« Défendons le respect et l’égalité en France »

Si les politiques de diversité et d’inclusion en entreprise restent solidement ancrées en France, elles font face à un contexte international qui suscite des interrogations. Une tribune d’Alice Chanson-Bohême, responsable de l’expertise diversité pour Les entreprises pour la cité.

Publié le  14/03/2025

Chanson_770.jpg

Les organisations américaines ont développé depuis des années des politiques internes encourageant la diversité, l’équité et l’inclusion (DEI) à tous les niveaux de leur organisation et dans tous les départements. Pourtant, elles semblent faire une volte-face et certaines d’entre elles reviennent sur leurs engagements.  

Tout a commencé lorsque la Cour suprême américaine a mis fin à la discrimination positive dans l’enseignement supérieur à la mi-2023, remettant en question un levier important pour l’accès à l’emploi des populations sous-représentées. Plus récemment, l’administration Trump a ordonné la fermeture des bureaux fédéraux dédiés à la diversité, une décision qui s’est répercutée dans le secteur privé. Certaines grandes entreprises, comme Walmart, Ford ou Facebook, ont ainsi mis un terme à leurs programmes d’inclusion. 

Toutefois, certaines entreprises américaines résistent, comme Apple ou Microsoft. Et nous n’observons pas de contagion à l’Europe. Fort heureusement, le système juridico-légal français défend la diversité et l’inclusion. Si des budgets sont amoindris dans les entreprises, c’est plus par mesure d’économie dans un contexte d’austérité économique que par convictions politiques. 

Aujourd’hui, 17 000 organisations européennes, qu’il s’agisse d’entreprises, d’institutions ou d’associations, ont signé des Chartes de la diversité, affirmant ainsi leur engagement en faveur de l’inclusion.

Une question de justice sociale et de loi.


Un sujet qui s’essouffle. Pourtant, le tableau n’est pas si rose et appelle à notre vigilance collective. Aujourd’hui, les responsables en charge de la diversité et de l’inclusion rencontrent des difficultés croissantes pour faire valider leurs programmes, obtenir des financements ou encore déployer des formations. Une situation qui soulève des interrogations sur l’évolution des politiques d’inclusion en France et les moyens qui leur sont alloués. 

Pédagogie et sanction. Ce sont les deux leviers que la société civile ne doit pas lâcher car le monde de l’entreprise est plus cadré. Observez donc les réseaux sociaux et la pluie quotidienne de propos discriminatoires et racistes. Dernier exemple en date : la finaliste de la « Star Academy », Ebony, traitée de « singe » ! Un phénomène d’autant plus monstrueux qu’un grand nombre d’auteurs ne sont pas sanctionnés. Il faut cesser cette désinhibition de la haine. En outre, les réseaux sociaux avantagent les personnes polarisées, qui monopolisent le débat. Or, la majorité des Français, qui sont respectueux et solidaires, ne s’y exprime pas ou peu. Face à ces attaques particulièrement visibles, les médias doivent valoriser les initiatives positives, notamment dans le monde du travail, où des professionnels s’investissent activement pour renforcer la diversité et l’inclusion. 

Face à la haine, la sanction. Face à l’ignorance, la pédagogie.


Performance. On le voit dans un certain nombre d’articles de presse, et dans la bouche même de responsables diversité & inclusion : ce programme apporte de la performance à l’entreprise. Soyons juste, cet argument part d’un bon sentiment, celui de légitimer cette approche par la validation économique. Or, est-ce là l’objectif premier ? Non, défendre la diversité et l’inclusion en entreprise est avant tout une question d’égalité, le fondement même de notre constitution. Le fait que cela booste l’activité est un corolaire positif, mais ce qui compte le plus, c’est que l’entreprise fasse société, reflétant sa communauté de destins.  

Force de notre réseau. Devant ces vents contraires, redoublons d’efforts au sein de notre réseau des acteurs de la diversité et de l’inclusion partout en France – les associations, entreprises, institutions… Les personnes vivant avec un handicap, les femmes, les seniors, les personnes LGBT, les Français ayant des origines étrangères, les réfugiés… et tant d’autres, ce sont pour eux que nous nous battons, pour leur intégration dans l’entreprise, lieu du vivre-ensemble qui rassemble des destins de tous horizons. 

Et engageons les Français dans notre action ! C’est ainsi qu’ils se l’approprieront et repousseront les digues de l’intolérance. Je pense actuellement à la Grande cause diversité et inclusion dans le monde du travail, portée par Make.org et France Travail. La consultation citoyenne a déjà rassemblé un grand nombre de contributions. C’est très encourageant ! 

 

Les entreprises pour la cité, le réseau de référence des entreprises engagées

L’association Les entreprises pour la cité accompagne, par le partage et la coconstruction, un collectif de 150 organisations engagées dans la société sur les thématiques d’égalité des chances dans l’éducation, la diversité en entreprise, le mécénat et l’engagement citoyen. À la pointe de l’innovation sociale, Les entreprises pour la cité apporte à ses entreprises membres un accompagnement individualisé par ses experts, des formations et des missions de conseil, une mise en réseau pour échanger et partager les bonnes pratiques, des publications pour aider à la réflexion et à l’action.