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« Il manque 15 000 ambulanciers en France »

Premier Maillon de la chaine de soins, ambulancier(ère) et auxiliaire ambulancier(ère) est aujourd’hui un métier qui recrute fortement, notamment en Grand Est. Anthony Poirel, ambulancier depuis 34 ans, à la tête de deux entreprises et d’une trentaine de collaborateurs, formateur, trésorier et Président de la commission formation de la Chambre nationale des services d'ambulance, coanimera deux ateliers à Nancy et Metz dans le cadre de la Semaine des métiers du transport et de la logistique. Interview.

Publié le  17/06/2025

Que vous diriez aujourd'hui du métier d'ambulancier, de son évolution et de ses perspectives ?
L'ambulancier, c'est le premier maillon de la chaîne de soins. A l’heure des déserts médicaux, de la restructuration de l'offre de soins notamment dans les hôpitaux, on a besoin de professionnels de santé comme les ambulanciers. En milieu rural quand une personne âgée doit se rendre à une consultation, elle a besoin d’ambulanciers. Développer l'ambulatoire pour réduire les coûts des hôpitaux, ce n’est possible qu’avec des services d’ambulances qui fonctionnent.
L'ambulancier diplômé d'État, c'est avant tout un professionnel de santé, et pas uniquement un transporteur sanitaire qui emmène des personnes en consultation. L'ambulancier est formé pour protéger, rassurer, accompagner le patient. À tout moment, il peut se trouver face à une dégradation de l’état général du patient, même sur un transport non urgent.

Il est également formé à l’urgence préhospitalière pour intervenir dans le cadre des missions urgentes demandées par le SAMU. En Meurthe-et-Moselle, 7 jours sur 7, 24 heures sur 24, sur tous les secteurs, les ambulanciers privés mettent à disposition du Samu une ambulance et un équipage.
En 2021 le diplôme d'État d’ambulancier a été revu. La formation est passée de 630 heures à 801 avec des nouvelles compétences, comme par exemple réaliser un électrocardiogramme, ou administrer certains médicaments, toujours sous prescription du médecin. On a upgradé les compétences de nos collaborateurs.

Aujourd'hui, selon vous, comment se porte le secteur ? Quels sont les besoins en recrutement, en formation ?

Il manque à peu près 15 000 ambulanciers en France, 3 000 à 4 000 en Grand Est, même si ça va un petit peu mieux parce que la profession s'organise. On travaille beaucoup avec France Travail, notamment à travers une convention nationale pour les secteurs en tension, ce qui nous donne accès à un vivier de candidats. Même si on doit bien avouer qu’il reste très peu d'élus à la fin, c'est dommage. On bénéficie également d’un accompagnement structuré pour le recrutement avec de nombreux outils à notre disposition, des solutions d'immersion, de pré embauche, d'aide à l'embauche, etc.
En dehors des besoins humains, la profession a également des besoins organisationnels. Il faudrait qu'on puisse avoir une meilleure coordination avec les établissements de santé. On demande par exemple des salons d'attente, où on peut retrouver nos patients une fois sortis de consultation. Ça nous permettrait de mieux organiser les transports et de pratiquer plus de simultané et de diminuer l’attente au niveau de la prise en charge.
En termes de formation, on aimerait plus de candidats. Là aussi on est en discussion avec la Direction générale de l’offre de soins (DGOS) pour essayer de faciliter l'accès au diplôme d’état. On souhaite que les auxiliaires ambulanciers avec déjà une expérience puissent bénéficier d’une VAE.
Ces personnes travaillent déjà dans nos entreprises et peuvent valider certaines parties du diplôme, notamment la réglementation, la déontologie.

On travaille également sur les 18-23 ans, qui représentent 2% de nos effectifs aujourd'hui, notamment sur le permis probatoire. Pour être ambulancier aujourd’hui, il faut trois ans de permis minimum ou deux ans en cas de conduite accompagnée. Une contrainte qui est un frein considérable pour les jeunes car ils se retrouvent bloqués par cette période probatoire. Bien souvent ils n’attendent pas les deux ou trois ans mais s’orientent vers un autre projet professionnel et on ne les revoit plus. Aujourd'hui, nous négocions avec la DGOS, pour déroger à la règle du permis probatoire, comme ça se fait déjà dans d'autres métiers du transport. La dérogation permettrait à un jeune de 18 ans, inscrit obligatoirement à formation du diplôme d'État, de passer outre le prérequis des trois ans, en contrepartie d’un module de 35 heures de perfectionnement à la conduite.

Comment ont évolué les conditions de de travail, les salaires, les perspectives de carrière… ?

Cela évolue plutôt dans le bon sens. Depuis les années 2000, notre profession s'est structurée. Au sein de la convention collective des transports routiers et autres activités, on bénéficie d’un accord-cadre qui fixe le temps de travail journalier, les temps de pause, les indemnités repas ainsi qu'un Salaire Mensuel Professionnel Garanti. En interne, l’ambulancier peut évoluer en suivant une formation pour devenir régulateur, facturier voir même Responsable d’exploitation dans certains cas

Le diplôme d’état permet également de bénéficier de passerelles vers d’autres professions de santé comme aide-soignant ou infirmier.

Si vous aviez juste quelques mots pour donner envie aux gens de découvrir les métiers d'ambulancier ?
Ambulancier, c'est bien plus qu'un métier, c'est une vocation ! Être ambulancier, c'est se tourner vers les autres, c'est être en première ligne face à l'urgence, c'est porter soutien à ceux qui en ont le plus besoin, se sentir utile et engagé. Mais c’est aussi protéger, rassurer les patients, et vivre un quotidien chaque jour différent. Aucune journée se ressemble, chaque intervention est unique, chaque patient est différent. Nous avons des contraintes comme les permanences de nuit, ou de weekend, des horaires décalés, mais c’est aussi ce qui rend ce métier stimulant. C’est un métier profondément connecté aux réalités humaines de notre société. Le métier d'ambulancier est un métier valorisant, enrichissant mais exigeant.

« Ce qui me plaît, c’est qu’on n’est jamais dans la routine ! »

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Julie, 24 ans, titulaire d’
une licence de biologie moléculaire et cellulaire, auxiliaire ambulancière, sera en formation à partir du 18 juin pour passer le diplôme d’état d’ambulancier-ère. Plus qu’un métier, une véritable vocation née d’un job d’été…

Je suis arrivée dans le métier un petit peu par hasard, par le biais d’un job d’été quand j’étais encore en licence. J'ai fait un remplacement d’un mois et ça m'a beaucoup plu. A la fin de ma licence, je ne voulais pas du tout travailler dans le secteur de la biologie moléculaire et j’avais toujours en tête ce job d’ambulancière… Je suis donc revenue travailler dans les ambulances, et j'ai passé mon diplôme d’auxiliaire ambulancier, ça fait trois ans maintenant. Et le 19 juin, je commence ma formation pour passer le diplôme d'État d'ambulancier en alternance.

Je me suis rendu compte que je n’étais pas faite pour la recherche et que j'étais très heureuse dans une ambulance ! C’est un métier où on ne fait jamais la même chose, et qui marie l’aspect santé et l’aspect conduite. On fait du transport mais aussi de l'urgence pro hospitalière. On est sans arrêt au contact des gens, du coup on est toujours dans l'apprentissage pour s'améliorer au niveau de l'écoute du patient ou au niveau des compétences. Au niveau travail, c'est super enrichissant. En fait, ce qui me plait avant tout c’est qu’on n’est jamais dans une routine !

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