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Nina Compas, Fédération Nationale des Travaux Publics : «Les TP, ce sont des métiers qui contribuent à notre qualité de vie»

Canalisateur, maçon VRD, conducteur d’engins… Ces métiers dessinent nos villes et nos campagnes, contribuent à notre confort de vie tout en facilitant nos déplacements. Ces métiers du TP recrutent en Grand Est comme nous l’explique Nina Compas, déléguée emploi-formation Grand Est pour la FNTP. Interview

Publié le  14/10/2025

Pouvez-vous nous dresser un portrait du secteur des travaux publics en Grand Est d'un point de vue économique, de l’emploi, et du recrutement ?


D’un point de vue économique, 2025 est une année stable par rapport aux années précédentes, avec un bon niveau économique et par conséquent un bilan plutôt positif en termes de recrutement et de formation. On a sorti une étude en janvier 2025 sur les besoins en recrutement des entreprises de travaux publics en Grand Est pour les trois ans à venir. 94% des entreprises répondantes ont l'intention de recruter dans les trois ans, ce qui représente un volume de plus de 2 000 recrutements à l'échelle du territoire. Les métiers les plus demandés sont conducteur(trice) d'engins, chef(fe) de chantier, canalisateur(trice). Du côté de la formation, plusieurs initiatives se mettent en place, notamment cette collaboration à Strasbourg avec France Travail, à destination d’un public primo-arrivant. L’idée est de les former au métier de Maçon VRD tout en leur enseignant la langue française à travers un parcours FLE. Bien sûr, comme toujours dans les travaux publics, notre santé économique est corrélée de manière structurelle aux cycles municipaux de l'année prochaine et bien évidemment au contexte politique national qui peut avoir un vrai impact en termes d'activité économique pour les entreprises de travaux publics. 
Mais pour le moment, cela reste difficile à mesure et de manière générale, au vu de la pyramide des âges de notre secteur, on aura toujours besoin de recruter. 

Comment ont évolué les métiers dans les travaux publics avec les nouvelles technologies, le développement de l’IA, l’importance de l’impact écologique et environnemental ? 

Depuis quelques dizaines d'années maintenant, la mécanisation et les nouvelles technologies ont changé beaucoup de choses. On va par exemple équiper les engins de chantier de caméras à 360 degrés, les programmer avec des données GPS, assurer le suivi du chantier sur tablette plutôt que sur papier. Ensuite nous avons également toutes les implications de l’IA dans nos métiers. Et même si la première application est plutôt administrative, dans quelques années nous savons que l’IA sera également présente sur nos chantiers. Pourquoi ne pas programmer des engins sur les quantités à excaver de manière automatique par exemple ? Ce qui est sûr, c'est qu’il faut prendre le train en marche le plus tôt possible. Notre fédération nationale a d’ailleurs publié un livre blanc disponible sur le site internet de la FNTP. Et nous organisons régulièrement des conférences à destination de nos adhérents. La dernière s’est tenue à la Foire de Châlons.

«Aujourd’hui nous avons une qualité de vie qui nous paraît normale, mais qui n'existerait pas sans ces métiers-là. Ça, c'est très valorisant dans un monde professionnel où on est en quête de sens»


Selon vous, quels sont aujourd’hui les principaux freins au recrutement dans les TP ?


Le secteur des travaux publics souffre encore d'un manque de visibilité et également de certains préjugés, notamment ceux liés à la mixité, à la pénibilité, ou encore au déroulement de carrière. Pourtant le secteur avance. Nous engageons des actions pour promouvoir des métiers qui ont du sens. On construit des infrastructures pour tous, pour se déplacer, pour avoir accès à l'eau, à l'électricité, à Internet… Aujourd’hui nous avons une qualité de vie qui nous paraît normale, mais qui n'existerait pas sans ces métiers-là. Ça, c'est très valorisant dans un monde professionnel où on est en quête de sens. Ce sont également des métiers où on travaille beaucoup avec les autres, en équipe, une vraie source d’enrichissement personnel. C’est aussi un secteur qui une vraie diversité au quotidien : chaque chantier est différent, que ce soit sur la réalisation de terrain, sur la conception, sur la technique. Ça peut être stimulant aussi d’avoir des journées qui ne se ressemblent pas. Pour les personnes en recherche d'emploi ou qui sont dans la construction d'un parcours professionnel, on valorise notamment la prise en compte du volet environnemental et l’opportunité de contribuer aux transitions écologiques. On a aussi des niveaux de rémunération et des avantages sociaux relativement intéressants, ça compte également. Et puis les opportunités professionnelles sont nombreuses, que ce soit en prise de responsabilité, changement de parcours, formation continue tout au long de sa carrière professionnelle… Dans les travaux publics, on peut avoir un parcours professionnel vraiment intéressant. C’est un secteur aussi très ouvert à des profils assez divers. On peut entrer dans les travaux publics avec un CAP et évoluer vers des postes d’encadrement avec de l’envie et de l’expérience. Il y a peu, lors d’une visite de chantier, un conducteur de travaux expliquait à des jeunes qu'avant il était responsable informatique. Donc on peut également venir d'un tout autre univers se créer un parcours professionnel grâce à la formation dans ce secteur-là.

Vous avez évoqué la diversité. Justement, quelles actions concrètes mettez-vous en place dans les entreprises pour accueillir des femmes ?


La féminisation est un sujet important pour nous, notamment sur le volet emploi et recrutement. Dans le secteur des TP, nous sommes conscients de notre marge de progression car aujourd’hui, en Grand Est, les femmes, tous métiers confondus, représentent à peu près 10% des effectifs. Avec des différences entre métiers car elles occupent moins de 2% des métiers de terrain, contre 25% des métiers de cadres ou d’ETAM. C’est mieux qu'il y a quelques années, mais il y a encore des progrès à faire. On met en place un panel d'actions de recrutement ou de formation dédiées au public féminin. On va aussi essayer de mener des actions de sensibilisation vis-à-vis des jeunes filles pour les inciter à s'orienter vers nos métiers. Le BTP CFA propose notamment un dispositif, le BTP plus, qui a pour objectif de repérer et d'accompagner des jeunes filles vers les métiers du BTP par la voie de l'apprentissage. Pour les femmes déjà en emploi dans le BTP, il existe le dispositif des «crèches de la construction» qui permet à nos femmes salariées d’être plus tranquilles côté garde d’enfants, parce qu’on sait que ça peut parfois jouer sur l'évolution professionnelle et la carrière. Les entreprises développent également une culture de la mixité, c'est bénéfique pour les équipes, ça apporte une autre dynamique. Être une femme et diriger une équipe d’hommes, ce ne doit plus être exceptionnel.


Comment travaillez-vous avec les équipes de France Travail ?


On essaie ensemble de monter de monter des actions de terrain et de proposer un panel d'outils adapté à chaque public, qu’on peut d’ailleurs retrouver sur notre site fntp.fr. Bien évidemment, nous participons à la Semaine des métiers du bâtiment et des travaux publics menée avec France Travail. Cette année, avons planifié une dizaine d'actions en Grand Est. On essaie également de monter des actions de formation de type préparation opérationnelle à l’emploi. Depuis un an, nous avons Un accord cadre national et une feuille de route qui structurent notre collaboration. Au niveau régional, nous avons des échanges réguliers pour coordonner nos actions, ce qui est plutôt intéressant. Nous essayons de répondre également aux besoins des entreprises, en fonction de leur bassin d’emploi Chaque territoire est différent, nous adaptons nos actions : visites de chantier, interventions, immersions… 
Nous participons aussi à des initiatives innovantes, comme l'agence France Travail de Bezannes qui a créé un Trivial pursuit spécial travaux publics.

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