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club RH #4 : Management participatif: une nouvelle dynamique pour l’entreprise ?
La 4ème édition du Club RH Pôle emploi Bourgogne-Franche-Comté s'est déroulée le 20 mars à Besançon et le 28 mars à Dijon. 70 DRH et dirigeants avaient répondu présents à cette occasion.
Publié le 31/12/2017
L’ENTREPRISE LIBÉRÉE, AU CŒUR DE CE NOUVEAU RENDEZ-VOUS DU CLUB RH
Frédéric Danel, directeur régional de Pôle emploi Bourgogne-Franche-Comté a tout d'abord tenu à remercier les participants, soulignant également l'arrivée de nouveaux membres au sein du club RH : "C'est un plaisir de vous retrouver, comme nous le faisons depuis maintenant 3 ans à Dijon et à Besançon.'' Il a poursuivi par un point de conjoncture et d'actualité régionale : "Les indicateurs convergent, un début de reprise économique est perçue : intérim à son plus fort niveau, hausse du nombre d’offres d’emploi recueillies, progression des déclarations préalables à l’embauche… tous ces indicateurs sont en augmentation. Mais en corollaire, et on le perçoit, vous rencontrez de plus en plus de difficultés pour recruter rapidement le bon profil. Notre mission est bien d'accompagner les demandeurs d'emploi et de répondre le plus rapidement possible à vos besoins. Nous mobilisons tous les leviers disponibles, notamment dans la période avec le plan d'investissement sur les compétences qui permettra d'accompagner d'avantage de candidats vers l'acquisition de nouvelles qualifications. En parallèle, et nous travaillons avec vous employeurs, comme avec les demandeurs d'emploi, sur les compétences, comme moyen de faciliter la rencontre entre l’offre et la demande.''
"Chacun va être libre d’entreprendre ce qu’il pense bon pour l’entreprise."
L'animation des échanges sur le thème de l’entreprise libérée a été assurée Bertrand Dalle, directeur Général de Conseil et Recherche, structure leader dans l’intervention de chercheurs en entreprise sur les domaines de l’organisation, du management, des ressources humaines. Il a en particulier, mené différents travaux de sociologie auprès de grands groupes engagés dans des démarches d’entreprises dites "libérées".
Pendant plus d'une heure, Bertrand Dalle a présenté les principaux enseignements qu'il a pu observer dans la démarche de "libération" engagée par les entreprises. Il est tout d'abord revenu sur les grands principes de l'entreprise libérée, en citant notamment Isaac Getz, professeur à l'SCP Europe, connu pour avoir théorisé cette notion et l’avoir popularisée en France : "Tout va partir d'un constat : on va supprimer les règles qui régissent les 3% des personnes pour lesquelles elles ont été créées et libérer les énergies pour les 97 % des autres.''
Travailler... sur le travail empêché* plus que sur la libération de l'entreprise
"Toute la question est de détecter ce qui, dans nos activités professionnelles, constitue le travail empêché. L'enjeu est donc de redonner à chacun la possibilité de prendre des initiatives, des espaces de liberté là où aujourd'hui le système au sens large l'en empêche."
Depuis environ 4 ans, nombre d’entreprises travaillent sur ce sujet, avançant prudemment et sans bruit : "C’est un mouvement itératif, on ne sait jamais à l’avance si les choses vont fonctionner."
*terme porté par Yves Clot, Professeur de psychologie du travail
Les raisons de l’engagement dans la démarche
"Bien sûr ces démarches visent à améliorer la performance sociale et opérationnelle des entreprises qui se lancent, toutes portées par un dirigeant qui porte à bras le corps le projet. Mais il y a d’autres facteurs. On doit faire face à du désengagement, de l’absentéisme qui peut représenter une réaction plus simple que de lutter contre un système figé, une hiérarchie ultra structurée. On a également un déficit d’innovation important en France, et il faut prendre conscience que ce ne sont pas forcément les services de Recherche et Développement qui vont créer les services innovants de demain."
Les points clés des transformations observées dans les entreprises libérées
• L’absence de ''modèle entreprise libérée''.
Chacun construit son projet avec sa singularité, une philosophie qui implique d’écarter de la démarche les standards et process.
• Une démarche portée par la direction générale
Il est nécessaire que la direction générale soutienne et protège la démarche de libération.
• Un ensemble coordonné d’actions
Certaines caractéristiques ont été identifiées dans les entreprises engagées, elles ne sont pas mises en place de la même manière d’une entreprise à l’autre. Prises une à une, elles ne sont pas nécessairement innovantes. L’intérêt sera davantage de laisser choisir celles qu’il conviendra d’activer, sans les imposer.
• Un "leader" n’est pas nécessairement un "manager"
Les leaders sont ceux qui ont envie d’être des "locomotives", de développer de nouvelles idées de tous ordres.
• Libération ne veut pas dire anarchie
L’autonomie est toujours une affaire de cadre. Dans l’entreprise libérée, il s’agit bien de préciser les règles qui encadrent la liberté.
• Le chemin de la transformation est long
C’est un chemin long basé sur l’apprentissage collectif. Le changement managérial et organisationnel suppose d’abord un changement culturel.
Retour sur les échanges en table ronde

Des entreprises régionales déjà engagées dans des démarches analogues.
Pendant les échanges, les exemples sont nombreux quel que soit le secteur d’activité : détection des talents, participation aux négociations sur la rémunération, mise en place de challenges innovation, bourse au volontariat, espace d’expression ou réaménagement des locaux.... Toutes ces actions, souvent reliées à la qualité de vie au travail vont faciliter l’implication et contribuer à libérer les énergies.
Une démarche qui interroge
Ces démarches correspondent bien aux attentes des jeunes générations, attirées par ces nouveaux modes de management, la question est de faire en sorte d'embarquer l'ensemble des salariés. Beaucoup s'interrogent également sur le temps nécessaire pour se lancer dans la démarche et les impératifs de productivité, notamment dans les petites structures ou dans le secteur industriel. Enfin, certains témoignent de leur place, en tant que manager de proximité avec la sensation d'être parfois pris entre deux feux : entre la pression des résultats, et la volonté de s'engager dans une démarche libérative. À l'issue des ateliers, Frédéric Danel a remercié l'ensemble des participants, en les conviant au prochain rendez-vous fixé à la rentrée prochaine : "Nous poursuivrons certainement sur ce sujet, et cette fois-ci nous pourrons aussi vous présenter la manière dont nous avançons à Pôle emploi, avec notamment une agence embarquée dans ce type de démarche depuis septembre dernier dans notre région."