« Equans fait face à un enjeu de recrutement et de fidélisation très fort »

Comment qualifieriez-vous la gestion des ressources humaines chez Equans ?

Stéphane Vallée : Les ressources humaines d’Equans sont les plus proches possibles du terrain, des 35 000 personnes qui composent les équipes et de leurs besoins respectifs. Avant d’être Directeur des ressources humaines (DRH) d’Equans France, j’occupais cette fonction dans l’une de ses filiales, Bouygues Énergie & Services, qui a été intégrée à Equans en janvier 2023.
 

Quels types de métiers avez-vous découverts dans cette entreprise ? 

S. V. : Nos principaux métiers sont ceux d’électricien, de thermicien, de frigoriste et de technicien télécoms, avec des sous-spécialités dans chacun. Par exemple, des techniciens radio et fibre pour les télécoms, des techniciens fluides, climatisation ou chauffage, ou des électriciens courant fort et courant faible.
 

Quels sont les types de profils recherchés pour ces métiers ? 

S. V. : Nous recherchons des types de profils assez variés, qui vont du compagnon - un ouvrier qualifié qui a déjà des compétences acquises, un bagage éducatif et une expérience -, aux techniciens issus de formation de type Bac+2 et aux ingénieurs et cadres. Cela va du débutant qui sort de l’école (ou n’est pas encore sorti, car nous avons une très forte politique d’alternance) au cadre supérieur ou dirigeant. Equans a un gros volume de recrutement sur le territoire français - aux alentours de 6 000 recrutements par an -, dont une grande majorité en CDI. Nous recrutons environ 30 % de cadres, 40 % de techniciens et 30 % d’ouvriers. 

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En quoi ces métiers sont-ils essentiels pour vos clients ? 

S. V. : Ce que nous proposons à nos clients, c’est du service qui s’incarne à travers le collaborateur qui le porte, mais qui n’est pas forcément visible du grand public. Par exemple, nous mettons à leur disposition des techniciens FM – Facility Management (de maintenance) - pour entretenir les équipements d’un bâtiment, intervenir sur l’électricité, les fluides… Dans les grandes familles de métiers, il existe des spécialités très pointues.

Ainsi, en robotisme et automatismes, nos techniciens interviennent sur les machines et les robots de nos clients industriels ; les experts en fibre optique installent ou interconnectent les réseaux de fibre dans une ville. Ce sont parfois des métiers très technologiques, qui répondent à des besoins qui vont évoluer très vite.
 

Quels métiers selon vous illustrent particulièrement l’action d’Equans en faveur de la transformation de la société ?

S. V. : Trois métiers illustrent particulièrement cet accompagnement. Le monteur électricien qui installe des lignes électriques, soit de proximité soit à haute tension, est une compétence pointue, intéressante et répandue chez nous. Il est très visible quand il est en haut d’un poteau ou d’un pylône.

Le climaticien, un technicien qui installe la climatisation, des solutions de rafraîchissement ou de traitement d’air. Le responsable d’affaires installation qui est chez Equans un mini chef d’entreprise, responsable de son développement commercial. Il assure la prise en charge de l’affaire, pilote les études et encadre l’équipe qui va exécuter le projet pour son client.
 

À quels enjeux le secteur des énergies et des services est-il aujourd’hui confronté ?

S .V. : Nous avons la chance d’être à la fois sur des enjeux très porteurs, soutenus par un marché actif, et sur des technologies pointues et évolutives, au cœur de transformations importantes. Le revers de la médaille de cette conjoncture très porteuse, c’est que nous assistons à un phénomène de raréfaction de nos compétences humaines. Equans fait face à un enjeu de recrutement et de fidélisation très fort. Aussi, nous avons décidé depuis des années de recruter à la source via l’alternance, de fidéliser nos collaborateurs et de féminiser nos métiers, y compris sur le terrain. 

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Quelle est votre politique de promotion et de formation interne ?

S. V. : Nous avons une forte politique de promotion et de formation interne. Quelqu’un qui démarre sur le terrain peut devenir encadrant et prendre des responsabilités. Il est tout à fait possible, voire fréquent, de passer d’ouvrier à technicien et de technicien à cadre, et nous encourageons cette évolution dans une logique de formation tout au long de la vie. Notre direction formation élabore toute une palette d’outils de formation en présentiel, en distanciel et de plus en plus hybrides.
 

Comment faire en sorte que vos métiers se féminisent ?

S. V. : En agissant à tous les niveaux. Dès la fin du lycée, au moment où les jeunes s’orientent, nous fournissons un effort de féminisation dans le recrutement de jeunes alternants et nous gardons en tête le rééquilibrage des genres chez les jeunes diplômés. Si la féminisation progresse vite pour les fonctions support, c’est plus lent et cela représente un effort plus important dans les fonctions opérationnelles terrain. Dans ce domaine, nous travaillons souvent avec Pôle emploi.

Lors de la mise en place de formations, nous valorisons le fait que dans la plupart de nos métiers, il n’y a nul besoin de déployer de la force physique spécifique. C’est une idée reçue contre laquelle il faut lutter.

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Pourquoi le recrutement est-il crucial pour assurer la croissance des activités d’Equans ?

S. V. : Nous sommes à la croisée des chemins. Nous avons des besoins importants, de l’ordre de 6 000 recrutements par an, dont 1 500 alternants, et nous devons être connus pour attirer des candidatures. Nous avons encore un effort à faire en matière de notoriété et d’image de marque, car la création de la marque Equans date seulement de juillet 2021.

Si le développement d’Equans nous y conduit, nous sommes également en mesure d'accompagner nos clients à l'international. À l’échelle mondiale, nous sommes d’ailleurs implantés dans 20 pays, avec 90 000 collaborateurs travaillant sur les cinq continents.
 

Dans quels domaines intervenez-vous ?

S. V. : Nous intervenons très souvent dans le domaine des centrales nucléaires, à travers nos deux spécialités, électriciens et thermiciens, des métiers actuellement pénuriques dans ce secteur. Nous pourrions citer aussi les métiers dans la robotique et l’automatisme, avec des compétences à la fois pointues et technologiques. Comme nos métiers sont plutôt pointus et qualifiés, les niveaux de salaire sont plus attractifs et supérieurs à d’autres secteurs. C’est une chance !
 

Comment collaborez-vous avec Pôle emploi ? 

S. V. : Nous avons fait un grand déploiement de fibre optique dans les trois départements du Limousin, pour lequel nous ne trouvions pas les techniciens nécessaires. Nous nous sommes alliés avec Pôle emploi, l’AFPA et divers organismes afin de pouvoir orienter les demandeurs d’emploi vers des formations qualifiantes qui amènent vers des postes en alternance ou en CDI. Les demandeurs correspondants au profil étaient orientés vers ces métiers, avec une formation à la clé.

Nous avons également créé des formations qualifiantes en alternance d’électricien et d’électricienne dans le bâtiment, avec à la clé un titre professionnel et un CDI. Avec Pôle emploi, nous orientons les personnes en reconversion professionnelle et nous les amenons à candidater pour cette première année en alternance, couplée avec des périodes en entreprise.
 

Quelle place tient la formation dans votre stratégie de recrutement ? 

S. V. : Nous maintenons en parallèle deux approches : recruter et former tout au long de la vie ou recruter des jeunes et les former instantanément dès leur démarrage sur leur poste de travail.
 

Et dans votre stratégie de fidélisation ?

S. V. : Nous souhaitons accompagner sur le long terme la carrière de nos collaborateurs, avec une politique de formation et de mobilité importante. Nous faisons en sorte que nos collaborateurs puissent vivre la mobilité, soit en changeant de métier, soit en changeant de région, en accompagnant le collaborateur et sa famille. 100 % de nos collaborateurs restent parce qu’ils ont ces possibilités d’évolutions de mobilité.

Nous avons à cœur de les associer aux succès de l’entreprise, à travers l’intéressement dynamique au résultat et en les rendant actionnaires du groupe via la politique d’épargne salariale, ce qui les rend partie prenante de l’évolution de l’entreprise. Le groupe Bouygues, auquel Equans appartient, est le premier groupe du CAC 40 en la matière : près de 20 % du capital du groupe appartient aux salariés.