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La Silver économie s'étend : en avant l'innovation !
L'appellation « silver économie » désigne un secteur qui englobe les métiers spécialisés dans l'accompagnement des conséquences du vieillissement. Mais au-delà des métiers du soin, cette notion inclue également l'adaptation de l'ensemble de l'économie au vieillissement de la population. De quoi donner lieu à un véritable vivier d'innovations, et donc de nouveaux emplois.
Publié le 04/01/2021
En tant que secteur professionnel émergent, la « silver économie » s’est structurée à partir de 2013, sous l’impulsion de Michèle Delaunay (ministre déléguée chargée des Personnes âgées et de l’autonomie) et d’un rapport intitulé « la Silver Economie, une opportunité de croissance pour la France ». Aussi, ce sont près de 20 000 postes supplémentaires qui devraient être créés d’ici 2024.
« Seniors », et alors ?
Alors que le monde du travail applique l’appellation de « senior » à partir de 45 ans, quoi de commun entre un jeune retraité de 65 ans, et une personne de 95 ans atteinte de troubles cognitifs ? Définie plus ou moins explicitement par une forme de « retrait » de la vie sociale, cette catégorisation sociale génère parfois des discriminations envers nos aînés, que l’on désigne sous le nom d' »âgisme ».
Au-delà des métiers du soin, la « silver économie », c’est l’adaptation de l’ensemble de l’économie aux besoins des plus âgés. Avec la vague du papy-boom, de nouvelles générations de retraités sont apparues, avec des modes de consommation qui leur sont propres, mais aussi une autonomie souvent plus grande que chez celles qui les ont précédées.
Demain, tous slashers ?
Dans un monde de l’emploi devenu plus fragmenté qu’il ne l’était il y a trente ou quarante ans, de nouvelles notions ont fait leur apparition. Et notamment le « slasheur ». Il avait fait l’objet d’une brève mode éditoriale, il y a quelques années, désignant ceux qui mènent plusieurs activités professionnelles parallèlement. La question était alors de savoir si cette polyactivité se plaçait davantage du côté de la contrainte financière, ou d’un réel choix vécu comme épanouissant.
En ce qui concerne les personnes âgées, la question se pose évidemment. Des inégalités sociales perdurent entre personnes âgées. L’augmentation générale de l’espérance de vie induit une diversification des manières de vivre parmi les personnes âgées.
Mélissa Petit, sociologue spécialiste de la question des seniors et des enjeux du vieillissement et directrice du cabinet d’étude Mixing generation, exprime son point de vue sur la diversité des besoins : « il y a la question de comment on va répondre à des besoins des jeunes retraités, avec une palette d’accompagnements ou de services dédiés. Que ce soit pour faire des activités à distance ou en présentiel quand on peut encore le faire, par la possibilité de travailler à la retraite, ou encore celle de pouvoir investir son rôle de grand-parent ». Ainsi, voici des « seniors » qui peuvent être aidés tout en aidant, ou qui aspirent parfois à garder un rôle actif dans la société, par exemple via une activité bénévole.
L’espace de vie est aussi en question : « on a aussi la question de l’habitat, qui prend de plus en plus de place. C’est un vrai sujet dans le secteur, où est-ce qu’on habite et comment est-ce qu’on habite après 60 ans ? ». La réponse à ce besoin passe bien sûr par des travaux d’adaptation, mais elle peut aussi être prise en charge sous une forme inédite, à travers des projets d’habitat intergénérationnel.
Aussi, développer des métiers répondant aux réels besoins des personnes âgées, c’est aussi changer de regard sur nos « anciens », en ne les enfermant pas dans des généralités, forcément réductrices. C’est donc rompre avec une forme d’« âgisme », pour détecter des besoins nouveaux, vecteurs d’épanouissement et de santé. Ainsi, il existe un riche potentiel d’innovations, pour pouvoir répondre à ces besoins de plus en plus diversifiés.
Des innovations diverses, dans l’intérêt de tous
Selon Mélissa Petit, au regard du nombre de start-up qui s’y orientent, la silver économie a encore une belle marge de progression devant elle. De quoi créer de nouvelles associations de métiers : par exemple, les nouveaux services créés, tels que les applications dédiées aux plus âgés, nécessitent des compétences de développeurs. « On va utiliser des compétences qu’on peut avoir dans d’autres secteurs, ou qu’on apprend en formation, pour les spécifier dans la silver économie. Le point important, c’est de bien comprendre le secteur et la population qu’on va cibler ». Exemple d’innovation propre au secteur ? Elle évoque par exemple le produit Maase, premier plaid sensoriel thérapeutique pour une prise en charge non médicamenteuse des troubles du comportement, conçu par deux designers industriels.
Comme dans le domaine du handicap, ces améliorations en faveur des personnes les moins autonomes peuvent par ailleurs bénéficier au plus grand nombre. C’est ce qu’évoque la sociologue, à travers le concept de « design universel »: « si on adapte une bouteille d’eau, elle peut d’abord servir aux plus âgés, mais elle va pouvoir servir à tous, au même titre que l’adaptation de la mobilité. On est dans le « design universel » ».
Des métiers de coordination
Dans ce contexte de croissance et de diversification des besoins des plus âgés, un aspect qui revient souvent, c’est celui de la coordination de compétences variées.
Un maillage qui gagnerait aussi à se développer à l’échelle des territoires, nous explique la sociologue : « Sur certains territoires, on a des gestionnaires de cas qui vont s’occuper des cas complexes. Le pilote va être celui qui va coordonner les différentes instances existantes sur le territoire : le CCAS, l’aide à domicile, et cetera. Cette notion-là devient nécessaire quand on a des interlocuteurs différents. Mais cela peut aussi concerner le patron d’une résidence services seniors, qui pourrait être celui qui coordonne des échanges sur le territoire, pour faire plus de lien entre son territoire et les résidents de sa structure. Pour créer plus de lien avec les activités qui sont faites, ou les dynamiser ».
Pour aller plus loin :
https://www.pole-emploi.fr/actualites/le-dossier/services-a-la-personne/secteur-du-grand-age-1/leconomie-du-grand-age–des-meti.html
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