« Les entreprises ont tout à gagner à réduire leurs délais de recrutement pour attirer les talents », Paul Baratte, directeur marketing de Tellent
Multiplication des entretiens et des validations hiérarchiques, réponses tardives… Les délais de recrutement restent élevés en France. Un constat qui n’a pourtant rien d’irrémédiable.
Publié le 01/07/2025
Dans certains secteurs, les délais de recrutement s’étirent au-delà de 50 jours. Pourquoi un tel ralentissement et comment inverser la tendance ? Éclairage avec Paul Baratte, directeur marketing de Tellent, à l’origine d’une récente étude sur le sujet.
Quelle est aujourd’hui la durée moyenne d’un recrutement en France ?
Paul Baratte : Les recruteurs et les entreprises mènent en moyenne huit entretiens étalés sur une période de 39 jours avant de pourvoir un poste, qu’il soit pour un cadre ou non. Ce délai est légèrement à la hausse depuis 2024. Il est également supérieur à celui observé dans d’autres pays d’Europe, comme l’Allemagne ou le Benelux, où l’on est plutôt sur une moyenne de quatre à cinq entretiens sur 37 jours.
La bureaucratisation croissante des processus de recrutement contribue à allonger les délais.
Comment expliquez-vous cette longueur et toutes ces étapes ?
P.B. : Dans un marché de l’emploi tendu, les entreprises sont plus prudentes. L’aversion au risque, conjuguée au coût d’un recrutement raté (rupture de CDI, licenciement), les pousse à multiplier les étapes de validation. La bureaucratisation croissante des processus, avec la multiplication des entretiens et des validations hiérarchiques, contribue également à augmenter les étapes.
Vous notez cependant des disparités, avec des délais plus ou moins longs, selon les secteurs d’activité. Un mot sur ces écarts ?
P.B. : Dans l’enseignement, le digital et l’informatique, les délais sont longs, entre 51 et 49 jours. Cela s’explique par la pénurie de candidats. Dans le soin ou la santé, ils sont en revanche compris entre 13 et 24 jours. Ces secteurs en tension recrutent beaucoup plus rapidement, car il est plus facile d’évaluer les compétences des candidats sur ce type de poste.
Quelles sont les répercussions sur les candidats ?
P.B. : Le taux d’abandon est élevé. En raison de la longueur et de la complexité des processus de recrutement, 60 % des candidats y mettent fin. Cela ne les met pas en confiance. D’autant qu’ils peuvent être déjà engagés dans un processus de recrutement en parallèle et se trouver dans l’obligation de donner une réponse. Pour les entreprises, il est important de considérer les attentes et les inquiétudes des candidats, mais, aussi, de s’aligner sur leur planning. Elles ont tout à gagner à réduire leurs délais de recrutement pour attirer les talents. Idéalement, il ne faut pas dépasser quatre entretiens.
Comment gagner en efficacité sans sacrifier la qualité ?
P.B. : Réduire le nombre d’entretiens ne signifie pas sacrifier la qualité de son processus de recrutement. Mais au contraire, se concentrer sur la structuration des entretiens. Par exemple, un brief clair avec les managers dès le départ permet de gagner du temps. L’organisation d’entretiens par panel, pendant lesquels le candidat rencontre plusieurs responsables en un seul rendez-vous, est une autre piste pour raccourcir les délais. Ces évaluations collaboratives réduisent non seulement les étapes de recrutement, mais elles limitent également les biais individuels de sélection.
Accélérer le tempo avec France Travail
Face à l’allongement des délais de recrutement, il est possible de s’appuyer sur des dispositifs d’accompagnement spécifiques pour gagner en réactivité et en efficacité. C’est l’objectif des services proposés par France Travail Pro et de sa Task Force Entreprise.