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« L’économie bleue est une filière d’avenir »

SEMAINE DES METIERS DU MARITIME. L’écosystème maritime est un acteur économique de premier ordre, promis, dans les prochaines décennies, à une forte croissance couplée à des transformations majeures. Nathalie Mercier-Perrin, présidente du Cluster Maritime Français (CMF), nous expose les enjeux et opportunités de la filière.

Publié le  04/04/2024

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Quelle est la mission du Cluster Maritime Français ? 

Nathalie Mercier-Perrin : Le CMF promeut toutes les activités qui relèvent de l’économie maritime – ou « économie bleue » -, des infrastructures portuaires aux activités de pêche, en passant par le nautisme, les activités de plaisance, et la flotte de commerce.

Nous représentons pour ce faire l’ensemble des parties prenantes, que sont les industriels, les armateurs, les constructeurs, les centres de recherche scientifique et les start-up. Sans oublier les assureurs et les professions du droit maritime, indispensables à notre écosystème. 
 

Quelle place la filière maritime occupe-t-elle dans l’économie française ?

N. M-P. : Grâce aux territoires d’Outre-mer, la France possède la deuxième surface maritime au monde, soit une surface commerciale extrêmement étendue. En outre, 90 % de ce que l’on consomme arrive par voie maritime. La filière est donc au centre de l’économie. 

En matière de ressources humaines, 400 000 emplois directs ont été recensés en 2022, et nous prévoyons de créer 600 000 postes supplémentaires d’ici à 2030, pour atteindre un million d’emplois qui devraient générer pas moins de 150 milliards d’euros de production. 
 

Quels métiers « traditionnels » regroupe-t-elle ?

N. M-P. : Les soudeurs, les chaudronniers, les chefs de programme, les marins, les dockers, les directeurs de port, les ingénieurs, les chercheurs, les fonctions du génie civil, les laborantins ou encore les écailleurs comptent parmi nos métiers historiques. 

En parallèle, les mutations de notre société ont fait émerger de nouvelles professions autour de la robotique, du numérique, de la cybersécurité, de l’écologie et du bien-être au travail entre autres, portant à près de 1 000 le nombre de métiers. Des métiers variés, et accessibles selon différents niveaux de qualification. En mer ou à terre, il y a une place pour tous les talents !
 

Quelles sont les grandes préoccupations de la filière pour aujourd’hui et demain ?

N. M-P. : À l’instar d’autres secteurs, nos activités sont de plus en plus numérisées. Cela se traduit en particulier par le déploiement d’objets connectés en mer qui demain, requerront des savoir-faire et compétences spécifiques. Cette montée en puissance du numérique devrait nettement augmenter les créations d’emplois à horizon 2040, et jusqu’en 2050. 

De même, nous sommes pleinement concernés par les enjeux de transition écoénergétique. Rappelons à ce titre que les porte-conteneurs de notre industrie font transiter jusqu’à 24 000 contenants de marchandises : rapporté à la tonne transportée, ce moyen de transport est le moins carboné au monde, et de nombreuses innovations sont déployées chaque jour pour réduire l’impact écologique du transport maritime.

Ensuite, nous œuvrons au développement des énergies marines renouvelables qui devraient représenter 25 % de l’énergie consommée en 2040, et nous poursuivons le travail de découverte des fonds marins, un domaine fondamental pour la biodiversité. Ces actions portent la même ambition : conjuguer changement climatique, préservation de la biodiversité et économie. 
 

De quelles façons ces préoccupations impactent-elles vos besoins en recrutement ?

N. M-P. :  Plusieurs de nos métiers sont d’ores et déjà en tension, tels que les métiers de l’éolien en mer, ceux du nautisme et les activités portuaires, notamment parce que la filière maritime n’est pas suffisamment connue du grand public. Si nous souhaitons pourvoir nos emplois et atteindre nos objectifs, nous devons nous faire connaître auprès des jeunes talents d’une part, et des moins jeunes d’autre part, nos postes étant pour la plupart ouverts aux profils en seconde partie de carrière. 
 

La jeunesse doit prendre conscience que grâce à son caractère stratégique et vital, l’économie bleue est une filière d’avenir.


Comment votre collaboration avec France Travail vous permet-elle d’y répondre ?

N. M-P. : Les équipes de France Travail nous accompagnent dans notre démarche de vulgarisation des métiers auprès des candidats. Cette collaboration prend différentes formes, comme l’harmonisation et la mise au goût du jour des supports de communication, en adéquation avec les attentes des jeunes générations, notre cœur de cible. La portée de nos actions est nationale et régionale, puisque nous travaillons également à l’identification exhaustive des postes à pourvoir en région dans les différents bassins d’emploi.

Enfin, la semaine des métiers du maritime est pour nous l’occasion de mettre en lumière la filière et d’accélérer nos recrutements. Ce temps fort est chaque année une réussite. 
 

Si nous voulons attirer de nouveaux talents, nous devons nous mobiliser collectivement.


Quels autres moyens mettez-vous en œuvre pour attirer les talents et notamment les femmes ? 

N. M-P. :  Si nous voulons attirer de nouveaux talents, nous devons nous mobiliser collectivement. Nous devons être capables de valoriser nos métiers auprès des jeunes et de les embarquer dans l’aventure. Comment ? En faisant apparaître l’économie maritime dans les manuels scolaires dès les classes de 6ème. C’est à nous, en partenariat avec France Travail, le corps enseignant et l’État, de donner aux élèves les moyens de se nourrir de notre secteur et de comprendre qu’il regorge d’opportunités professionnelles. La jeunesse doit prendre conscience que grâce à son caractère stratégique et vital, l’économie bleue est une filière d’avenir.

Par ailleurs, des chantiers sont engagés en faveur de la féminisation de nos métiers. Nous avons par exemple mis en place de bonnes pratiques de vie et de sécurité à bord pour certains métiers de la mer, amenés à vivre en autarcie dans des espaces confinés plusieurs semaines ou mois durant. Nous avons aussi à cœur de briser les carcans consistant à définir une profession comme étant « réservée aux hommes » ou « réservée aux femmes ». Là n’est pas la question : on doit être libre de choisir son métier en fonction de ses contraintes et appétences, non en fonction de son genre. 
 

Selon vous, en quoi les métiers maritimes sont-ils attractifs ?

N. M-P. : De « Vingt mille lieues sous les mers » au « Chant du Loup » en passant par « Pirates des Caraïbes », il suffit de regarder du côté de la fiction pour s’apercevoir que le maritime est un terrain de jeu d’une grande richesse. Qu’ils soient jeunes et utopistes, en quête de sens et de défis ou qu’ils aient une vocation particulière pour la filière, tous les profils sont en mesure de s’épanouir et de tracer la trajectoire professionnelle qui leur correspond. Le tout en travaillant sur des sujets prometteurs, dans un écosystème en perpétuelle évolution. 
 

Le maritime en quelques faits et chiffres : 

 

  • La France est réputée pour son savoir-faire en matière de conception de bateaux de luxe ;
  • 95 % des espèces des grands fonds marins restent à découvrir ;
  • De nombreuses start-up s’intéressent aux apports des ressources marines dans les secteurs de la santé, des nouvelles technologies médicales et du bien-être ;
  • 98 % des communications transitent par des câbles sous-marins. Ces câbles sont conçus, installés, entretenus et sécurisés par les acteurs de la filière maritime. 

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