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Europe : l’égalité hommes-femmes progresse lentement
Selon la Commission européenne, attirer davantage de femmes sur le marché du travail pourrait accroître le PIB européen de 820 milliards d’euros d’ici 2050.
Publié le 03/06/2019
« Dès le début, la question de l’égalité hommes-femmes a été affirmée avec force dans les traités. Ce n’est pas un hasard car ça fait partie des valeurs fondamentales que nous voulons défendre ». C’était à la Maison de l’Europe à Paris le 9 mai dernier et les propos sont de Catherine Lalumière, actuelle directrice de la Maison de l’Europe et ancienne ministre. Ce principe, loin d’être une évidence partout dans le monde peine à devenir une réalité tangible en Europe également. En témoigne le dernier rapport de la Commission européenne sur l’égalité entre les femmes et les hommes publié en mars dernier, à l’occasion de la journée internationale des droits des femmes.
Le taux d’emploi des femmes a atteint en 2017 un record historique dans l’UE, à plus de 66%, mais un tiers d’entre elles travaillent encore à temps partiel.
Un taux d’emploi de 66,4%
Le rapport dresse plusieurs constats. Le taux d’emploi des femmes a certes atteint en 2017 un record historique dans l’UE, à plus de 66%, mais un tiers d’entre elles travaillent encore à temps partiel (32% contre seulement 9% des hommes) et leur taux d’emploi est toujours de 12 points inférieur à celui des hommes. De plus, la situation varie d’un État membre à l’autre. L’an dernier, huit États membres ont ainsi reçu, dans le cadre du Semestre européen, des recommandations préconisant qu’ils améliorent la participation des femmes au marché du travail (Allemagne, Autriche, Estonie, Irlande, Italie, Pologne, République tchèque et Slovaquie).
Selon Isabelle Jégouzo, cheffe de la représentation de la Commission européenne en France, l’écart de rémunération persiste également : les femmes gagnent en moyenne 16,2% de moins que les hommes (comparaison des salaires horaires bruts moyens en 2016). « Cette année, les femmes travaillent pro bono à partir du 6 novembre en Europe ». Elles sont de ce fait davantage exposées au risque de pauvreté. Ces salaires plus bas ont également une incidence sur l’écart en matière de retraites, qui s’établissait à 35,7% en 2017. Dans certains pays, plus de 10% des femmes âgées ne peuvent pas se permettre les soins de santé nécessaires.
Le plafond de verre reste par ailleurs une réalité dans le monde de l’entreprise, seuls 6,5% des postes de PDG des grandes entreprises cotées en bourse dans l’UE étant occupés par des femmes. « Cela signifie que les compétences ne sont pas utilisées à leur plein potentiel et ça pèse sur l’économie », observe Isabelle Jégouzo.
En France, les universités de lettres et sciences humaines comptent 69,7% de femmes tandis que les formations d’ingénieurs n’en comptent que 26,9%.
L’enjeu de l’éducation et de la formation
Pourquoi de telles inégalités subsistent-elles ? Ce n’est pas le niveau d’éducation des femmes qui est en cause : en Europe, 33% d’entre elles, contre 30% des hommes, atteignent les niveaux d’éducation supérieurs. Ni la difficulté à concilier vie professionnelle et maternités successives : si elles s’accroissent au fur et à mesure des maternités, ces inégalités se forment avant l’arrivée des enfants, surtout pour les non-diplômées du baccalauréat. Une étude récente (*) de la Dares sur des générations nées entre 1932 et 1957 en atteste. Ses auteurs affirment que « l’existence d’inégalités avant la première naissance suggère que l’arrivée d’un enfant n’en est pas l’unique facteur. Les normes sociales et les présupposés à l’égard des femmes jouent probablement un rôle important dans la formation et l’évolution des inégalités femmes-hommes tout au long de leur vie active ».
Ce qui est en jeu, avant tout, c’est l’aspect genré de l’éducation et des formations. Ainsi, en France, les universités de lettres et sciences humaines comptent 69,7% de femmes tandis que les formations d’ingénieurs n’en comptent que 26,9%. Des réalités qui ont un impact direct sur les filières professionnelles : ainsi on trouve seulement 15% de femmes dans le secteur, très porteur, du numérique. Les stéréotypes culturels qui sont véhiculés sont un autre frein à l’égalité.
« Nous sommes en 2019 et les progrès enregistrés dans le domaine de l’égalité entre les femmes et les hommes s’accomplissent toujours à une allure d’escargot. On constate même une régression dans certains pays. Tout ce que nous demandons, c’est l’égalité pour tous. Ni plus ni moins », plaidait Frans Timmermans, premier vice-président de la Commission le 7 mars dernier.
(*) Document d’études, A quels moments les inégalités professionnelles entre les hommes et les femmes se forment-elles ?, n° 215, 2018
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