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«On rend un grand service pour le maintien à domicile, on apporte du bien-être aux gens qui en ont besoin, on les soutient quand ils sont le plus fragiles»

Depuis 70 ans, la Fédération de l’Aide à domicile en milieu rural (ADMR) de l’Aube et ses 37 associations de service à domicile s’attèlent à préserver l’autonomie des personnes âgées ou en situation de handicap. Audrey Bougel, en charge des recrutements, évoque ces métiers à la fois exigeants et indispensables.

Publié le  04/04/2025

Comment fonctionne le réseau ADMR de l’Aube ?


L’ADMR est implanté en ruralité pour accompagner les familles avec les enfants, les personnes âgées, personnes en situation de handicap. Nous regroupons des associations du service d'aide et d'accompagnement à domicile, pour être en proximité avec nos bénéficiaires. On a également le service de soins infirmiers à domicile qui emploie uniquement des aides-soignant(e)s diplômé(e)s d'État, et des infirmièr(e)s coordinateur(rice)s pour animer les équipes. Une équipe de psychologues est également à l'écoute des bénéficiaires et des proches aidant(e)s. Elle peut aussi, en plus d’une plateforme d’écoute, venir en appui, en soutien aux équipes terrain.

 

Quels sont actuellement vos plus gros besoins en recrutement ? Quels sont les métiers en tension à l’ADMR Aube ?


Nous recrutons en moyenne 180 personnes par an. A l’ADMR de l’Aube, nous avons plus d’entrants que de sortants, on est sur une courbe croissante. Aujourd'hui, nous avons de gros besoins sur les métiers d'assistant(e) de vie, auxiliaire de vie et aide-soignant(e). La difficulté est de recruter du personnel formé. On rencontre des personnes qui ont une appétence pour ce métier, née d'un accompagnement d'un proche, d'une maman, d'un grand-parent qui a suscité un intérêt pour ce métier. On doit les accompagner sur la montée en compétences tout au long du parcours. C'est la plus grosse difficulté. On fait du tutorat, on met en place des formations, on a également tout un processus d'intégration avec des fiches métiers, outils, bonnes pratiques pour permettre aux équipes d'être autonomes sur le terrain. Notre particularité, c'est qu’on intervient à domicile, donc la mobilité est le frein le plus important, surtout auprès des plus jeunes, qui n'ont pas de permis, ou pas les moyens de financer un permis ou l’achat d’un véhicule. France Travail et les missions locales nous accompagnent mais ça reste une difficulté majeure.
L’aide à domicile, c’est aujourd'hui un métier vraiment complet, c'est-à-dire qu’on accompagne tous les gestes de la vie quotidienne : aide au lever, au coucher, soins d'hygiène corporelle, préparation de repas, aide à la prise de repas, entretien du linge du domicile… On inclut également l’accompagnement à des rendez-vous médicaux par exemple. Et pour ça, il faut être mobile. Pour pallier cette difficulté, l’ADMR a noué des partenariats pour aider à l’achat, à la réparation ou au prêt de véhicule.


Outre la mobilité, avez-vous identifié d’autres freins au recrutement ?


L'autre particularité de ces métiers, c’est la grande amplitude horaire, en général de 7h à 20h, même si ça peut être plus tôt encore et plus tard. En tant que salarié(e), ça paraît énorme mais si on se place du côté d’une personne âgée par exemple, le temps n’est plus le même. Elle est parfois réveillée depuis 5h du matin, alors démarrer à 7h, c’est deux heures d’attente déjà. Pour le soir, c’est pareil, se coucher avant 20h, ça peut aussi être difficile. Bien sûr, l’ADMR essaie d’adapter au maximum ce qu’elle propose en termes de salaires, primes, avantages, ou encore frais de déplacement. On a également mis en place une prime tutorat pour valoriser la transmission du savoir des compétences métier. C'est un métier où on doit faire preuve de beaucoup d'adaptabilité. On travaille avec des coupures qui peuvent durer de 30 minutes à 5 heures, trois maximum dans une journée. C'est également un métier physique. Il faut avoir de l'endurance physique et psychologique, une bonne posture parce qu’on manipule, on accompagne les personnes quelquefois sur des soins plus compliqués, parfois avec des troubles cognitifs. Mais c'est avant tout un métier humain, très riche où on apprend tous les jours, et avec un objectif : le maintien de l'autonomie le plus longtemps possible à domicile.

«C'est avant tout un métier humain, très riche où on apprend tous les jours, et avec un objectif : le maintien de l'autonomie le plus longtemps possible à domicile»


Que pensez-vous de l'éclairage donné sur ces métiers durant la semaine du soin et de l'accompagnement ?


Durant cette semaine thématique, on fait pas mal de job dating et des permanences, notamment dans les agences France Travail des secteurs qui concentrent le plus de difficultés de recrutement. A Bar-sur-Aube par exemple, je fais une permanence une fois par mois le vendredi matin, de façon à rencontrer d’éventuels candidats. Je présente le métier, les particularités, les avantages et les inconvénients. En tout cas, j'essaie de sensibiliser sur la réalité du métier.


Quels sont les dispositifs qui fonctionnent bien pour recruter dans ce secteur ?


Les immersions peuvent valider un projet de reconversion professionnelle. Mais nous avons toujours ce frein à la mobilité qui empêche souvent le candidat d’aller plus loin. La préparation opérationnelle à l’emploi individuelle (POEI) est un très bon levier. Ça soulage les équipes puisqu’on fait beaucoup de recrutements, 180 en moyenne à l'année, donc on sollicite régulièrement des tuteurs pour accompagner la montée en compétences des nouvelles recrues. Forcément, ça prend du temps, c'est également fatigant. La POEI va soulager les tuteurs au niveau de l'accompagnement sur les compétences techniques du métier. Pour la théorie, nous travaillons en partenariat depuis de nombreuses années avec le centre Afpa.

Avec France Travail, on a également mis en place cette année, la Méthode de recrutement par simulation (MRS), un formidable outil qui nous permet aussi de gagner du temps. On place les gens en situation pour détecter les habiletés.


Si vous deviez résumer en quelques mots ce qui fait l’attrait de ces métiers, que diriez-vous ?

 

C’est un beau métier, valorisant, humain, qui apporte beaucoup de satisfaction. On apprend beaucoup de choses auprès des personnes qu’on accompagne. On rend un grand service pour le maintien à domicile, on apporte du bien être aux gens qui en ont besoin, on les soutient quand ils sont le plus fragiles.

On accompagne nos ainés et les personnes en situation de handicap sans jugement parce que lorsqu’on intervient au domicile, on doit s’adapter à ce tout ce qu'on peut rencontrer. Il faut être réactif, avoir des compétences solides, un savoir-être, ce n'est pas simple mais c'est un beau métier.

> Retrouvez les chiffres clefs du secteur en Grand Est dans notre infographie chiffres clefs

> Le Gouvernement, en collaboration avec France Travail, a lancé en novembre 2024, la plateforme Prendresoin.fr dédiée aux métiers du soin et de l’accompagnement social.

> Le réseau ADMR de l’Aube

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