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Les Écoles de la 2e Chance et L'Industreet,  partenaires pour l'insertion des jeunes dans l'industrie

SEMAINE DE L’INDUSTRIE. Créées à la fin des années 1990, les Écoles de la 2e Chance (E2C) sont dédiées à la lutte contre le décrochage scolaire et à l'accompagnement des jeunes sans diplôme ni qualifications. En partenariat avec L’Industreet, un centre de formation spécialisé dans la formation aux nouveaux métiers de l'industrie, créé à l'initiative de TotalEnergies, elles offrent aux jeunes des opportunités intéressantes pour se former à de nouveaux métiers de l'industrie.

Publié le  29/11/2023

En 1994, à l'occasion du sommet des chefs d’État de Madrid, un livre blanc intitulé « Enseigner et apprendre – Vers la société cognitive » est présenté à l'initiative de la Première ministre française, Édith Cresson. Le document préconise que la construction de cette « société cognitive » passe par la poursuite de cinq objectifs, parmi lesquels la lutte contre l’exclusion, via notamment la création d’Écoles de la 2e Chance (E2C). Des établissements qui devront « offrir aux jeunes exclus du système éducatif ou en passe de l'être les meilleures formations et le meilleur encadrement pour leur donner confiance en eux ».  

L’action des EC2 repose sur 3 principes fondamentaux :  

  • Faire plus pour tenir compte de la situation sociale et du sentiment d'exclusion des jeunes ; 
  • Associer dès le départ les entreprises à l'effort de formation, en particulier de formation professionnelle ; 
  • Utiliser des pédagogies actives facilitant la mise en action plutôt que l'apprentissage passif. 

Ainsi, entre 1997 et 2000, 10 EC2 sont créées en Europe pour lutter contre le décrochage scolaire. Aujourd'hui, le réseau compte 55 structures E2C qui se déploient sur 139 sites de formation. Le réseau des EC2 accompagne environ 15 000 jeunes par an sur l'ensemble du territoire français. Ces écoles proposent aux jeunes les plus éloignés de l'emploi, une formation et un accompagnement, avec pour objectif d'aller vers une insertion sociale, citoyenne et professionnelle durable.  

Bien que le public « cible » soit composé de jeunes âgés de 16 à 25 ans, ce réseau accueille également, depuis peu, des personnes un peu plus âgées ou un peu plus jeunes, y compris celles qui, bien que possédant un diplôme, sont éloignées de l'emploi et sans expérience professionnelle. 

 

L'idée, c'est que ce soit le plus concret possible et que les jeunes y trouvent tout de suite l'intérêt et le sens qu'ils veulent donner à leur orientation professionnelle 

Sébastien Kiss
directeur du pôle Développement et Qualité au sein du réseau E2C France

Formation, alternance et accompagnement

L'accompagnement réalisé dans les E2C se focalise sur trois dimensions : la formation, l'alternance au sein des entreprises, et l'accompagnement des jeunes sur les problématiques économiques et sociales qu'ils peuvent rencontrer. 

En matière de formation, les E2C appliquent une approche pédagogique spécifique : « une approche par compétences », explique Sébastien Kiss, directeur du pôle Développement et Qualité au sein du réseau E2C France. Cette méthode se veut « totalement adaptée au niveau du stagiaire, et à son objectif d'insertion professionnelle ». En effet, la plupart du temps, les jeunes accueillis ont connu une rupture avec le système scolaire voire « avec le système plus globalement », précise-t-il. Pour leur remettre le pied à l'étrier, l'E2C les fait travailler sur des projets. Par exemple, pour un jeune souhaitant devenir paysagiste, le projet mené consistera à travailler sur la création d'un jardin partagé. 

Une bonne part de l'accompagnement consiste à travailler sur les savoir-être des jeunes, mais aussi à « désacraliser » l'image qu'ils ont de l'entreprise. « L'idée, c'est que ce soit le plus concret possible et que les jeunes y trouvent tout de suite l'intérêt et le sens qu'ils veulent donner à leur orientation professionnelle », résume Sébastien Kiss, expliquant que 89 % des stagiaires n'ont jamais mis les pieds en entreprise. Plusieurs stages successifs vont leur permettre d'appréhender « ce que c'est d'arriver à l'heure, comment se comporter avec un collègue, comment se comporter avec un responsable hiérarchique : des choses très importantes mais des codes qu'ils n'ont pas forcément ». 

En fin de formation à l’E2C, le stagiaire se voit délivrer une attestation de compétences acquises. Celle-ci recense les compétences théoriques et professionnelles avec, la plupart du temps, une accréditation de ces compétences par l'entreprise d’accueil. 

Le réseau présente un taux de 64 % de sorties positives, qui vont soit vers l'emploi, soit vers la formation qualifiante, soit vers l'alternance, en contrat d'apprentissage ou de professionnalisation. 

Lire aussi : Insertion professionnelle des jeunes : stratégie européenne et bonnes pratiques des états membres

Le point clé, c'est que les écoles vont répondre à la fois aux enjeux des territoires, avec un ancrage territorial très fort, et aux enjeux des entreprises.

Sébastien Kiss,
directeur du pôle Développement et Qualité au sein du réseau E2C France

Le rôle des entreprises : l'exemple du partenariat avec L’Industreet 

Régulièrement, des professionnels viennent présenter leur métier pour donner envie aux stagiaires présents dans les E2C. C'est le cas par exemple avec la fondation TotalEnergies et son école L’Industreet qui font intervenir des salariés dans les écoles et présentent leurs actions. Les E2C organisent également des visites d'entreprises, par exemple, dans la grande distribution. « Le point clé, explique Sébastien Kiss, c'est que les écoles vont répondre à la fois aux enjeux des territoires, avec un ancrage territorial très fort, et aux enjeux des entreprises. C'est le cas pour notre partenariat avec L’Industreet, et plus globalement avec TotalEnergies. L'idée, c'est de dire qu'on est sur un territoire, avec une certaine situation de la jeunesse à prendre en compte. » 

Créée à Stains en 2020 à l'initiative de la fondation TotalEnergies, L’Industreet forme aujourd'hui à 10 métiers recherchés dans ce secteur : technicien(ne) de maintenance et d'installation en photovoltaïque, technicien(ne) de maintenance station-service, technicien(ne) de maintenance bornes électriques pour voiture, chef(fe) d'équipe propreté multitechnique, technicien(ne) contrôle non destructif, conducteur(rice) sur ligne de production automatisée, technicien(ne) bim modeleur(se), technicien(ne) numérisation des installations industrielles et développeur(se) no-code.

 

Deux jeunes en plein rebond 

Juste avant d'intégrer l'E2C, Alexandra ne « faisait pas grand-chose ». Originaire de Valenciennes (59), elle a arrêté le lycée à l'âge de 16 ans pour travailler quelque temps dans la restauration avant de décider de changer de voie. Après avoir été informée de ce dispositif par la Mission locale, elle intègre l'E2C et y reste neuf mois, jusqu'en juillet 2022. Cette période lui a permis de se remettre à niveau, notamment en mathématiques et en français. 

Rétrospectivement, elle estime que L’Industreet s'est présentée comme « sa dernière chance », du fait d'un parcours en dents de scie : « C'était un peu compliqué l’École de la 2e Chance. Vers la fin, j'y allais presque plus. Comme je ne trouvais pas de stages, on me disait d'arrêter de chercher dans le secrétariat alors que je ne voulais faire que ça. J'ai eu une période de démotivation, mais après je suis revenue ». 

Il y a six mois, à la suite d’une journée d’immersion, elle a intégré la filière « Terminaux de distribution d'énergie » proposée par L’Industreet. Cette formation va lui permette de se former au métier de technicienne de maintenance et d'installation en photovoltaïque, pour assurer notamment la pose et la maintenance de panneaux solaires. Concernant les débouchés, elle est plutôt optimiste car, dit-elle, « il y a beaucoup d'offres d'emploi qui nous sont proposées, même en l'absence de diplôme, et tous les vendredis, des job datings sont organisés ». 

Une part de la formation comprend aussi le passage d'un certain nombre d'habilitations, financées et prises en charge par L’Industreet, utiles pour travailler sur des installations électriques et photovoltaïques. Alexandra apprécie également l'opportunité qui lui a été donnée de changer de région pour intégrer L’Industreet qui aide les jeunes apprenants via une aide au logement complémentaire qui vient s'ajouter à l'allocation logement versée par la Caisse d’allocations familiales (CAF), un avantage non négligeable. De plus, le campus ouvrira bientôt sa propre résidence.  

 

L'E2C m'a clairement aidé à trouver ma voie

Amine, 24 ans

Amine, lui, a 24 ans. Après avoir arrêté l'école en seconde, il a commencé à travailler à 18 ans, en intérim. Alors qu'il vient d'achever une mission, il consulte une annonce de l’École de la 2e Chance envoyée par un ami qui propose une formation au métier de câbleur ferroviaire. Il intègre alors le dispositif. « Les premières semaines, on a participé à des ateliers, notamment sur la confiance en soi. Après ça, on a revu un peu les bases des mathématiques, parce que dans le câblage on en a besoin. On a aussi assisté à un atelier « Création et modification de CV et lettres de motivation » les premiers mois. En centre de formation, on a pu manipuler le matériel et découvrir le métier. » 

Pendant ce premier mois, il participe à une visite sur deux jours de L’Industreet, qui comprend une journée « tests d’affinité », journée de découverte et d’évaluation de la motivation des candidats. Motivé, il rejoint L’Industreet pour débuter un cursus de 14 mois pour finalement se former au métier de développeur no-code, en charge de la conception et de la réalisation des sites web intégrant des fonctions complexes. Convaincu par ce métier, il a mis de côté son souhait initial de travailler dans le secteur ferroviaire : « L'E2C m'a clairement aidé à trouver ma voie, parce que j'aime bien ce que je fais et je me lève, tous les matins, motivé pour y aller. La journée « tests d’affinité », ça m'a vraiment permis de découvrir le fonctionnement de L’Industreet. Franchement, c'est top ».  Après sept mois de formation, il devra réaliser un stage en entreprise pendant deux mois, puis une spécialisation « data-intelligence artificielle » de quatre mois. 

L’Industreet, dont le slogan est « un apprenant, un métier », lui permet d'être plutôt optimiste quant aux débouchés : « Le but, c'est que dès la sortie de L’Industreet on soit prêt à travailler. Et le plus souvent, avant même de passer leur certification, les apprenants ont déjà des promesses d'embauche ».  

Pour favoriser une sortie de formation bénéfique, L’Industreet propose également des ateliers d'aide à la recherche d'emploi. Amine dit n'avoir tiré que des choses positives de cet accompagnement : « Ça m'a permis de découvrir tellement de choses, et même de nouvelles facettes chez moi. Et tous les ateliers que j'ai pu faire chez l'E2C m’ont également beaucoup aidé, je ne regrette pas ». Objectif : chercher un emploi dans le domaine de la conception de sites web dès la fin de la formation ! 

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