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George-Éric Martinaux, Cheops Cap emploi : « L’engagement en faveur du handicap n’est ni un luxe ni une contrainte »

Les personnes en situation de handicap se heurtent à des préjugés qui freinent l’intégration professionnelle. Le Réseau pour l’emploi œuvre pour renverser la tendance et permettre à tous d’exprimer leurs besoins. Interview.

Publié le  16/05/2025

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George-Éric Martinaux, délégué régional du Conseil national Handicap & Emploi (Cheops Cap emploi PACA et référent des relations entreprises au niveau national), appelle à changer de regard sur le handicap. Il évoque les leviers d’action mis en place par son organisation, aux côtés de France Travail et de tous les acteurs engagés pour l’inclusion.  

 

Huit situations de handicap sur dix sont invisibles. Quelles en sont les conséquences sur le monde du travail ? 

George-Éric Martinaux : Cette statistique est essentielle pour lutter contre les idées reçues. Dans l’imaginaire collectif, le handicap est encore associé à une personne en fauteuil roulant ou malvoyante. Pourtant, dans la majorité des cas, le handicap ne se voit pas. Il en est ainsi des troubles chroniques, des pathologies psychiques, du diabète, etc.

Cela suppose un effort particulier de la part des employeurs, non pas pour identifier ces situations, mais pour créer un environnement propice à l’expression des personnes concernées, à travers l’écoute, la souplesse d’organisation et le recours au médecin du travail, si besoin. 

 

Qu’il soit visible ou non, le handicap est souvent associé à une productivité moindre.


En quoi le regard porté sur le handicap peut-il freiner l’inclusion ? 

G.-É. M.: Le principal frein est la perception erronée que l’on a du handicap au travail. Qu’il soit visible ou non, le handicap est fréquemment associé à une productivité moindre : la personne serait plus souvent fatiguée, régulièrement absente, incapable d’assumer toutes les tâches attendues.

Cette vision pénalise lourdement les personnes concernées. Un salarié atteint d’un cancer du poumon peut souffrir de difficultés respiratoires. Un autre, diabétique, doit s’alimenter à heures régulières et surveiller sa glycémie, ce qui implique des piqûres quotidiennes… Or, ces réalités, bien que parfaitement compatibles avec une activité professionnelle, sont rarement prises en compte de manière positive par l’entreprise.  

 

Est-ce pour cette raison que tant de salariés préfèrent taire leur situation ? 

G.-É. M. : Environ 25 % des actifs sont concernés par une pathologie pouvant relever du handicap, mais seuls 6 % se déclarent comme tels. Certains estiment pouvoir gérer leur handicap seuls, d’autres sont dans le déni ou craignent d’être stigmatisés, jugés ou mis à l’écart. Pourtant, déclarer son handicap permet d’ouvrir des droits et de réfléchir à des solutions d’adaptation. Cette démarche peut se faire en toute confidentialité avec le médecin du travail. Ce n’est pas un aveu de faiblesse, c’est une démarche de prévention. 

 

Les adaptations nécessitant des travaux ou la transformation des locaux sont très rares. 


Recruter une personne en situation de handicap nécessite-t-il systématiquement des aménagements ? 

G.-É. M. : Non, et c’est un autre mythe à déconstruire. Dans 80 % des cas, aucune adaptation lourde n’est nécessaire. Parfois, il s’agit simplement d’un aménagement horaire, d’un fauteuil ergonomique, d’un changement de bureau, d’une circulation facilitée… Les adaptations nécessitant des travaux ou la transformation des locaux sont très rares. Et il existe des aides pour les financer. Il peut également s’agir de faire évoluer un poste ou d’anticiper une reconversion interne. L’essentiel est d’œuvrer en bon gestionnaire, de façon humaine. 

 

Quel est le rôle de Cheops Cap emploi et comment s’articule-t-il avec France Travail ? 

G.-É. M. : Cheops Cap emploi est un opérateur spécialisé dans l’accompagnement des personnes en situation de handicap, aussi bien du côté des candidats que des entreprises. Nous intervenons souvent après une inaptitude médicale, pour aider à la reconversion professionnelle, en évaluant les capacités et en construisant un projet adapté avec le demandeur d’emploi. Du côté des employeurs, nous analysons les postes, anticipons les freins et proposons, si besoin, des aménagements concrets. 

Depuis le rapprochement avec France Travail, cette action s’inscrit dans une logique de complémentarité. France Travail intervient en tant que généraliste, Cheops Cap emploi apporte son expertise sur le handicap. Ensemble, nous sécurisons les recrutements, en veillant à ce que le poste corresponde bien au profil du candidat et inversement. 

 

Comment cette collaboration se traduit-elle concrètement sur le terrain ? 

G.-É. M. : Elle est fluide et opérationnelle. Un conseiller France Travail peut nous solliciter dès qu’un besoin spécifique émerge. Nous nous rendons alors sur le site, nous observons les conditions de travail, nous échangeons avec le candidat et nous formulons des préconisations adaptées. L’objectif est que chacun parte sur de bonnes bases, en confiance. Et ce modèle fonctionne : il sécurise les embauches, réduit les risques d’échec et favorise l’inclusion de manière très pragmatique.

 

L’engagement en faveur du handicap est un levier de performance et de cohésion.


Les immersions professionnelles permettent-elles une meilleure intégration des personnes concernées au sein des entreprises ? 

G.-É. M. : Elles permettent de dépasser les a priori des deux côtés. Pour l’entreprise, c’est l’occasion de constater, en conditions réelles, que la personne est capable, motivée, et que les éventuels ajustements nécessaires sont souvent mineurs. Pour le candidat, c’est un sas rassurant. C’est l’outil le plus pertinent, avec la méthode de recrutement par simulation, qui évalue les habiletés plutôt que les diplômes. On change de prisme. 

 

Quel message souhaitez-vous adresser aux entreprises qui voudraient s’engager en faveur du handicap, mais ne savent pas par où commencer ? 

G.-É. M. : C’est très simple : appelez-nous !  Rapprochez-vous de France Travail ou de Cap emploi, peu importe la porte d’entrée. Nous sommes là pour vous conseiller sur les types d’emplois que vous pouvez proposer, vous accompagner, lever les doutes et, surtout, simplifier les démarches. L’engagement en faveur du handicap n’est ni un luxe ni une contrainte : c’est un levier de performance et de cohésion. 

Pour en savoir plus sur notre engagement au sein du Réseau pour l’emploi. 

 


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