Enquête BMO 2025 : Un marché qui se stabilise

Trois-quarts des besoins en recrutement exprimés par les entreprises aboutissent aujourd’hui à une embauche effective. Un signal fort pour la région, au taux de chômage le plus bas à 5,9%, qui affiche de nouvelles perspectives positives en matière d’emploi. « L’enquête BMO, au-delà de l’identification des tensions sur certains métiers, permet de mieux comprendre les évolutions du marché du travail et de renforcer nos liens avec les entreprises. Ce sont autant d’opportunités pour les candidats que nous accompagnons », soutient Angélique Goodall, directrice régionale de France Travail Bretagne.

Dans l’hôtellerie-restauration, où un tiers des recrutements saisonniers se concentrent, l’enjeu est de taille. Pour répondre à cette forte demande, des initiatives innovantes voient le jour pour rendre les métiers plus attractifs. Des opérations "restaurants éphémères" sont ainsi organisées : les candidats sont mis en situation réelle face aux recruteurs, permettant à ces derniers d’évaluer directement la qualité des plats préparés ou du service en salle. Cet affranchissement des méthodes traditionnelles basées sur le CV offre aux demandeurs d’emploi une immersion concrète et les aide à conforter leur projet professionnel.

Au classement des métiers les plus recherchés, trois professions se distinguent par leur forte progression : les agents de billetterie dans le tourisme (avec une demande croissante dans les mairies littorales ou les campings), les professionnels de l’action sociale locale, et les ingénieurs et cadres d’études en informatique. « Tout l’enjeu est de renforcer la mise en relation entre les candidats et les entreprises », rappelle Nicolas Maxime, responsable statistiques, études et évaluation. Alors que de nouvelles dispositions 2025 issues de la loi pour le plein emploi visent à inscrire toutes les personnes en recherche d’emploi, la mobilisation sur le terrain pour détecter de nouveaux talents est de mise.

« Les entreprises ne sont plus dans la sélection, mais la séduction des candidats »

Les entreprises bretonnes font face à des difficultés persistantes pour embaucher. Dans la construction, 75% des recrutements sont considérés comme compliqués, même si une légère amélioration est observée. Améliorer l’efficacité des recrutement passe aussi par le déploiement de « task force » mobilisées sur le terrain. « Objectif : aller à la rencontre des entreprises, mieux comprendre leurs attentes et croiser les expertises avec celles d’autres acteurs locaux comme les CFA, les chambres de métiers et de commerce. L’ambition est de couvrir l’ensemble du tissu économique, y compris les plus petites structures, pour ne laisser aucune entreprise sans appui », explique Angélique Goodall.

Changer le regard sur le recrutement est aussi une priorité. Parmi les initiatives innovantes figure le CV recruteur, concept où l’entreprise présente ses atouts pour attirer les talents. Certains territoires, les plus grands en Bretagne, connaissent des tensions particulières : Rennes, Vannes, Brest, Saint-Brieuc et Lorient sont identifiés comme des pôles de recrutement difficile. « L’approche devient alors plus inclusive. Les entreprises sont encouragées à élargir leurs critères de sélection et à accueillir des candidats au profil atypique » explique Nicolas Maxime.
 
À travers ses actions comme les jobs datings ou les jobs trucks sillonnant la Bretagne, le groupement agroalimentaire Agromousquetaires multiplie les actions pour booster son attractivité. « L’enjeu est de fabriquer les compétences », rappelle Xavier Négrié, responsable formation et campus de la filiale. « Face aux départs en retraite et aux nouvelles attentes des jeunes générations, l’entreprise mise sur la formation continue, l’amélioration de la qualité de vie au travail et un management intergénérationnel. L’intégration des valeurs écologiques et des innovations technologiques participe aussi à moderniser l’image de secteurs traditionnels comme l’agroalimentaire ». En effet, la filiale recrute 700 ouvriers par an depuis plusieurs années, pendant que la plupart des établissements de tout secteur est moins en demande de recrutements, avec une baisse de 27,3%. 

Aujourd’hui, anticiper les recrutements, valoriser les savoir-être et fidéliser sont devenus essentiels pour répondre durablement aux besoins de recrutement.