Le secteur du numérique inégalement touché par le Covid

« L’annonce, en mars dernier, du premier confinement a produit des réactions en chaîne dans le monde du numérique » se souvient Stéphanie Ragu, la présidente de Medinsoft (un des principaux réseaux de promotion de l'industrie numérique en PACA) et par ailleurs cofondatrice et P-DG de Lauralba Conseil, une ESN (Entreprises du secteur du numérique) spécialisée dans le conseil aux entreprises pour l'évolution et la modernisation de leur système d'information. « L’attentisme qui a prévalu au printemps dernier, de la part des secteurs les plus durement touchés, comme l’aéronautique ou l’automobile, ont prioritairement impacté les activités de conseil en technologie, puis par un effet rebond, les sous-traitants et les prestataires. En moins de deux semaines, l’activité s’est mise à l’arrêt. Dans le même temps, les appels d’offres émanant des collectivités publiques ou de l’Etat se sont arrêtés net » analyse Stéphanie Ragu. Certains secteurs s’en sortent toutefois mieux que d’autres et tirent leur épingle du jeu : c’est le cas notamment des SMACS, un acronyme désignant 5 domaines clés de la transformation digitale : Social, Mobile, Analytics, Cloud et Security qui représentent elles seules près de 30 % du marché des logiciels et des services en France. 

Transformer une contrainte en opportunité

Paradoxalement, la baisse d’activité générée par la crise du Covid-19 s’est accompagnée d’une accélération de la transformation digitale des entreprises, en particulier celles concernées par les mesures de fermeture comme les commerces ou les restaurants. « On a observé un mouvement de rattrapage à marche forcée pour certains, afin de combler le retard pris dans le domaine de la digitalisation » note la présidente de Medinsoft. Une évolution dont certains acteurs ont su tirer profit, en transformant cette crise en opportunités de business. Il s’agit notamment des entreprises spécialisées dans la création de sites marchands, l’architecture de sites internet, le e-learning ou de ceux positionnés sur des marchés émergents comme le déploiement d’outils d’intelligence collective (Smart city, domotique...), l’e-sport ou l’e-santé.

"Le télétravail a aussi mis en évidence la nécessité de sécuriser les liaisons entre l’entreprise et les postes de travail des salariés" précise Stéphanie Ragu.

Un marché de l’emploi toujours en tension

En ce qui concerne l’emploi, la crise du Covid-19 a eu des effets contrastés. Il a ainsi freiné la mobilité des salariés et accentué la pénurie de candidats, déjà existante, pour les profils les plus recherchés : « Les collaborateurs réfléchissent désormais à deux fois avant de quitter un poste en entreprise » constate Stéphanie Ragu, qui « peine à recruter pour certaines missions ». Dans le même temps, « certains métiers comme ceux de techniciens en data center deviennent à nouveau recherchés » note la présidente de Medinsoft, quand de nouveaux émergent. C’est le cas de ceux liés au Cloud, au SaaS, aux data center, à la cybersécurité, l’IA (Intelligence artificielle) ou encore l’IoT, avec l’essor des objets connectés. Si le niveau de qualification requis reste élevé (Bac + 4 minimum pour un développeur), « il reste possible de se former, afin d’évoluer au sein des entreprises. On peut ainsi démarrer comme technicien hotline et devenir administrateur système ou réseau » avance la présidente de Medinsoft, qui conseille aussi aux candidats de ne pas négliger l’alternance, notamment pour « les profils juniors ».