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Une expérience inédite, sept jours pour créer une entreprise 100% féminine
En 2020, conjuguer le verbe «entreprendre» au féminin ne va toujours pas de soi. Même si l’évolution est positive depuis le plan «Entreprendre au féminin» lancé en 2013, les freins, à la fois sociaux, professionnels et familiaux, demeurent. Fortes de ce constat, des structures se montent et coopèrent pour faire émerger des solutions d’accompagnement aux femmes porteuses de projet, et titiller la fibre créatrice d’une majorité d’entre elles qui hésite encore à se lancer. En Moselle, deux femmes ont décidé d’agir.
Publié le 06/03/2020
Emmanuelle Beyer, directrice de Cap entreprendre «coopérative d’activités et d’emploi multi-métiers» travaille en étroite collaboration avec Solange Traore, conseillère au pôle emploi de Forbach, sur des projets innovants, des initiatives où la pratique prime sur la théorie. En décembre dernier, elles se lancent un défi : monter une coopérative éphémère avec huit femmes de Forbach et Farebersviller, très éloignées de l’emploi. Une semaine pour créer une entreprise, un vrai challenge ! Ou comment à travers une action collective apporter des réponses concrètes à des femmes en difficultés. «Après avoir identifié des femmes, nous les avons reçues en information collective» explique Solange Traoré. «Nous avons été très proches d’elles. Ensemble, nous avons co-construit tout un dispositif, un programme d’une semaine, pour leur permettre de monter une entreprise». Outre les indispensables ateliers marketing et administratifs, le travail sur la production, le conditionnement et la commercialisation, Cap Entreprendre et Pôle emploi travaillent également sur la personne. «Avec des séances orientées sur l’estime de soi, la prise de parole en public, le bien être, nous avons vraiment voulu qu’elles se sentent bien et surtout en confiance. Un coiffeur leur a même offert une coupe de cheveux gratuite».
A Forbach, un MOF se lance dans l’aventure !
Et qui dit entreprise dit commercialisation de produit, là encore place à la co-construction. «Il fallait imaginer et développer une production courte pour pouvoir la commercialiser rapidement. Très vite, elles ont proposé le cookie. Collectivement, nous avons cherché un partenaire local capable de prêter du matériel, de l’équipement, et surtout du temps à consacrer à ce projet» précise Emmanuelle Beyer. A Forbach, Jérôme Schwalbach, Meilleur ouvrier de France, se porte candidat pour cette expérimentation inédite. Non seulement il accueillera ces huit femmes dans sa boulangerie, La Mine de pain, mais en plus elles travailleront avec lui sur une recette inédite de cookie en revalorisant un produit destiné à la poubelle : la drèche. Ce résidu de la bière du pain produite par la Brasserie du Schoeneck est riche en fibres et en protéines. Elle trouve là une seconde vie. Un symbole tout trouvé et une façon de concilier valeurs sociales et environnementales.
«En deux demi-journées, Jérôme Schwalbach s’est occupé de ces femmes. Elles ont ainsi réalisé 2000 cookies ensemble et créé le packaging, la mise en boite. Ensuite, elles ont commercialisé leur production sur les marchés de Noël de Forbach et de Metz. Elles ont approché tous les aspects de la création, de la production, de la vente… et de la promotion puisqu’elles ont fait des interviews, des reportages TV» raconte Emmanuelle Beyer.
L’important, c’est l’énergie et l’impulsion
D’expérience, la directrice de Cap Entreprendre, par ailleurs marraine de l’entrepreneuriat féminin en Grand Est, sait que l’important, c’est le petit coup de boost impulsé par cette création. «On voulait démontrer ici que le collectif est important, que si tout le monde s’implique, on peut aboutir sur quelque chose de positif. Lorsqu’il y a une activité forte, intense, sur un temps court, même s’il n’y a pas d’emploi au bout, il y a une énergie, un coup de boost, un réseau qui se crée». Car très souvent, les femmes restent dans une dynamique assez prudente, cherchant avant tout la sécurité. D’ailleurs, elles sont nettement plus nombreuses que les hommes dans les coopératives.
Solange Traoré analyse très bien les freins à l’entrepreneuriat féminin et détectent même les non-dits. «Souvent les femmes ont des enfants, un ménage, elles veulent sécuriser avant tout. Bien souvent, quand elles disent que leur enfant ne veut pas aller en crèche, il faut analyser que dans la majorité des cas, ce sont elles qui ne veulent pas laisser leur enfant en crèche».
On voulait démontrer ici que le collectif est important, que si tout le monde s’implique, on peut aboutir sur quelque chose de positif
Le 10 mars, rendez-vous au Breakfast meeting
Mais le travail commun de Solange et Emmanuelle ne s’arrêtent pas là. Elles organisent avec d’autres partenaires la seconde édition du Breakfast meeting, journée de l’entrepreneuriat féminin le 10 mars prochain au pôle emploi de Forbach Ville Haute (Moselle) dans le cadre de la Semaine nationale de l’entrepreneuriat féminin. Une demi-journée pour encourager les femmes à envisager la création d’activités ou d’entreprises, a minima à se donner les moyens d’essayer à travers une approche ludique et bienveillante. A travers des scénettes jouées avec des demandeuses d’emploi et des partenaires, sur des sujets comme le sexisme, la charge de travail et l’adéquation vie pro/vie perso ou encore l’importance de se faire accompagner dans son projet, l’équipe sensibilise et enclenche la réflexion. «C’est un format innovant très apprécié, précise Solange Traore. Des «débats en plaidoirie» permettent après chaque scénette d’échanger et de chercher une «moralité» à ces petites histoires. L’idée c’est qu’à l’issue, elles soient toutes motivées pour reprendre leur vie en main».
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