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« Notre métier, c’est de trouver un emploi à ceux qui n’en n’ont pas. »

Partenaire de Pôle emploi, l'entreprise d'intérim Proman est le recruteur officiel de la Coupe du monde de rugby 2023. Pour s’adapter aux évolutions du monde de travail et aux nouvelles attentes des talents, Proman s’applique à se distinguer de ses concurrents. Explications avec Roland Gomez, son directeur général.

Publié le  06/09/2023

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Proman, qu'est-ce que c'est ?

Roland Gomez : Proman est une entreprise de travail temporaire et de ressources humaines née il y a trente-trois ans dans les Alpes-de-Haute-Provence, à Manosque. Nous gérons 420 agences de travail temporaire intégrées dans les villes en France (sur un total de 915 agences, présentes dans 16 pays différents), et dont le but est de trouver des collaborateurs intérimaires pour les entreprises qui en ont besoin, sur des tâches précises et des durées données. Nous sommes surtout une variable d'ajustement en fonction des différents cycles économiques, et de ce fait un acteur très inclusif puisque notre métier c'est de trouver un emploi à ceux qui n'en n’ont pas.
 

Nous observons aussi quelque chose d'un peu nouveau : des salariés qui ont un emploi et s’adressent à nous pour en changer.


Quels sont les profils des personnes qui postulent auprès de Proman ? 

R. G. : Nous avons affaire à des personnes très éloignées de l'emploi, à des jeunes qui veulent développer leur expérience professionnelle, à des personnes qui cherchent simplement quelques heures par semaine, et à des personnes qui prétendent au Graal : trouver un CDI au sein d’une entreprise. Nous observons aussi quelque chose d'un peu nouveau : des salariés qui ont un emploi et s’adressent à nous pour en changer. Ils savent que le travail temporaire peut leur permettre d'intégrer des sociétés différentes, de se faire de nouvelles expériences et de changer un peu d'air.
 

En quoi Proman se distingue de ses concurrents ?

R. G. : Nous sommes sans doute un peu différents des autres acteurs car nous sommes une entreprise 100 % familiale, détenue par mes parents, mon frère et moi. C'est original car lorsque nous regardons les cinq ou six premières entreprises dans le travail temporaire en France, il n'y a que des entreprises étrangères internationales ou des sociétés cotées en bourse. Ainsi, nous sommes la première entreprise française indépendante, le quatrième acteur sur le marché européen et le 12e au monde. Cette dimension familiale se décline à travers différents sujets. Nous essayons de proposer un accueil et un suivi de carrière de nos collaborateurs intérimaires aux petits oignons, à la carte.
 

Le point qui vous distingue principalement de vos concurrents est donc le suivi plus personnalisé que vous proposez ?

R. G. : D’une certaine manière, oui. Par ailleurs, j'observe que certains confrères rassemblent ou ferment des agences. Au contraire, nous avons décidé de maintenir des « agences de ville », comme on dit dans le jargon, pour pouvoir accueillir et continuer d’être une entreprise de proximité, implantée dans les territoires. Nous ne sommes pas une société 100 % digitale, nous combinons les deux. Il y a cinq ou six ans environ, notre métier a été menacé par des acteurs type pure players (entreprises qui exercent leur activité uniquement en ligne) via la digitalisation. Nous avons longtemps été épargnés, parce qu'à priori, la gestion des ressources humaines n'est pas un secteur favorable à la digitalisation. Et force est de constater qu'aujourd'hui, les pure players n'ont pas réussi à faire leur place. 
 

À priori, la gestion des ressources humaines n'est pas un secteur favorable à la digitalisation.


Il est donc important de proposer à la fois des canaux digitaux et des points d'accueil physique…

R. G. : En effet, je crois que le bon modèle se situe entre les deux. D’un côté des agences et des lieux de proximité implantés dans les territoires, et de l’autre, des outils digitaux pour pouvoir satisfaire tout le monde. Nous souhaitons nous adapter à toutes les personnes qui s’adressent à nous. Prenons l’exemple d’une personne un peu âgée ou d'origine étrangère, avec un savoir-faire mais qui rencontre des difficultés avec Internet : il est pour nous hors de question de communiquer avec elle via une application. Nous conservons les échanges téléphoniques et les rendez-vous en agence. Néanmoins, un public jeune ne comprendrait pas qu'on lui demande de passer en agence de manière régulière. Nous devons donc être alignés avec tous les métiers, toutes les manières de communiquer et de collaborer. De la même façon que nous souhaitons aussi être alignés sur tous les services et méthodes de travail que nous pouvons offrir. Cela va de l'intérim à l'embauche en CDD ou en CDI chez nos clients directement, au portage salarial (avec la division AKUIT et également la marque Coalise, spécialisée dans l'informatique), jusqu'à l'assistance technique, en cas de besoin.
 

Pour attirer les talents, il faut commencer par bien accueillir, bien former et bien expliquer ce que l'on fait.


Est-ce que certains secteurs ont connu des évolutions particulièrement notables dans leur recours à l'intérim depuis un an ?

R. G. : Là où je vois quelque chose d'un peu inédit, c'est dans l'hôtellerie et la restauration. Dans ce secteur, nous avons des demandes qui ne sont plus du tout les mêmes : la plonge de quelques heures, ça n'existe plus, les gens ne veulent plus y aller. Par conséquent, les recruteurs des métiers de la restauration doivent remettre en question leur modèle d’organisation RH afin d’éviter de se retrouver en difficulté. Ils essaient par exemple de faire travailler les employés quatre jours, puis de leur accorder trois jours de repos. Nous sentons qu'il y a vraiment une remise en question forte. Et d'autre part, il y a des clients qui ne travaillaient pas assez leur image, et qui désormais communiquent davantage sur ce qu'ils font, pour être plus attractifs. Certaines entreprises ont du mal à recruter, mais pour attirer les talents, il faut commencer par bien accueillir, bien former et bien expliquer ce que l'on fait.
 

Les attentes des candidats ont-elles évolué depuis la crise sanitaire ?

R. G. : Je crois que la crise sanitaire a laissé une trace importante, les gens se disent désormais : « Je veux choisir mon job ». Quelquefois, quand je suis agacé, je peux dire à mes équipes : « Arrêtez d'exagérer. Les gens veulent quand même travailler ». Oui, mais les exigences ont changé et sont plus fortes vis-à-vis des recruteurs. Après le Covid, nous avons également eu beaucoup de mal à faire revenir certaines personnes qui se sont un peu éloignées de l'emploi.
 

Lire aussi : Quelles sont les attentes des collaborateurs en 2022 ? Décryptage avec 3 tendances RH

 

Notre partenariat avec Pôle emploi témoigne d’une vraie complémentarité public/privé en faveur de toutes celles et ceux qui cherchent un emploi en France.


En 2022, vous avez signé une convention nationale avec Pôle emploi pour lutter contre la pénurie de compétences des candidats. Quelles sont les actions principales sur lesquelles s'appuie ce partenariat ?

R. G. : Globalement, ce partenariat consiste au partage des offres d'emploi de Proman par Pôle emploi, via ses différents canaux. Nous avons instauré un flux qui permet de pousser chez Pôle emploi toutes les offres de Proman, et qui est remis à jour très régulièrement. La deuxième manière de travailler avec Pôle emploi est plus locale, c'est la relation entre un consultant Proman et un conseiller Pôle emploi, et cela ne consiste pas seulement à pousser des offres sur un site. Notre partenariat avec Pôle emploi témoigne d’une vraie complémentarité public/privé en faveur de toutes celles et ceux qui cherchent un emploi en France.
 

Quelles actions menez-vous en matière de responsabilité sociale des entreprises (RSE) ?

R. G. : Nous menons de nombreuses actions en matière de RSE. Par exemple, nous avons récemment emmené des jeunes de quartiers sensibles à des concerts de musique philharmonique. Ce sont des personnes éloignées de l'emploi, qui disent avec leurs mots : « C'est bon, ça ne sert à rien que j'aille à la boîte d'intérim parce qu'il n'y a rien à prendre ». Pour aller vers eux, nous allons leur parler de breakdance, de rap ou autre. Et en même temps, nous allons leur dire que s'ils viennent à l'agence d'intérim, nous prendrons le temps de les recevoir et de leur expliquer ce qui a changé. Nous avons également un axe qui s'éloigne un petit peu de l'emploi, tourné vers l'enfance en difficulté, notamment en participant aux «  Journées des Oubliés des Vacances » organisées par le Secours populaire chaque année. Nous avons également un partenariat avec les Apprentis d'Auteuil.
 

Vous êtes partenaire de la Coupe du monde de rugby 2023, et avez annoncé le recrutement de 5 000 salariés pour travailler autour de l'événement. Quels sont les métiers les plus concernés ?

R. G. : Grâce à l’ensemble de nos agences, nous avons sélectionné la quasi-totalité des apprentis du centre d’apprentissage « hors les murs » de la Coupe du monde pour former aux métiers du sport, et pas seulement aux métiers du rugby. Pour le Comité d’organisation, nous avons également recruté sept des « patrons » - les directeurs des sites - des neuf villes où les matchs se jouent. Par ailleurs, nous avons recruté des chauffeurs, des électriciens, des menuisiers, des peintres... Pour la durée de la compétition, nous avons recruté aussi les emplois d'accueil et d'hospitalité : serveurs, plongeurs, chefs de rang, cuisiniers, vendeurs dans les boutiques... De plus, nous recrutons pour l’après Coupe du monde puisqu’il faudra démonter toutes les installations. Les contrats seront d'une durée d'une semaine à deux mois, voire deux mois et demi.
 

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