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« L’égalité professionnelle femmes-hommes doit infuser la politique de Pôle emploi »

Arnaud Friedmann, chargé des relations partenariales et correspondant Égalité femmes-hommes de Pôle emploi Bourgogne-Franche-Comté participera à une table ronde « Femmes et ruralité : briser l'isolement pour garantir l'égalité », le 10 novembre prochain. L’occasion de faire le point sur les dispositifs mis en œuvre par l’Établissement pour ce public spécifique.

Publié le  26/10/2023

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Quel est votre rôle en tant que correspondant Égalité femmes-hommes à la Direction régionale Bourgogne-Franche-Comté ?

Arnaud Friedmann : Chaque région compte plusieurs chargés de relations partenariales. Au sein de la Direction régionale Bourgogne-Franche-Comté (BFC), je suis notamment en charge de la thématique de la mixité et du respect de l’égalité professionnelle entre les femmes et les hommes.
Avec des collègues des autres régions, nous formons un réseau national, animé par notre Direction générale. Nous avons pour mission de décliner localement des accords cadres nationaux, comme ceux passés avec le Centre d’information sur les droits des femmes et des familles (CIDFF) ou le service de l’Égalité femmes-hommes des préfectures. Notre rôle est de veiller à ce que cette thématique soit prise en compte dans chaque convention et nous rappelons à nos collègues que l’égalité professionnelle femmes-hommes doit infuser la politique de Pôle emploi.

« Les femmes en milieu rural se heurtent à des difficultés spécifiques, notamment des inégalités sociales et économiques plus importantes qu’en milieu urbain »


Le 15 octobre a été lancée une campagne afin de favoriser l’accès aux droits des femmes en zones rurales, pourquoi ?

A. F. : Un tiers des femmes en France vit en milieu rural. Elles se heurtent à des difficultés spécifiques, notamment des inégalités sociales et économiques plus importantes qu’en milieu urbain. L’accès à l’emploi et à la formation se révèle également beaucoup plus ardu. D’où cette campagne lancée le 15 octobre, à l’occasion de la Journée internationale des femmes rurales, autour de trois thématiques : les violences faites aux femmes, la parentalité et l’accès à l’emploi. Portée par la Fédération nationale des CIDFF, le Gouvernement, Pôle emploi et plusieurs acteurs de proximité, elle vise entre autres à lever les freins à l’accès à l’emploi des femmes des milieux ruraux.

Quels sont ces freins spécifiques ?

A. F. : Outre l’isolement, ces femmes sont confrontées à des problématiques plus prégnantes que pour les personnes habitant en milieu urbain : des difficultés de mobilité et de garde d’enfants et un problème d’adéquation entre leurs compétences et les offres proposées, en particulier dans les secteurs en tension tels que l’industrie, le BTP et le transport. En BFC, nous comptons des départements très ruraux comme la Haute-Saône, la Saône-et-Loire, le Jura, l’Yonne, la Nièvre… C’est la raison pour laquelle Pôle emploi BFC a décidé en 2021 de mobiliser le Dispositif territorial d’accompagnement (DTA) Femmes en milieu rural, cofinancé par le Fonds social européen (FSE).

En quoi consiste ce dispositif ?

A. F. : C’est un dispositif personnalisé de six à huit mois, qui s’adresse à des demandeuses d’emploi volontaires. Il allie un accompagnement intensif sur mesure et des temps collectifs pour renforcer la confiance en soi. Toutes les agences Pôle emploi peuvent actionner ce dispositif, c’est ensuite aux directeurs et directrices de prendre cette décision, en fonction de l’analyse de leur fichier et de la situation économique dans leur bassin d’emploi. Les conseillers Pôle emploi dédiés au DTA disposent d’une grande liberté d’action. Ils s’occupent de 70 demandeuses d’emploi maximum, et sont amenés à travailler avec un écosystème très local pour identifier des partenariats, par exemple avec un loueur de voitures solidaire, une micro-crèche, des structures facilitant l’accès au numérique...

Quelles sont les conditions pour bénéficier de ce dispositif ?

A. F. : En vertu des directives du FSE, c’est aux conseillers Pôle emploi de déterminer le niveau de difficulté des candidates au DTA. Mais nous considérons que sur un territoire rural affichant un taux de chômage supérieur à la moyenne nationale, le fait d’être une femme sans solution de mobilité ou de garde d’enfant est une condition suffisante pour intégrer ce dispositif. À condition, bien sûr, que les personnes soient motivées pour y participer.

« Sur la seule année 2022, 1 723 femmes ont bénéficié d’un Dispositif territorial d’accompagnement Femmes en milieu rural avec 17 conseillères Pôle emploi dédiées »


Comment communiquez-vous sur le DTA ?

A. F. : Lorsqu’un DTA est mis en place dans une agence, la personne chargée de l’animer demande à ses collègues de lui proposer des candidates qui correspondent au profil recherché. Des flyers et affiches, réalisés par notre service Communication, sont aussi disponibles en agence locale et sur les réseaux sociaux.

Depuis son lancement, combien de femmes ont bénéficié de ce dispositif ?

A. F. : Entre 2021 et 2022, 17 DTA Femmes en milieu rural ont été mis en place. Sur la seule année 2022, 1 723 femmes ont bénéficié d’un Dispositif territorial d’accompagnement Femmes en milieu rural avec 17 conseillères Pôle emploi dédiées. Fin 2022, 1 513 demandeuses d’emploi avaient quitté le dispositif, dont 34 % pour une reprise d’emploi et 13 % pour une entrée en formation, ce qui, pour des publics très éloignés de l’emploi, s’avère un bon résultat.
En 2023, six DTA demeurent actifs, un chiffre à la baisse qui s’explique par la levée de freins sur certains territoires et un public concerné moins important. Mais ce dispositif fait preuve d’une grande souplesse, aussi pourrons-nous le renforcer si besoin.

Via le DTA, quelles actions mettez-vous en place pour favoriser l’égalité et la mixité professionnelles ?

A. F. : Les conseillers Pôle emploi mènent avec les bénéficiaires du DTA Femmes en milieu rural une recherche d’emplois de proximité. Ils activent des réseaux qui facilitent la garde d’enfant, le recours à de la mobilité temporaire par le prêt de véhicule ou la réparation de véhicules anciens, voire la création d’activité ou de micro activité sur place. L’un des enjeux de ce dispositif consiste à redonner confiance à ces femmes éloignées de l’emploi. Grâce aux échanges et au travail collaboratif, elles se rendent compte qu’elles ne sont pas seules à devoir surmonter des problèmes similaires.
Sont aussi mis en place des ateliers relooking et confiance en soi et des sessions de prise de parole avec une compagnie théâtrale. Ou encore une opération de phoning - un groupe d’une dizaine de femmes accompagnées par la conseillère DTA de Pôle emploi a épluché l’annuaire des entreprises locales partenaires et les a contactées –, réalisée en Saône-et-Loire avec le Medef lors de Journées du patrimoine entrepreneuriales (inspirées des Journées européennes du patrimoine), afin de leur faire prendre conscience des opportunités offertes par l’écosystème entrepreneurial local, et de travailler la relation avec un employeur.
En parallèle, chez Pôle emploi, la thématique de l’égalité de traitement entre femmes et hommes repose aussi sur la mise à disposition de l’ensemble de notre offre de services, y compris en matière d’accès à la formation, afin que toutes et tous en bénéficient à part égale. Nous mettons par exemple en contact des femmes éloignées de l’emploi et des partenaires spécialistes de la création d’entreprises et de microentreprises.

« L’objectif de cette table ronde est de valoriser l’investissement illustré par la mobilisation d’un nombre important de conseillers pour aider et soutenir ce public »


Quels sujets seront abordés lors de la table ronde « Femmes et ruralité : briser l’isolement pour garantir l’égalité ? » qui se tiendra le 10 novembre prochain ?

A. F. : Lors de cet événement qui se déroulera à Quingey, dans le Doubs, je présenterai un état des lieux sur la mise en place du DTA Femmes en milieu rural, cette action phare au sein de Pôle emploi BFC. L’objectif de cette table ronde est de valoriser l’investissement illustré par la mobilisation d’un nombre important de conseillers pour aider et soutenir ce public.
J’évoquerai également notre contribution aux dispositifs portés par l’association Femmes égalité emploi (FETE) qui organise dans certaines villes de la région des forums de promotion des métiers au féminin. Une convention entre Pôle emploi et le CIDFF de BFC est par ailleurs en cours de rédaction et sera signée avant la fin de l’année.

Quel est l’objet de cette convention ?

A. F. : C’est une déclinaison de la convention-cadre nationale signée en 2021. Elle s’articule autour de quatre axes : développer la connaissance des offres de services réciproques ; contribuer à un diagnostic partagé sur la situation des femmes dans les territoires ; rechercher la complémentarité des offres de service dans le parcours d’insertion professionnelle des publics vulnérables ; renforcer l’égalité professionnelle en contribuant à promouvoir la mixité des emplois auprès des entreprises. Nous y inclurons la poursuite de nos actions en commun dans le cadre de la Journée internationale des droits des femmes du 8 mars, mais aussi des opérations de promotion des métiers connotés comme masculins pour y sensibiliser un public féminin.

Quelles autres actions allez-vous mener dans les prochains mois ?

A. F. : Le sujet de l’égalité professionnelle des femmes et des hommes fait partie des priorités gouvernementales. Je pense toutefois que nous avons des marges de progression sur ce sujet. Nous allons continuer à travailler pour que cette question imprègne chaque action menée au sein de Pôle emploi avec ses partenaires et le monde économique.

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