Article
Le prêt de main-d’œuvre, un outil au service de la relance économique
Pour venir en aide aux secteurs en difficulté face à la crise économique et sanitaire, l’État a assoupli les démarches permettant de recourir au prêt de main-d’œuvre entre entreprises. Laetitia Chaynes, co-fondatrice de Coopair, plateforme dédiée au prêt de main-d’œuvre dans l’aéronautique, nous partage sa vision du dispositif.
Publié le 15/07/2021
Le prêt de main-d’œuvre existait avant la crise mais semble être un outil particulièrement pertinent aujourd’hui. Qu’apporte-t-il concrètement ?
Ce dispositif a plusieurs avantages en tant de crise : il permet de maintenir les compétences d’un secteur en attendant une sortie de crise, et pour les salariés, cela représente une opportunité d’acquérir de nouvelles compétences et de maintenir une activité professionnelle. De plus, pour les entreprises qui accueillent des employés dans le cadre d’un prêt de main-d’œuvre, cela leur permet de bénéficier d’un personnel déjà qualifié et formé, capable d’absorber un pic d’activité par exemple. Enfin, ce dispositif permet aussi d’utiliser les compétences d’un secteur en crise d’activité, vers un secteur en forte croissance. C’est le cas notamment pour l’aéronautique et le secteur de l’énergie ou du bâtiment : les compétences de l’aéronautique peuvent être utilisées pour ces secteurs et ainsi participer à leur développement. Le prêt de main-d’œuvre, c’est du gagnant-gagnant !
Comment fonctionne le prêt de main-d’œuvre ? Toutes les entreprises peuvent-elles y avoir recours ?
Le dispositif prévoit qu’une entreprise peut avoir recours au prêt de main-d’œuvre dès lors qu’elle fait face à des difficultés de recrutement (métiers en tension, recherche de profils hautement qualifiés, etc.), ou à l’inverse, dans le cadre d’une baisse d’activité, pour limiter la mise en chômage partiel et le licenciement de personnels. Une convention est alors signée entre une entreprise « prêteuse » et une entreprise « utilisatrice », pour mettre à disposition un salarié. Dans tous les cas, un prêt de main-d’œuvre ne peut se réaliser sans l’accord explicite du salarié mis à disposition. Sur la plateforme Coopair, nous avons choisi, en plus du prêt de main-d’œuvre, de multiplier les dispositifs pour aider les entreprises de l’aéronautique et leur permettre de choisir entre plusieurs types de contractualisations tels que les contrats de sous-traitance, le mécénat de compétences, le temps partagé, mais aussi les contrats plus classiques comme les CDD ou CDI.
Les échanges interentreprises semblent pourtant se développer lentement malgré la mise en place de mesures incitatives par le gouvernement. Pourquoi selon vous ?
Ce dispositif est finalement relativement nouveau, en tout cas dans le secteur de l’aéronautique. Il y a donc encore tout un travail de pédagogie à réaliser autour du prêt de main-d’œuvre, pour le faire connaître et valoriser les avantages qu’il présente, notamment auprès des salariés qui peuvent avoir des réticences. De plus, il y a aussi une réticence naturelle à prêter une main-d’œuvre, une compétence à une autre entreprise, notamment parce que cela peut être perçu comme un savoir-faire qui partirait à la concurrence par exemple, or le cadre légal du prêt de main-d’œuvre empêche justement tout écueil de ce genre. D’une manière générale, les entreprises ont l’impression, à tort, qu’avoir recours au prêt de main-d’œuvre est compliqué à mettre en place, et cela les freine.
Vous avez co-fondé Coopair, plateforme de prêt de main-d’œuvre pour l’aéronautique. Quel premier bilan en tirez-vous ?
Nous avons lancé Coopair en septembre 2020, en réponse à la crise sanitaire et économique qui a nettement touché le secteur de l’aéronautique. Nous mettons en relation des entreprises qui ont du personnel disponible et des entreprises qui ont des besoins et qui souhaitent avoir recours au prêt de main-d’œuvre, mais aussi à la sous-traitance ou à l’embauche par exemple.
Coopair compte aujourd’hui plus de 200 utilisateurs qui proviennent d’une centaine d’entreprises inscrites sur la plateforme, et à ce jour, 600 mises en relation ont été rendues possibles !
Estimez-vous que le prêt de main-d’œuvre soit une bonne alternative pour sauver des emplois ?
Le prêt de main-d’œuvre comporte de nombreux avantages et représente en effet un bon moyen de maintenir des emplois, tout en créant de la valeur, ce qui n’est pas le cas du chômage partiel par exemple, qui reste aujourd’hui le dispositif le plus utilisé. Pour le secteur de l’aéronautique en tout cas, le prêt de main-d’œuvre est une excellente alternative pour sauver des emplois et aussi pour permettre aux entreprises de rebondir en enrichissant leur réseau, en développant les compétences de leurs salariés, en se créant de nouvelles opportunités commerciales…Il y a donc tout intérêt à faire connaître plus largement ce dispositif auprès des entreprises.
Ailleurs sur le site
L’état de l’emploi dans votre ville
Retrouvez les chiffres du marché du travail dans votre commune de plus de 5000 habitants.
Ensemble pour l'emploi
Retrouvez tous les chiffres permettant d'évaluer l'efficacité de notre action auprès des demandeurs d'emploi et des entreprises.