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« La création d’entreprise n’est jamais une œuvre solitaire »

Les Français friands de l’entrepreneuriat ? Une tendance à la hausse révélée par le dernier bilan de l’Insee, qui porte à plus de 815 000 le nombre d’entreprises créées en 2019, soit un bond de 18% sur un an. Quête de sens, désir d’accomplissement, solution d’insertion dans l’emploi, alternative ou complément au salariat… l’entrepreneuriat dévoile une multitude

Publié le  20/02/2020

« Ma petite entreprise, ne connaît pas la crise… ». Au regard des derniers chiffres de l’Insee, elle ne s’est même jamais aussi bien portée. Le dernier bilan est un record en la matière : en 2019, plus de 815 000 entreprises ont vu le jour, soit 18 % de plus qu’en 2018. De tous les statuts existants en augmentation – société, entreprise individuelle, micro-entreprise – cette dernière rafle la mise, avec un bond de 25,3 % sur un an, comptant pour moitié de ce dernier millésime. Les métiers de l’industrie, les services aux ménages, activités immobilières, l’information et la communication, les transports et la construction ont le vent en poupe.

Vers une mosaïque de travailleurs hybrides

Les statistiques de l’Insee, qui démontrent un emballement continu des Français pour l’entrepreneuriat, témoignent du changement de paradigme à l’œuvre sur le marché du travail. Le salariat, tendance lourde jusqu’aux années 2000, et toujours légion, connait un certain ralentissement depuis une quinzaine d’années, en opposition au dynamisme des professions indépendantes.

Pour Pierre-Paul Zalio, professeur des universités et coauteur du Dictionnaire sociologique de l’entrepreneuriat*, cela traduit notamment une façon d’aborder travail et carrière sous un autre angle : « Aujourd’hui, la frontière entre le monde des indépendants et celui du salariat est plus poreuse. Pour les jeunes générations, la création d’entreprise devient quelque chose de possible, de souhaitable, participant d’une recherche de sens dans la trajectoire professionnelle, la construction d’un projet propre ». Même son de cloche dans le dernier baromètre OpinionWay réalisé pour le salon des Entrepreneurs, qui affirme que la moitié des 18-34 ans interrogés sont prêts à sacrifier le statut d’employé pour créer leur propre business.

Boostés par les aides à la création et une fiscalité avantageuse, certains auto-entrepreneurs n’hésitent plus à jongler avec les statuts : selon l’Insee, ils sont 46 % à se lancer en vue de compléter leurs revenus issus de leur activité principale.

Pour durer, jouer collectif

Mosaïque de visages, l’auto-entrepreneuriat cache en effet des réalités très différentes. « Outre la volonté de s’accomplir, de devenir son propre patron, l’auto-emploi peut aussi se révéler une voie de sortie du chômage, une solution d’activité de fin de carrière, voire une adaptation consentie face à la transformation du travail », nuance Pierre-Paul Zalio, qui souligne par là même une forme de fragilisation du salariat. La pérennisation des microsociétés donne également matière à réflexion, les études attestant qu’aujourd’hui, seules un quart d’entre elles franchissent le cap des deux-trois ans.

Dès lors, comment transformer l’essai, une fois les entreprises sorties des dispositifs d’aides qui les environnent ? Pour le sociologue, il est impératif de sécuriser ses arrières : « Certains environnements, comme les hôtels d’entreprises, ou les coworkings, apportent ce collectif nécessaire aux problématiques juridiques, administratives ou comptables ; des cadres favorables au travail isolé, le premier danger de l’entreprise individuelle ». Une des vertus de ces dispositifs d’accompagnement est ainsi de soutenir l’auto-entrepreneur dans l’élaboration de son projet, sur les moyens et les connaissances dont il a besoin.

C’est aussi à ce titre que de nombreuses structures publiques, telles que Pôle emploi, s’organisent pour accompagner les demandeurs d’emploi dans le développement de projet. « La création d’entreprise n’est jamais une œuvre solitaire, conclut Pierre-Paul Zalio. Il y a des projets individuels, mais on reste dans une dynamique où le collectif doit se réinventer ».

 

*Dictionnaire sociologique de l’entrepreneuriat, Les presses de Sciences-Po, 2014

 

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