine numérique stricto sensu. Par exemple Verkor, qui fabrique des batteries électriques, et Toopi Organics, qui développe un procédé biotechnologique unique au monde pour recycler l’urine humaine en biosolutions agricoles. Leur impact est peut-être moins visible dans notre quotidien mais leurs solutions sont une réponse concrète aux défis sociaux, sociétaux et environnementaux. Et la dynamique n’est pas près de s’arrêter pour ce secteur en pleine croissance !

Quels domaines et technologies portent actuellement la French Tech ?

C. C. : La French Tech couvre tous les secteurs d’activité : santé, intelligence artificielle (IA), agriculture, éducation... Les entrepreneurs innovent sur de nouveaux usages, de nouveaux services et de nouveaux produits. Les lauréats de la promotion 2023 du programme French Tech Next 40/120 de la Mission French Tech en sont le parfait exemple. Ils se positionnent sur des secteurs aussi variés que celui du numérique (marketplace, FinTech, logiciels), la santé (BioTech, dispositifs innovants) et la transition écologique (batteries électriques, biocarburants). Dans la lignée de France 2030, la Mission French Tech a également lancé le programme French Tech 2030, qui vise à accompagner des acteurs émergents sur les six verticales prioritaires*. Certains œuvrent à la transition écologique, par exemple Accenta qui simplifie la décarbonation du chauffage et de la climatisation des bâtiments grâce au géostockage combiné à l’IA. D’autres se positionnent sur l’agriculture, je pense par exemple à Agriodor, qui développe des solutions de biocontrôle brevetées à base de molécules odorantes produites naturellement par les plantes, alternatives aux insecticides. La concurrence internationale étant élevée, la Mission French Tech porte une attention particulière aux innovations de rupture, la DeepTech (spatial, nucléaire, quantique, IA...), qui sera l’un des leviers incontournables pour garantir demain notre souveraineté technologique et industrielle.

« Nous avons besoin de tous les talents, et plus que jamais besoin des femmes, encore trop peu nombreuses dans le secteur de la Tech. »


Quels sont les enjeux actuels en termes d’emploi et de métiers du numérique ?

C. C. : Le dynamisme de la French Tech est tel que nous avons besoin de tous les talents pour construire le monde de demain ! La French Tech, ce n’est pas que le numérique et les développeurs, c’est toute une diversité de domaines d’applications, de métiers et de secteurs (notamment l’industrie), dans lesquels chacune et chacun peut se retrouver. Ainsi, la Tech comprend une vaste diversité de métiers : on peut y travailler comme ingénieur, mais aussi comme business developer pour générer des opportunités commerciales, comme chargé de marketing digital pour augmenter la visibilité de la structure, comme graphiste, ou encore en RH/talent acquisition pour recruter des profils en fonction des besoins et développer les équipes, leurs compétences et le bien-être au travail.

Quid de l’équilibre hommes-femmes dans la Tech française ?

C. C. : Nous avons besoin de tous les talents, et plus que jamais besoin des femmes, encore trop peu nombreuses dans le secteur de la Tech. Ainsi, en 2022, un fondateur de start-up sur 10 est une femme**. Leur présence est pourtant cruciale, pour la performance économique, d’une part, mais aussi pour des raisons éthiques, d’autre part : les métiers du numérique construisent le monde de demain, et cet avenir ne peut pas être décidé sans les femmes. À la Mission French Tech, nous avons lancé le Pacte Parité, en mai 2022, avec les start-ups de nos programmes, qui vise à soutenir la féminisation des start-ups. Il reste du chemin à parcourir, mais nous pouvons constater des avancées : alors que 22 % des entreprises signataires n’avaient pas de femmes dans leur comité de direction en mars 2022, elles ne sont plus que 16 % actuellement.

« La Semaine des métiers du numérique est importante pour promouvoir les métiers de demain. »


Comment travaillez-vous à la valorisation des métiers du numérique ?

C. C. : La Semaine des métiers du numérique est importante pour promouvoir les métiers de demain. D’ailleurs, en octobre 2023, la Mission French Tech a organisé un forum pédagogique afin de promouvoir les métiers de la French Tech auprès des plus jeunes générations. Ce forum « Les jeunes, acteurs de la French Tech » a pu réunir 300 collégiens et lycéens, et 12 start-ups qui ont présenté leurs activités. À l’instar de la Semaine des métiers du numérique, cette initiative a permis de valoriser toute la richesse des métiers de la Tech et a sans doute permis de susciter des vocations. N’oublions pas, enfin, l’action de « professionnels modèles », qui s’investissent pour sensibiliser les futurs talents, comme les marraines de l’Association Elles bougent auprès des jeunes filles.

Comment la Mission French Tech collabore-t-elle avec France Travail ?

C.C : Nous possédons un réseau d’agents publics que nous appelons les « correspondants ». Ce réseau comprend 245 correspondants présents au sein de 60 institutions étatiques dont France Travail et l’URSSAF. Chacun d’entre eux est un ambassadeur des start-ups de l’écosystème auprès de sa propre institution, facilitant ainsi le développement des start-ups. Connaisseurs des enjeux spécifiques aux start-ups, ils contribuent avec la Mission French Tech à l’évolution des politiques publiques et des réglementations, pour répondre aux enjeux de compétitivité et d’attractivité de la France. C’est le cas par exemple du French Tech Visa, une procédure simplifiée mise en place pour les investisseurs, fondateurs et collaborateurs de start-ups non-européens qui veulent s’installer en France.

La Mission French Tech

La Mission French Tech est une administration placée sous la tutelle du ministère de l’Économie et des Finances. Elle est chargée de soutenir la croissance de l’écosystème des start-ups françaises. Clara Chappaz, directrice depuis novembre 2021, pilote la Mission French Tech pour favoriser la croissance et l’internationalisation des scale-up de la French Tech, promouvoir la diversité dans l’écosystème des start-ups, et permettre l’émergence de leaders technologiques mondiaux.

 

 

* S’orienter vers les nouvelles frontières, marines, spatiales et quantiques ; assurer notre souveraineté numérique ; faire de la France un leader européen souverain en innovation en santé ; mieux produire en décarbonant notre société ; renforcer notre souveraineté alimentaire ; placer la France en tête de la production de contenus culturels et créatifs, et des technologies immersives.

** Baromètre SISTA 2022.

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