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Les 2èmes Rencontres nationales du retour à la terre et de l’avenir des territoires mettent en valeur les femmes dans l’agriculture

Ce mardi 20 février 2024, à Angers, le prix « Femmes Agricultures Territoires » a été attribué à une avicultrice de Vendée qui met en place une agriculture régénérative autour de ses 9 800 poules pondeuses. Une quarantaine d’exploitantes agricoles étaient en lice pour décrocher ce nouveau trophée en forme de grain de blé qui met en lumière le rôle des femmes dans le monde agricole. Portraits.

Publié le  22/02/2024

C’est une licenciée de philosophie qui a remporté le tout premier prix « Femmes Agricultures Territoires ». Ce trophée vient d’être créé par l’association #Back To Earth, VoxDemeter et l’Ecole Supérieure des Agricultures (ESA) pour récompenser un profil exceptionnel qui contribue à la visibilité des femmes dans l’agriculture. « En France, nous sommes face à un double problème, explique Nicolas Brouté, porteur de la chaire Femmes agriculture au féminin à l’ESA. « Il y a beaucoup de fermes à reprendre et un besoin d’inventer et de déployer de nouvelles formes d’agriculture. Les femmes peuvent apporter cette diversité dont l’agriculture a tant besoin ».

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La gagnante, Lucie Mainard, 36 ans, a découvert le monde agricole par son mari qui cultivait des haricots verts et des lentilles dans sa ferme du Sud-Vendée.  « J’aurais pu continuer d’être formatrice en maison familiale rurale, confie-t-elle, « mais, à l’époque, c’était en 2016, le contexte était globalement morose. Je craignais même pour lui. J’ai donc décidé de l’accompagner dans son activité et de la diversifier. Comme beaucoup de personnes qui ne viennent pas du monde agricole, j’ai peur des vaches, des cochons mais pas des poules. Voilà pourquoi on a construit un poulailler ».

La salmonelle que l’on transporte sous ses chaussures est le pire ennemi de la poule pondeuse. Voilà pourquoi les visites sont rares ou tellement encadrées dans les poulaillers. Lucie Mainard qui a toujours été convaincue du pouvoir de la communication y a donc fait entrer une caméra avec laquelle elle s’est filmée pour montrer « le temps long de la ferme ». Les vidéos des Jolies Rousses, la couleur de ses poules, sont suivies aujourd’hui par 12 000 followers sur X, 10 000 sur YouTube et 3 000 sur Facebook et autant sur Instagram. L’expansion de son poulailler et sa notoriété sur les réseaux sociaux l’ont mise en avant chez les agriculteurs. « Je me suis installée le 1er août et au mois de décembre le président de la coopérative est venu à la maison. Il m’a dit : le conseil d’administration t’a repérée, tu es attendue parce que tu véhicules une image positive de l’agriculture ». Lucie Mainard siège depuis au conseil d’administration de la coopérative de la Roche-Sur-Yon. 

La jeune femme se félicite d’avoir décroché le premier prix « parce que, dit-elle, il met en lumière des parcours atypiques auxquels beaucoup d’agricultrices peuvent s’identifier, mais aussi parce qu’il reconnait dans son titre même « Femmes Agricultures Territoires » que je suis impliquée dans ma région, que je représente les agriculteurs et que, sur mon exploitation, j’opère des transitions, vers l’agriculture biologique mais aussi vers l’agroforesterie qui consiste à associer arbres et cultures ». Lucie Mainard va recevoir mille euros et elle devient, ce qui l’intéresse au plus haut point, membre honoraire de la chaire agriculture et féminin qui s’ouvre à l’ESA d’Angers.
 

Des savons au lait de vache 

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Ingénieure agronome, Laurie Poussier, 35 ans, a lâché il y a trois ans un confortable salaire de cadre dans une entreprise para-agricole pour rejoindre son compagnon dans un élevage de vaches laitières en Ille-et-Vilaine. La jeune femme s’est investie dans une incroyable diversification : transformer une partie de la production de lait en produits cosmétiques. Pour cela, elle a dû d’abord reprendre ses études en s’inscrivant à l’Université Européenne des Saveurs et des Senteurs (UESS) à Forcalquier (04) et suivre une formation dans une herboristerie du Finistère. 

Aujourd’hui, Laurie fabrique ses savons colorés aux propriétés hydratantes au cœur de sa ferme du Tilleul dans un petit laboratoire d’où elle peut apercevoir sa centaine de Prim’Holstein en train de brouter. Elle s’occupe personnellement de la commercialisation de ses produits en démarchant dans les salons. 

En France, ils ne sont qu’une dizaine d’éleveurs à fabriquer ce type de savon artisanal au lait de vache dans leur ferme. Laurie Poussier a voulu sortir de cet anonymat en partageant toutes les étapes de la réalisation de son projet sur les réseaux sociaux. Instagram, X, LinkedIn, Facebook, Laurie Poussier compte aujourd’hui 14 000 followers. Son laboratoire est devenu la porte d’entrée d’une ferme pédagogique « Chaque jour ou presque depuis le début de cette aventure », dit-elle, « je leur poste une tranche de ma vraie vie. Des bons mais aussi des mauvais moments car le but est de leur montrer la réalité du métier en toute transparence. J’essaie surtout de leur communiquer ma passion de l’agriculture et leur fidélité est pour moi une grande satisfaction ».

Laurie Poussier est ravie d’avoir terminé dans le peloton de tête des candidates du prix décerné à l’ESA d’Angers. « Quand j’ai annoncé mon projet de savon de lait de vache à mes parents qui sont des éleveurs à la retraite, ils m’ont regardé avec des yeux ronds », se souvient-elle. Aujourd’hui, ils sont complètement rassurés. C’est la preuve que tout est possible ».
 

Le respect du végétal

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Amandine Toulza, 36 ans, voit encore sa mère lui dire de ne jamais travailler dans l’agriculture. Éleveurs de veau en batterie, ses parents ont dû abandonner leur ferme faute de rentabilité et trouver un travail d’ouvrier. Avec son BTS de tourisme, Amandine a fait un parcours exemplaire dans le maraichage, une activité qu’elle a découverte par hasard en suivant son compagnon au Cailar dans le Gard. Amandine a réussi à diversifier la production ancestrale de plants de melons en cultivant parallèlement des espèces différentes de plants potagers et aromatiques, ainsi que des fleurs comestibles. Aujourd’hui, la pépinière produit chaque année 23 millions de plants et l’entreprise familiale emploie une trentaine de saisonniers encadrés par 7 personnes en CDI. « J’avais 23 ans quand nous avons commencé la diversification, se souvient Amandine. Au début, on a avancé sans se fixer vraiment d’objectif. On a du beaucoup se planter pour pousser. Cela a été un travail très intense ». 

Amandine est très engagée pour une agriculture durable. Concrètement, cela représente des filets anti-insectes au-dessus des serres, des pédiluves aux entrées, des panneaux bleus enduits de phérormones pour repousser les nuisibles et beaucoup de manutention. Elle porte aussi une attention particulière au bien-être au travail. Les employés de la pépinière ont droit à un réveil musculaire avant d’aller dépoter des centaines de plants et des pauses goûters après. Très sensible aux questions portant sur la diversité ayant elle-même des racines créoles, elle milite pour la formation et la promotion des personnes qui démarrent dans la vie sans aucun bagage mais qui ont envie d’en acquérir. Très présente sur les réseaux sociaux, elle a créé Terrattitude, la boite à outils des « consom’acteurs », qui se compose de 5 outils : une application mobile pour consommer local et de saison, des livres pour enfants, des ateliers pédagogiques, des prises de paroles engagées sur son métier et invente de nouveaux plants potagers. 

C’est avec modestie et fatalisme qu’elle a appris qu’elle se trouvait dans le top 10 des prétendantes au prix « Femmes, Agricultures, Territoires ». « Parce que l’agriculture est un secteur qui peut s’effondrer au premier coup de vent », lance-t-elle.  « Rien n’est certain ». En concourant à ce prix, Amandine espère cependant inspirer tous ceux qui se sentent isolés en leur donnant « l’espoir du possible ». 
 

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