Article

« Nos adhérents se mobilisent pour accompagner le recrutement chez les grands, les moyens et les petits acteurs de l’aéronautique. »

Près de 25 000 postes sont à pourvoir cette année dans l’aéronautique. Le 23 juin 2023, au salon du Bourget, Pôle emploi signe une Convention de partenariat pour trois ans avec le Groupement des industries françaises aéronautiques et spatiales (GIFAS). Rencontre avec Philippe Dujaric, son Directeur des affaires sociales et de la formation.

Publié le  23/06/2023

 

dujaric_gifas_art_org.jpg

 

Quels sont les plans de recrutement du secteur aéronautique ?

Philippe Dujaric : Après le choc de la crise sanitaire, le secteur bénéficie aujourd’hui d’une forte reprise. Le trafic aérien est revenu à son niveau d’avant crise, et, pour des raisons écologiques, on observe un renouvellement accéléré de la flotte des compagnies aériennes. Enfin, il y a un gros carnet de commandes dans le secteur militaire en raison du contexte international et de la compétitivité de notre secteur. Cela suscite une forte montée en charge de production pour les prochaines années dans l’ensemble de la chaîne de nos fournisseurs.

Or, nous rencontrons des freins à cette reprise, notamment en raison d’un manque de compétences. Nous avons besoin d’ouvriers et de techniciens pour la production actuelle, et d’ingénieurs et de chercheurs pour travailler sur la nouvelle génération d’avions. Tout le secteur et nos adhérents se mobilisent pour accompagner le recrutement chez les grands, les moyens et les petits acteurs de l’aéronautique. La supply chain (chaîne d’approvisionnement) aéronautique et spatiale compte plus de 400 entreprises, soit à peu près 200 000 emplois. Dans ce contexte, nous avons créé la campagne « L’aéro recrute » et la plateforme laerorecrute.fr où sont présentes un peu plus de 130 entreprises avec leurs offres d’emploi.

 

« La supply chain aéronautique et spatiale compte plus de 400 entreprises, soit à peu près 200 000 emplois. »


Combien de postes sont à pourvoir ?

P. D. : En 2020-2021, en raison de la crise sanitaire, nous avions perdu 7 % de collaborateurs à l’échelle du GIFAS. Les recrutements ont repris l’an dernier, avec 18 000 contrats de travail à durée indéterminée (CDI), auxquels il faut ajouter près de 7 000 contrats d’apprentissage et contrats de professionnalisation. Cette année, nous prévoyons de recruter 25 000 personnes, dont des alternants. Sans compter le travail temporaire que l’on sollicite fortement, en CDI ou contrat de travail à durée déterminée (CDD). Pour ces derniers, nous sommes passés de 6 000 emplois équivalents temps plein à 11 000 en fin d’année dernière. Et nous allons encore progresser. Ce sont des missions longues, de plusieurs mois.

Cela nous permet de former à de nouvelles compétences car, dans le cadre de leur contrat, les intérimaires obtiennent des certificats de qualification dans les spécialités qui nous intéressent : montage, ajustage, peinture, soudure ou encore chaudronnerie… Ces compétences leur permettront ensuite d’être embauchés dans l’entreprise d’origine ou au sein de la filière aéronautique. Malheureusement, nous manquons de candidats pour entrer dans ces processus de professionnalisation. 

Lire aussi : « De l’alternance naît un incroyable vivier de talents dont bénéficie toute l’entreprise. » 


 

Pourquoi travailler dans l’aéronautique ?

P. D. : D’abord, c’est un secteur de passion, technologiquement de haut niveau et à la pointe de la compétition. En France et en Europe, nous sommes champions de l’aéronautique civile et militaire. Notre tissu d’entreprises dédiées à la recherche et à la production est à la pointe de la compétition mondiale et de la technologie. Ensuite, nous faisons face à un défi énorme de transformation, au vu des objectifs de décarbonation du secteur. Ceux qui veulent participer à la décarbonation des transports sont donc les bienvenus dans l’aéronautique !

Ce travail est véritablement porteur de sens. Enfin, l’aéronautique crée de l’emploi. Malgré le choc du Covid, y compris dans les petites villes : une chaîne de fournisseurs est présente partout en France, avec des sites et des usines modernes. L’aéronautique offre aux candidats les perspectives d’un emploi près de chez eux. Il existe un maillage territorial très riche d’acteurs industriels qui produisent des équipements de pointe.

 

« Nous avons noué des partenariats avec des écoles et des universités afin de renforcer les volumes d’étudiants s’orientant vers l’aéronautique. »


Quelles compétences recherchez-vous ?

P. D. : Il y en a tellement ! Nous avons des besoins en conception, design et bureau d’études ; en production pour l’assemblage, la fabrication des pièces, la maintenance des avions... Nous cherchons des compétences pour la production, l’usinage à grande vitesse, l’usinage de très haute précision, ainsi que dans le secteur des matériaux métalliques et la fabrication additive. En conception, nous avons également des besoins dans tout ce qui est éco-conception des aéronefs, développement de nouvelle propulsion, amélioration de l’aérodynamisme, utilisation de nouveaux matériaux...

Tout cela doit concourir à l’amélioration de l’impact environnemental des avions. Il s’agit de travailler sur les futures générations de moteurs, plus sobres, et de renforcer nos compétences techniques traditionnelles en mécanique, électronique, structure, matériaux, système... Pour cela, nous avons noué des partenariats avec des écoles et des universités afin de renforcer les volumes d’étudiants s’orientant vers l’aéronautique. 

 

Avec quelles écoles et universités avez-vous des liens privilégiés ?

P. D. : Nous avons de nombreuses relations avec le groupe Institut supérieur de l’aéronautique et de l’espace (ISAE) et ses écoles : SUPAERO, l’École nationale supérieure de mécanique et d’aérotechnique (ENSMA), l’Institut supérieur de mécanique de Paris (SUPMECA), l’École supérieure des techniques aéronautiques et de construction automobile (ESTACA), l’École de l’air et de l’espace, l’École nationale de l'aviation civile (ENAC). Nos partenariats s’étendent à d’autres établissements comme l’Institut polytechnique des sciences avancées (IPSA), l’ex-École Polytechnique Féminine (EPF), l’ESIGELEC, Centrale-Supelec, ainsi qu’aux universités, en particulier dans les bassins aéronautiques comme Paul Sabatier, à Toulouse. Ces établissements proposent des masters en mécanique, en matériaux, en maintenance qui nous intéressent. Pour les ingénieurs, nous tablons sur une augmentation d’effectifs, notamment avec le groupe ISAE, y compris en apprentissage, sur le génie des systèmes industriels. Trois promotions d’apprentis ont été créées récemment.

Nous espérons une augmentation de l’ordre de 3 à 4 % des promotions. Passée la crise Covid, la situation s’est redressée et on ne constate pas de perte d’attractivité au niveau des écoles d’ingénieurs en aéronautique. Cela n’empêche pas les étudiants qui entrent dans ces formations de s’interroger sur leur contribution à la transformation écologique du secteur. Des cursus d’ingénieurs incluent justement la dimension développement durable. En revanche, nous rencontrons des problèmes pour les formations d’ouvriers et de techniciens dédiés à la production. Il s’agit de formations transversales, industrielles. L’usinage grande vitesse, par exemple, peut servir dans différents métiers industriels. Ces métiers restent peu connus et à découvrir.

 

« Beaucoup de femmes ne savent pas qu’elles peuvent exercer ces métiers perçus comme exclusivement masculins. »


De quels types de postes s’agit-il ?

P. D. : Les postes de techniciens d’usinage, ajusteur monteur, peintre aéronautique… Une entreprise comme Satys - qui produit de la peinture pour notre secteur -, recrute cette année 120 peintres, et ce n’est pas facile... Les candidats pourront passer un Certificat de qualification peinture aéronautique (CQP). Nous recherchons aussi des femmes pour diversifier nos équipes.

Nous avons actuellement 25 % de femmes, mais surtout dans le tertiaire, moins dans les métiers techniques et industriels. Or nous souhaitons faire connaître le métier à des femmes venant d’autres secteurs et les former via un certificat de qualification. Beaucoup de femmes ne savent pas qu’elles peuvent exercer ces métiers perçus comme exclusivement masculins. 

 

Le GIFAS et Pôle emploi sont partenaires au salon du Bourget…

P. D. : En effet, nous signons une Convention avec Pôle emploi le 23 juin 2023 au salon du Bourget. Le GIFAS a renforcé ses liens avec Pôle emploi dès l’an dernier avec notre campagne « L’aéro recrute ». Nous avons organisé un salon national virtuel en ligne, avec plus de 100 entreprises participantes et 1 000 candidats. Nous avons soutenu et participé au tour de France job dating/pièces de théâtre organisé par le collectif Les Entreprises s’engagent et qui se terminera au salon du Bourget. Pour la première fois, nous proposons la gratuité d’entrée au salon (module d’inscription) à tous les demandeurs d’emploi inscrits à Pôle emploi pour les trois jours « grand public » pendant lesquels ils peuvent rencontrer les nombreuses entreprises de la filière qui recrutent.

Quelque 200 entreprises participent à cette opération « L’Aéro recrute au salon du Bourget », et leurs responsables RH sont présents aux trois jours « grand public » sur un parcours figurant sur l’application du salon. Le stand du GIFAS est également aux couleurs du recrutement puisque les demandeurs d’emploi sont accueillis par des PME cherchant à recruter.

 

Quelle est la nature du partenariat avec Pôle emploi ?

P. D. : Grâce à cette Convention signée pour une durée de trois ans, nous souhaitons sensibiliser les demandeurs d’emploi à nos métiers et promouvoir auprès de nos adhérents les dispositifs d’insertion et de formation proposés par Pôle emploi, des dispositifs qui méritent une information élargie et renforcée (méthode de recrutement par simulation, préparations opérationnelles à l’emploi, actions de formation préalables à l’embauche, périodes d’immersion en milieu professionnel…). Au niveau territorial, nous disposerons désormais d’un réseau de référents aéronautiques chez Pôle emploi. Il y aura également des contacts GIFAS en région pour engager des actions au profit de la filière aéronautique et spatiale sur les territoires. Les Unions des industries et métiers de la métallurgie (UIMM) territoriales et les clusters et pôles régionaux aéronautiques serviront également de points d’appui indispensables pour la mise en œuvre des actions.

 

Plus d'actualités

Article

France Travail continue à œuvrer pour un [...]

Le 26 janvier 2023, France Travail a renforcé sa sa palette de dispositifs de lutte contre toutes les formes de discriminations par la signature de la Charte d’Engagement LGBT+ portée par l’Autre Cercle, association française de référence pour l’inclusion des personnes LGBT+* au travail. Fort de 55 000 agents, le cœur de métier de France Travail repose sur son capital humain. L’organisation ambitionne donc d’être à la hauteur des défis posés par les enjeux contemporains d’égalité au travail.

Article

« L’attractivité des métiers du soin est une [...]

L’attractivité des métiers de la santé et du soin à domicile est un véritable enjeu de société, selon Yves Piot, Responsable du pôle Juridique d’Adédom, la fédération nationale qui défend et soutient le développement des activités des associations et des structures gestionnaires à but non lucratif œuvrant dans l’aide, le soin à domicile et les services à la personne. Rencontre.

Opinions

Jérôme Fourquet, directeur du département [...]

La question est volontairement provocante mais dit bien la transformation fondamentale en cours dans le monde de l’entreprise. Changement du rapport au travail, diffusion du télétravail, aspirations au sens et à l’utilité, priorité à l’individualisme et à l’épanouissement personnel, refus de la carrière linéaire, modification du rapport de force employeurs-employés, accélération technologique : l’entreprise est fragilisée dans son espace-temps (tout le monde ne travaille plus en même temps, dans le même lieu) et percutée de tous côtés dans sa forme traditionnelle.

Ailleurs sur le site

CHIFFRE-CLÉ

87,5 %

Des entreprises satisfaites vis-à-vis des services de France Travail

L’état de l’emploi dans votre ville

Retrouvez les chiffres du marché du travail dans votre commune de plus de 5000 habitants.

Ex : 33000

Ensemble pour l'emploi

Retrouvez tous les chiffres permettant d'évaluer l'efficacité de notre action auprès des demandeurs d'emploi et des entreprises.