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La construction hors-site : un mode constructif pourvoyeur d’emploi
SEMAINE DES MÉTIERS DU BTP. Nouvelle filière industrielle, la construction hors site répond à la fois aux objectifs de décarbonation de la construction, de compétitivité économique et d’amélioration des conditions de travail. 50 % des entreprises du bâtiment y ont déjà fait appel pour un de leurs chantiers. Zoom sur un secteur en pleine croissance.
Publié le 11/10/2023
De l’anglais « off site construction », la construction hors-site désigne les éléments de construction qui sont préfabriqués en usine avant d’être assemblés comme un jeu de LEGO® sur le chantier. Portée initialement par quelques pionniers, la préfabrication se développe fortement depuis quelques années. « Le hors site a permis de standardiser les éléments de construction. La tendance est aujourd’hui à l’amplification de ce mode parce qu’il présente de nombreux avantages », explique Manuel Martin, responsable du domaine gros œuvre et en charge des domaines du bâtiment à l’Organisme professionnel de prévention du bâtiment et des travaux publics (OPPBTP).
« Nous sommes convaincus que le hors-site est l’avenir de la construction, notamment quand on voit ce qui se passe à l’étranger. Par exemple à Singapour ou à Londres, où un quota de bâtiment doit être réalisé selon ce type de procédés », explique Estelle Foucher, Directrice des ressources humaines (DRH) de GA Smart Building, pionnier de la construction hors site en France dès les années 1960. Le groupe GA Smart Building compte aujourd’hui 800 salariés qui travaillent soit sur chantier, soit dans l’une des huit usines de production d’éléments préfabriqués partout en France, dont trois usines d’ossature bois.
La jeune génération cherche un métier qui a du sens, ce qui nous permet d’attirer des talents
Estelle Foucher
DRH de GA Smart Building
Un mode de construction vertueux pour l’environnement
En pleine croissance, 20 % des bâtiments mondiaux devraient être construits en hors-site d’ici 2030 selon une étude du cabinet McKinsey réalisée en 2019. Parmi les atouts de ce mode de construction, on relève son empreinte écologique plus faible que dans une construction classique. La construction hors site permet par ailleurs de réduire, au-delà de l’empreinte carbone des bâtiments, la durée des chantiers, la quantité de déchets et la pollution des sols tout en augmentant la qualité du bâti. « Nous travaillons à réduire notre impact environnemental avec le développement de béton bas carbone, l’acheminement par voie fluviale de nos préfabriqués en béton, des chantiers plus propres et une meilleure valorisation des déchets », précise Estelle Foucher.
Ainsi, les projets immobiliers construits en partie hors-site sont le plus souvent en avance sur la réglementation en matière de performance énergétique. Ils permettent d’atteindre des objectifs environnementaux ambitieux, notamment en termes de durabilité urbaine, de réduction des émissions de carbone, d'économie des ressources et de confort d'emploi. « Nous consacrons beaucoup d’énergie à former les autres acteurs et à valoriser ce mode constructif. Les premières cibles sont nos clients et nos investisseurs, mais nous sentons que les nouvelles générations sont attentives à ces nouveaux procédés et peuvent rejoindre les équipes GA », partage Estelle Foucher. En 2022, GA Smart Building a recruté 130 collaborateurs, en particulier pour développer de nouvelles activités dans le résidentiel et affiche 80 recrutements en cours pour 2023. « Nous recrutons de plus en plus d’alternants, quels que soient les métiers. La jeune génération cherche un métier qui a du sens, ce qui nous permet d’attirer des talents. », ajoute la DRH du groupe GA Smart Building.
Avec la construction hors site, il y moins d’accidents liés aux circulations, qui sont immuables dans les ateliers et pas ou peu de chutes de hauteur, car le travail se fait depuis le sol
Manuel Martin
responsable du domaine gros œuvre et en charge des domaines du bâtiment à l’OPPBTB
De meilleures conditions de travail et plus de sécurité
La préfabrication contribue à redonner de l’attractivité aux métiers du bâtiment, car elle en réduit la pénibilité, le port de charges lourdes et l’itinérance. « Une usine travaille en flux tendu, avec la possibilité de recourir aux 3x8, ce qui permet, sur le chantier, de gagner en productivité, en fluidité et de sécuriser l’approvisionnement », confirme Manuel Martin. « La gestion du matériel et des flux est plus fine et plus sécurisée, et elle permet une réduction des risques car les salariés sont moins exposés à des aléas. Avec la construction hors site, il y moins d’accidents liés aux circulations, qui sont immuables dans les ateliers et pas ou peu de chutes de hauteur, car le travail se fait depuis le sol », ajoute-t-il.
Le responsable du domaine gros œuvre et en charge des domaines du bâtiment à l’OPPBTB souligne : « J’y vois beaucoup d’avantages que les chantiers, à ce jour, ne sont pas capables d’offrir. C’est peut-être ce qui permettra, à très court terme, de voir plus de femmes et de jeunes rejoindre cette activité ». La construction hors site peut dès lors proposer des métiers ne nécessitant pas autant de contraintes physiques que sur un chantier sur site, car ce sont les engins qui portent tout. « Pour nos salariés, c’est plus facile et moins pénible de travailler en usine que sur chantier, à l’abri des intempéries notamment. C’est pour cela que le hors-site a le vent en poupe », reconnaît Estelle Foucher.
Pour accompagner cette évolution, l’OPPBTP évalue les standards de sécurité existants pour le béton classique afin qu’ils s’adaptent aux nouveaux matériaux comme le béton de paille, le béton de chanvre ou le béton de bois, afin que de moins en moins de compagnons soient exposés au danger. Il y a des normes qui doivent s’adapter aussi à la préfabrication, afin de garantir une durabilité et une pérennité de ces nouveaux matériaux à l’utilisateur. C’est déjà le cas pour les structures bois qui font l’objet d’un référentiel professionnel. « Aujourd’hui, je travaille avec mon équipe à apporter les réponses techniques et de prévention afin de sécuriser l’usage du bois qui s’intensifie dans la construction », souligne Manuel Martin.
Des perspectives d’accélération à prévoir
Tous les acteurs de la promotion immobilière s’intéressent aujourd’hui à ce mode constructif, qui ne peut que se développer. La construction hors site, préfabriquée ou modulaire, a en effet de beaux jours devant elle, car les délais accordés aux constructeurs sont de plus en plus courts et les riverains de plus en plus soucieux des impacts d’un chantier en tissu urbain. Avec le préfabriqué, « les délais de réalisation sont nettement réduits, puisqu’on construit en amont, ce qui permet de gagner du temps », souligne la DRH de GA Smart Building. Seul l’assemblage des éléments est réalisé sur le chantier, qui est ainsi plus rapide et génère moins de nuisances. Par exemple, assembler une maison sur site ne nécessite plus qu’une semaine à une semaine et demie. Enfin, ce mode constructif est également sur le point de trouver son équilibre économique, car la préfabrication diminue l’impact de la hausse des coûts des matériaux. Une manière de limiter l’augmentation des coûts de construction…
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