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Paroles d'experts. Les enjeux de la filière nucléaire en Provence-Alpes-Côte d'Azur

Savez-vous que la filière nucléaire annonce des besoins de recrutement qui s’élèvent à plus de 10 000 postes par an dans les années à venir ?

Publié le  24/01/2025

Ces prévisions sont liées aux missions clés que sont la prolongation de la vie des centrales, la mise au point de nouveaux réacteurs, la maintenance et le démantèlement des installations nucléaires, la gestion pérenne des déchets nucléaires et l’instauration de solutions d’économie circulaire.

On sait que le nucléaire ne fait pas toujours rêver les candidats et que le challenge sera difficile à relever !
Voici pourtant 3 bonnes raisons de travailler dans le nucléaire : 

  • L’industrie nucléaire est en pleine mutation technologique. 
  • C’est une filière qui s’inscrit dans la durée, dans le cadre des projets de décarbonation de l’énergie, qui offre des perspectives d’évolution professionnelle.
  • Enfin c’est un secteur accessible qui recrute à tous les niveaux, du CAP au Bac+6

Agnès Laloubeyre Simond, experte industrie-énergie chez France Travail, fait le point sur le nucléaire dans notre région.

Il n’y a pas de centrale en région Provence-Alpes-Côte d’Azur, mais on recrute quand même ?

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Agnès Laloubeyre Simond,
experte Industrie-Energies
 

En Provence-Alpes-Côte d’Azur, nous bénéficions de la zone d’influence de la Centrale du Tricastin. L’implantation de centres de recherches à Cadarache génère également de l’emploi. C’est aussi à Marseille, que la Division Ingénierie du Parc nucléaire et De l’Environnement d’EDF effectue les études d’ingénierie, les travaux d’amélioration des îlots nucléaires des réacteurs français et conçoit les simulateurs de conduite des centrales.

Dans notre région, 426 entreprises exercent dans la filière nucléaire. Plus de la moitié d’entre elles sont spécialisées dans les services techniques et scientifiques.
Ce sont essentiellement les activités d’ingénierie de maintenance, d'entretien, de recherche et développement qui recrutent des profils du CAP à Bac+6. Il s’agit des métiers Ingénieurs sûreté, projet ou étude, pour les postes de cadres et de tuyauteur, soudeur et électricien industriel pour les autres postes.

Le Pôle d’ingénierie nucléaire d’EDF, la Division de l'Ingénierie du Parc et De l'Environnement est situé à Marseille. Il recrute en majorité des ingénieurs.

De nombreuses entreprises de la filière, notamment les principaux sous-traitants et des centres de formation sont également implantés dans les Bouches-du-Rhône. Ils sont régulièrement à la recherche de profils plus techniques.

Une partie du complexe industriel du Tricastin (Drôme), le plus grand site nucléaire d’Europe, est installé dans le Vaucluse et ce département bénéficie aussi de la zone d’influence du CEA de Marcoule (Gard). C’est tout un bassin d’emploi qui se dessine autour de ces trois départements.

Les activités nucléaires de la défense sont regroupées dans le périmètre de la base navale de Toulon, une région motrice en recherche et conception nucléaire.

Qui peut travailler dans le nucléaire ?

Travailler dans ce secteur nécessite de la technicité métier, mais aussi de la rigueur et un sens aigu du respect des consignes, afin de garantir la sécurité et la sûreté des personnes et des installations, quel que soit le poste de travail que l’on occupe. La filière cherche également à renforcer la mixité de son personnel.

Si l’on est déjà formé en tant qu’électricien, soudeur ou tuyauteur et que l’on a exercé dans d’autres secteurs de l’industrie, ou dans le médical (manipulateur radio) on peut s’orienter dans le nucléaire et acquérir les compétences spécifiques pour y accéder, via des formations spécifiques.

Si l’on envisage une reconversion, France travail et la filière ont mis en place des quizz, des exercices numériques de détection de potentiel spécifiques à la filière, pour confirmer ces pistes d’orientation. Bien sûr, il sera nécessaire de se former au métier et d’acquérir parallèlement les savoir-faire requis par le nucléaire.
Afin d’améliorer l’accès aux formations et ainsi de répondre au mieux aux besoins en compétences inhérents au secteur, la filière a tout récemment créé l’Université des Métiers du Nucléaire en partenariat avec France Travail.

Enfin, c’est un secteur qui compte de nombreux employeurs sous-traitants de la filière et intervenant dans toute l’hexagone, recrutant régulièrement sous condition de mobilité géographique.

Quelles actions mène France Travail en faveur de l'emploi et du recrutement dans ce secteur ?

Tout au long de l’année, nous nous engageons en faveur de la promotion du secteur, de l’orientation, de la formation des candidats et de la mise en relation entre les employeurs et les demandeurs d’emploi.
Pour la Semaine des métiers du nucléaire, nous déclinons un programme ciblé sur les besoins de notre région.

Voici quelques exemples :

  • Pour accélérer les recrutements et susciter la rencontre directe entre employeurs et candidats, nous organisons, à Saint-Paul-Trois-Châteaux, le forum Sud nucléaire qui proposera plus de 350 offres d’emploi, le 4 février 2025. 
  • Pour sécuriser l’orientation et élargir le sourcing des candidats, nous proposons des sessions de détection de potentiel et de MRS adaptées à la filière dans une démarche inclusive.
  • Pour contribuer à augmenter l’attrait du nucléaire et faire connaitre la réalité du secteur, nous organisons des visites de sites, de centres de formation et des rencontres avec des professionnels.
    Par exemple, à l’occasion de cette semaine dédiée, deux cafés des métiers du nucléaire, à Aix et à Marseille, permettront d’échanger avec des femmes et des hommes qui y travaillent au quotidien. Parallèlement, nous invitons les demandeurs d’emploi à découvrir les formations dispensées par l’Institut de Soudure d’Istres, et par le CFAI d’Istres, notamment celles qui concernent les métiers les plus demandés dans le domaine de l’ingénierie, de la maintenance et de l’entretien :  Ingénieurs sûreté, projet ou étude, pour les postes de cadres et de tuyauteur, soudeur et électricien industriel en milieu sensible pour les autres postes.

Quel rôle joue la formation ?

Notre ambition est de répondre au plus près des besoins des employeurs qui recrutent, le secteur est dynamique dans la région et a des attentes spécifiques, nous ne sommes pas forcément sur de grands volumes mais nous avons de bons résultats en termes d’accès à l’emploi. Sur les 143 demandeurs d’emploi formés en 2024, 85% sont aujourd’hui en poste.

Nous privilégions les Préparations Opérationnelles à l’Emploi. Elles procurent d’excellents résultats d’insertion professionnelle et satisfont dans des délais réduits, les besoins des entreprises. 

Les sous-traitants qui interviennent pour le compte du CEA de Cadarache et d’Iter recrutent. 

Nous organisons avec l’INSTN la présentation d’une formation de pré-qualification au métier de technicien en radioprotection (acquisition du bagage scientifique indispensable). Les candidats pourront accéder à un contrat en alternance leur permettant de préparer un titre professionnel de technicien en radio protection à l'INSTN de Cadarache à partir de septembre 2025, avec l’assurance de signer un contrat s’ils valident leur formation.

Pour conclure, La semaine des métiers nucléaire du 3 au 7 février est le rendez-vous incontournable de la filière pour les entreprises et pour les candidats que nous accompagnons.

Les experts industrie au service de la filière nucléaire


Dans chaque département, les experts industrie de France Travail, en coopération avec les conseillers du réseau pour l’emploi, sont les interlocuteurs privilégiés des entreprises et des représentants de la filière dans les territoires.