« Le premier entretien est un moment de partage et de vérité »

D’abord responsable d’un magasin d’articles de sport, puis représentante de protocoles d’hygiène auprès de maisons de retraite et enfin prospectrice dans une agence d’intérim, c’est le hasard qui a placé Coralie Doyelle dans l’organigramme de France Travail. Son mari a été muté, elle l’a suivi et a dû s’inscrire à Pôle Emploi (aujourd’hui France Travail) qui l’a recrutée.  C’était en 2013. 

Aujourd’hui, Coralie Doyelle fait partie de l’équipe des 33 conseillers à l’emploi actuellement en poste à l’agence France Travail d’Orléans Ouest (un collectif de 80 personnes). Et elle adore son métier : « Je suis passionnée dans ce que je fais », dit la jeune femme au regard vif derrière de grandes lunettes dorées. Sa mission principale est d’accompagner les demandeurs d’emploi pour qu’ils intègrent ou réintègrent au plus vite la communauté des actifs. 

Plus concrètement, elle est la référente, l’interlocutrice, de 153 personnes. Parmi elles, 103 recherchent un emploi ou bien ont un projet de formation ou de création d’entreprise.  Ils représentent la priorité de la conseillère. Les 50 autres sont « rattachés » à son portefeuille. « Cela veut dire qu’ils ont trouvé un emploi, ou bien qu’ils sont en formation ou en prestation mais qu’ils peuvent toujours m’interroger par mail sur leur situation. Pour tous, assure-t-elle, il n’y a qu’un seul objectif : le retour à l’emploi. C’est très clair. »   
 

Comment suivre autant de personnes en même temps au jour le jour ? France Travail a mis en place le suivi dématérialisé. Toute chercheur d’emploi nouvellement inscrit à France Travail se voit doté d’un tableau de bord personnalisé, où il doit noter scrupuleusement toutes ses actions, ses rendez-vous, ses envois de CV et ses entretiens en vue de trouver un travail. « Mon adjoint, c’est l’ordinateur : en un clic, je peux suivre les démarches effectuées et échanger des mails avec la personne pour faire le point ou répondre à une question posée », explique dit Coralie Doyelle. 

Suivre un grand nombre de demandeurs d’emploi en même temps est donc possible, « mais cela exige de la méthode, précise la conseillère d’Orléans Ouest, au risque de se retrouver vite dépassée par la tâche ». 

La qualité indispensable au conseiller à l’emploi est, pour Coralie Doyelle, une immense capacité d’écoute. Celle-ci est particulièrement utile lors de l’entretien en présentiel qui suit l’inscription. « C’est un moment très important, essentiel même, qui doit durer un minimum de 50 minutes. » De ce premier face à face entre le demandeur d’emploi et son conseiller découle un diagnostic sur son autonomie, sur l’évaluation de ses chances de retrouver rapidement une activité rémunérée. « Il y a des gens qui parlent peu, mais tout se lit dans leur regard. S’il y a des freins, souvent d’ailleurs parce que la personne n’a pas encore fait le deuil de son dernier poste, cela se voit tout de suite. Notre rôle est d’écouter les demandeurs d’emploi, d’explorer leurs attentes, parfois de les rassurer et de les remobiliser. Le premier entretien est un moment de partage et de vérité. »
 

À Orléans, le service public de l’emploi dispose de quatre antennes sur le bassin. Celles-ci sont géographiquement placées à chaque point cardinal, d’où leur nom d’agence Nord, Sud, Est et Ouest. Toutes les agences ont des conseillers spécialisés : en indemnisation, en placement et auprès des entreprises, ainsi qu’un psychologue du travail. Mais toutes fonctionnent en réseau pour former un front uni contre le chômage.  « Nous ne sommes pas seuls, se félicite Coralie Doyelle, à tout moment je peux faire appel à l’un de ces spécialistes pour obtenir un avis, un conseil ou même une prise en charge, qu’il soit dans ou à l’extérieur de mon agence. »

La connaissance du territoire fait aussi partie des atouts du conseilleur, qui finit par connaître beaucoup de monde dans le secteur de l’emploi. « Dans une ville comme Orléans, nous ne sommes pas anonymes. Les gens vous connaissent. Il m’arrive souvent de croiser dans la rue des personnes que j’ai vues en entretien. Il nous faut constamment s’adapter à de nouvelles situations. L’inflation, les changements possibles de la réglementation, des indemnisations, nous les vivons en première ligne.  Et quand on me dit : "Je n’ai pas assez d’argent pour manger" ou "C’est facile pour vous qui êtes derrière un bureau", cela ne me laisse pas indifférente. » 

Coralie Doyelle est fière de travailler à France Travail. « Ici, on ne tombe jamais dans la routine, souligne-t-elle. D’autant qu’on est plusieurs dans l’agence à présenter au collectif de nouveaux outils. Personnellement, je m’intéresse à la dernière version de Microsoft et aux nouveaux tutos qui peuvent servir de référents pour expliquer les métiers. L’important est de sortir de son confort, ne jamais se calcifier. »