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« Nos quartiers ont du talent », une passerelle vers le premier emploi

Depuis 2005, l'association "Nos quartiers ont du talent" œuvre à rapprocher les entreprises et les jeunes diplômés d'origine modeste. Partenaire de Pôle emploi, elle les aide à développer leur réseau professionnel, leur offrant ainsi une précieuse aide dans la quête d'un premier emploi, et ce sur l'ensemble du territoire. Afin d'en savoir plus sur son activité, nous sommes allés à la rencontre de Guillaume Marmasse, son directeur général.

Publié le  15/12/2020

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Quels objectifs poursuit votre association ? 

L'objectif de l'association est de permettre à des jeunes diplômés, ayant un bac +3 minimum et moins de 30 ans, issus soit de quartiers prioritaires de la politique de la ville, soit de zones rurales avec un niveau de vie modeste, de trouver une alternance ou un emploi à la hauteur de leurs compétences. Le but c'est qu'ils puissent avancer, sans passer par la case du job alimentaire qui correspond à une non-reconnaissance du diplôme.

Historiquement, « Nos Quartiers ont du Talent »  - appelée NQT -   portait toute son attention sur les quartiers prioritaires de la politique de la ville. Et puis, l'association au fur et à mesure a grandi, et nous avons élargi notre cible aux zones rurales à revitaliser et aux milieux modestes. C'est un dispositif d'égalité des chances, donc il y a quelques conditions pour pouvoir rentrer au sein de l'association. Bien évidemment, quand le jeune est accepté, l’ensemble des services proposés est gratuit pour lui.  
 

Pôle emploi est un partenaire historique pour vous, depuis votre création. En quoi consiste concrètement votre collaboration?

Nous avons un partenariat national via une convention cadre, déclinée dans chaque région, via les directions régionales de Pôle emploi et les délégués régionaux de NQT, ce qui nous permet d'être au plus près du terrain. Les agences de Pôle emploi informent les demandeurs d'emploi via leurs conseillers. Et nous invitons Pôle emploi à participer à des ateliers dans des entreprises, pour que les jeunes soient présents. Au quotidien, nous menons ensemble un travail en faveur de l'accès l'emploi des jeunes. Et aujourd'hui, nous faisons partie des dispositifs présentés dans le cadre du plan "1 jeune, 1 solution".
 

La majorité des jeunes que nous accompagnons arrive vers nous via Pôle emploi


Comment les jeunes arrivent-ils vers vous ? Et dans la crise actuelle, est-ce que vous avez constaté une évolution de la demande des jeunes auprès de votre association ? 

La majorité des jeunes que nous accompagnons arrive vers nous via Pôle emploi : en 2019, 56 % des jeunes qui se sont inscrits à NQT l'ont fait suite au conseil de Pôle emploi. Il y en a 10 % qui viennent via l'APEC, ensuite il y a les réseaux sociaux, 16 %, et le bouche à oreilles, à 17 %, et ensuite les autres nous connaissent à travers les médias. En ce qui concerne la crise actuelle, nous avons effectivement vu un impact, puisqu'on a eu au mois de juin un nombre record d'inscriptions de jeunes dans notre association.

C'est pour cela que nous avons co-créé avec Pôle emploi et l'APEC, le forum « Révèle ton talent ». Quand nous avons vu l'augmentation des inscriptions, nous nous sommes dit qu'il fallait absolument qu'on trouve des solutions concrètes pour ces jeunes. Cela a permis à des structures comme la nôtre de se remettre en question, de faire plein de choses qu'on ne faisait pas, comme tous les ateliers et forums digitaux ; tout cela est nouveau pour NQT.

Ça a eu quelque chose de très positif, puisqu'au final nous touchons beaucoup plus de personnes. Nous ferons toujours des ateliers en présentiel, car nous aurons toujours besoin de rencontres et de relations humaines. La nouveauté, c'est d'avoir un mixte des deux, avec cette relation humaine et en même temps des rencontres numériques si vous permettez l’expression.
 

En quoi consistent les actions que vous mettez en place ? 

L'action historique, c'est du parrainage, du mentorat. Nous avons environ 700 entreprises partenaires qui mobilisent leurs cadres, cadres supérieurs et dirigeants, pour devenir parrains, marraines, en quelque sorte des coachs pour ces jeunes diplômés. Notre job, c'est de mettre en relation ces jeunes avec ces marraines et parrains, selon leurs compétences mais aussi selon la zone géographique. Quoi qu’avec le Covid, aujourd'hui, et tout ce qui s'est digitalisé, c'est moins vrai, mais historiquement nous privilégions le lien humain, c'est toujours mieux de se rencontrer. Nous souhaitons que le premier rendez-vous se passe au sein de l'entreprise, parce que c'est symbolique pour le jeune : il est accueilli par un cadre supérieur qui pourrait potentiellement être son recruteur. 

Néanmoins, il ne faut pas que leurs relations soient basées sur le recrutement, sinon ça ne marcherait pas. Cela permet aux jeunes de mieux comprendre comment une entreprise fonctionne, et ses codes. Et depuis sept ans, je constate au quotidien que le fait d'être accueilli, ça crée un changement clair de paradigme pour le jeune. Il passe d'une situation où il a l'impression que l'entreprise ne le comprend pas, ne lui répond pas, n'existe pas, à "j’y suis accueilli et on me soutient, m’oriente". Et in fine, ça lui redonne confiance en lui. Ensuite, le rôle du parrain ou marraine, c'est aussi d’accompagner le jeune dans son projet professionnel en travaillant ses outils de recherche tels que le CV et la lettre de motivation ainsi que ses entretiens d’embauche pour lui permettre d’obtenir un retour de la part d’un professionnel. 

Et puis la dernière chose qui n'est pas neutre non plus, c'est que nos parrains et marraines peuvent ouvrir leur réseau. Comme ils sont cadres supérieurs, ils ont connaissance d'offres qui ne sont pas sur le marché, le fameux "marché gris". Cela permet à ces jeunes de postuler à des offres qu'ils n'auraient jamais eues sans cela. Ce sont nos actions « historiques ». À côté de cela, nous organisons des ateliers digitalisés ou physiques dans les entreprises ou dans les collectivités partenaires, pour que les jeunes puissent se rencontrer, et voir qu'ils ne sont pas seuls dans cette situation. En 2019 nous avons fait 1024 événements en tout, avec du coaching et la découverte de différents métiers. Et la dernière partie, ce sont des outils que l'on donne gracieusement grâce à des partenariats, avec Openclassrooms, Gymglish, Frantastique pour la grammaire et l'orthographe, et d'autres applications d'apprentissage des langues.

Nous sommes une vraie passerelle entre ces deux mondes


Avez-vous une action particulière en faveur des contrats en alternance ?

Nous faisons des événements pour l'alternance, où nous mettons en relation nos entreprises partenaires qui ont des offres, avec les jeunes accompagnés par notre dispositif. Nous sommes une vraie passerelle entre ces deux mondes. Nous avons organisé un tel événement en juin, « le hub de l'alternance », en partenariat avec SIEMENS. Du 21/09 au 02/10, nous avons réalisé l’événement « Révèle Ton Talent » aux côtés de Pôle emploi et l'Apec, pour la recherche d'un emploi mais également d'une alternance. Au vu des dernières données qui sont sorties sur l'alternance, quand une jeune entre en alternance à bac+3 et jusqu'au bac+5 en général, l'entreprise garde ce jeune et celui-ci a déjà les codes de cette entreprise. Et par conséquent, sa carrière est lancée.  

Par ailleurs, nous avons fait faire une étude par un cabinet spécialisé pour connaître l'impact réel de l'association, et dans cette étude, il est indiqué qu'un peu plus de 25% des jeunes suivis par le dispositif souhaitent redonner ce qu'ils ont reçu. Mais aujourd'hui, ils ne peuvent pas devenir parrains ou marraines, car la règle est d'avoir a minima huit ans d'expérience professionnelle. Donc nous avons décidé de lancer un projet d'alumni (annuaire des anciens) jeunes de NQT, et nous sommes en train de passer des partenariats avec des associations qui aident les jeunes de troisième à trouver un stage. Nous allons mettre en relation nos anciens jeunes avec ces jeunes de troisième, pour qu'ils trouvent plus facilement un stage. Ainsi, la boucle est un peu bouclée.  
 

Combien de jeunes ont été accompagnés en 2019 ?

En 2019, 8 649 jeunes ont été accompagnés, dont 64% de jeunes femmes. Sur ces 8 649 jeunes accompagnés, 70% d'entre eux ont trouvé un emploi à la hauteur de leurs compétences au bout de six mois de parrainage. Ce qui est déjà un bon résultat. A l'origine, NQT a été créée à Saint-Denis, et aujourd'hui nous sommes présents sur tout le territoire national, et également sur quatre départements d'outre-mer, la Réunion, la Guadeloupe, la Martinique et la Guyane. Aujourd'hui, nous sommes 70 salariés.  
 

Quel intérêt trouvent les entreprises à participer à ce dispositif ?

Nos entreprises partenaires sont avec nous depuis la création de l'association, et leur but, c'est vraiment de créer une passerelle avec la société dans laquelle elles vivent, un lien avec le territoire. À l'origine de l'association, quand nous nous sommes créés à Saint-Denis, des sociétés s'y étaient implantées, et il n'y avait pas forcément un écosystème autour pour faire un lien avec la population locale. Il n'y a pas longtemps, je discutais avec le secrétaire général d'une grande entreprise pharmaceutique française. Il a eu une dizaine de filleuls, et il me disait que s'il n'avait pas parrainé ces jeunes, il ne se serait pas rendu compte de cette situation. Et qu'en se rendant compte des problématiques que ces jeunes peuvent rencontrer, il fait évoluer son entreprise.  
 

À travers la diversité professionnelle du réseau avec lequel vous travaillez, est-ce que vous constatez que certains secteurs résistent mieux au ralentissement économique, et continuent d'offrir un potentiel d'emplois important pour les plus jeunes? Est-ce que vous avez une vision là-dessus ?  

Au dernier conseil d'administration, on a fait un tour de table avec les différents administrateurs, pour savoir dans quelle situation était leur entreprise, pour savoir s'ils continuaient à recruter, et en grande majorité, ils ont tenu leurs objectifs de recrutement ou d'alternance, c'était rassurant. Après forcément dans un secteur comme l'aéronautique, tout est gelé, mais dans le secteur bancaire par exemple, ils n’ont rien changé, et le nombre de postes à pourvoir en alternance a été augmenté. Sur l'alternance, il y a eu une vraie mobilisation.  

Le site de l'association:  https://www.nqt.fr/
 

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