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LinkedOut : en un partage, ouvrir son réseau professionnel à des personnes en situation de précarité

LinkedOut est un dispositif porté par le réseau d’entraide Entourage, lancé en septembre 2016, dont la mission est d’aider les personnes en situation d’exclusion à retrouver du lien social.

Publié le  23/07/2020

« Notre rôle est d’expliquer au grand public que le pire, quand on est en situation d’exclusion, le besoin le plus fondamental n’est pas tant de ne pas pouvoir se nourrir ou se laver, mais de parler, de se sentir comme faisant partie de l’Humanité », explique Claire Duizabo, directrice de la communication du réseau d’entraide Entourage, créé en 2016 par Jean-Marc Potdevin, ancien vice-président de Yahoo. Au fondement de l’association, une question : « comment fait-on pour redonner, à ceux qui n’ont plus rien, plus de réseau, plus de personnes sur qui compter, notamment les sans-abris mais aussi, plus globalement, les personnes en situation de grande précarité, les réseaux dont ils ont besoin pour rebondir ? ». La réponse : le lien social.

 

Et si l’État et les associations œuvrent contre la précarité, il y a aussi, plus largement, les citoyens qui ne savent pas trop comment leur venir en aide. « Les plus motivés deviennent bénévoles, mais la majorité des gens continue à croiser les personnes en situation de précarité sans savoir quoi faire ». C’est pour y remédier qu’est née l’application mobile d’Entourage, une sorte de « Facebook dédié à la solidarité », comme l’exprime Claire Duizabo, qui « facilite les petites actions d’entraide dans le quartier : donner une paire de chaussure, aider à faire un CV, fêter l’anniversaire d’untel, collecte de produits d’hygiène… Il existe de multiples façons d’agir ». Une application se révèle également un « outil d’empowerment ». De plus en plus équipées de smartphones, de nombreuses personnes précaires se seraient ainsi emparées du réseau pour passer des appels à l’aide. « Cela donne d’ailleurs des enseignements intéressants sur leurs besoins, qui ne sont pas forcément ceux qu’on croit… Mais surtout, ils «subissent» moins l’aide qui leur est fournie. »

«Ce n’est pas parce qu’on est dans une situation de grande précarité qu’on n’a pas de compétences»

C’est ensuite qu’une intuition s’est rapidement dessinée : pourquoi ne pas procéder de la même manière pour aider les personnes en situation de grande précarité à retrouver un emploi ? « Au contact des personnes en grande galère, on s’est aussi rendu compte qu’ils avaient plein de talents », poursuit Claire Duizabo. « Ce n’est pas parce qu’on est dans une situation de grande précarité qu’on n’a pas de compétences. Ces personnes ont un passé. Elles ont été maçon, ont travaillé dans le jardinage, le gardiennage, la restauration… Mais elles ont des difficultés aujourd’hui à trouver un job, parce qu’elles n’avaient pas les codes de la recherche d’emploi, pas de réseau, et souvent ces profils peu qualifiés manquent de visibilité. ». Ainsi est né la plateforme LinkedOut.

« Nous ne voulions pas camoufler les parcours chaotiques »

« Nous avons mis en ligne, en 2019, une quinzaine de CV de personnes en précarité ». L’intégralité ayant été refaits. «Nous ne voulions pas camoufler les parcours chaotiques, à trous, tout ce qu’on peut parfois être tenté de camoufler en temps normal : vie dans la rue, divorce, etc. Nous avons donc insisté sur les qualités humaines : fiabilité, ponctualité, etc.» Ces informations sont par ailleurs complétées par une référence, qu’elle vienne d’un ancien employeur, de quelqu’un qui connaît bien la personne, ou d’un travailleur social… En bref, de « quelqu’un qui peut attester de ces qualités » .

Une campagne de communication a ensuite été lancée autour de ces CV, dans le cadre de laquelle les internautes étaient invités à les partager massivement dans leurs réseaux. « En un partage, vous pouvez leur offrir un réseau professionnel. Cela génère de la visibilité et des opportunités d’emploi », explique Claire Duizabo. « Nous avons compté une dizaine de milliers de partages de ces CV, 300 opportunités d’emploi, venant de petits patrons mais aussi parfois de grandes entreprises ». Et, plus concrètement, sur les quinze personnes dont le CV a été diffusé, 11 ont retrouvé un emploi.

Objectif : « remettre 500 personnes en emploi d’ici fin 2022 »

« Depuis, nous avons beaucoup enrichi le dispositif, et notamment mis en place un accompagnement pour les entreprises », explique Claire Duizabo, car « ce n’est pas toujours simple non plus », les personnes ayant connu une situation de grande précarité pouvant parfois mettre « du temps à se réadapter ». Cela dit, pour ces recruteurs « inclusifs », « c’est un vrai pari », insiste la communicante. « Nous avons d’ailleurs reçu de superbes témoignages de recruteurs de la première promotion », qui ont vu comme une richesse d’accueillir dans leurs équipes une personne dotée d’un profil différent. « Cela change la dynamique, les force à s’ouvrir ». Et, bonne nouvelle : « de plus en plus d’entreprises se disent intéressées, malgré la crise ». Tant mieux, car l’association souhaite déployer davantage ce dispositif, notamment après avoir remporté un appel à projets du ministère du travail, «100 % inclusion». «Notre objectif est de remettre 500 personnes en emploi d’ici fin 2022 ».

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