À Saint-Brieuc, le hip hop est Uniques !

La Halle Maryonne Dupureur s’est vite transformée en bulle d’énergie. À peine la centaine de participants (80 demandeurs d’emploi, 20 recruteurs) à ce Stade Vers l’Emploi version hip-hop avait elle rejoint la piste d’athlétisme, transformée pour l’occasion, en dance floor, que Bouba Colorz a mis le feu dès « l’échauffage », terme qu’il a utilisé pour qualifier les échauffements. Cette puissance collective a vraiment animé cette journée briochine, cogérée par les trois agences France Travail de Saint-Brieuc Ouest, Saint-Brieuc Sud et Lamballe. L’événement figurait au programme de la première édition de Uniques, le festival de l’égalité des chances en action, coorganisé par France Travail et l’association Diversidays.

Chaque agence France Travail avait ainsi pour mission de faire rayonner ce festival, par la mise en place d’événements, en lien avec des partenaires de l’inclusion, dans le but, notamment de changer les mentalités des recruteurs. La Bretagne a ainsi tenu 45 événements les jeudi 15 et vendredi 16 mai.

Ne pas se donner de limites

« Dans le hip-hop, il y a cette culture sur la diversité, l’inclusion. Même si le support n’est pas le même, on parle le même vocabulaire et partage les mêmes convictions profondes, expliquait Chantal Lecoimte-Laumond, directrice de l’agence France Travail Saint-Brieuc Sud. Avant de débuter, on a discuté, avec Bouba, du danseur canadien Lazylegs, créateur du mouvement « Pas d’excuses, Pas de limites ». C’est un message très porteur au niveau du hip-hop, d’inclure, de dépasser ses propres limites, de ne pas se fermer à la diversité… C’est tout le message qu’on veut faire passer aux employeurs comme aux candidats : faire tomber les barrières et aller les uns vers les autres. Ce sont juste des humains qui parlent entre eux, de manière très décomplexée, dans le partage. »

Un message à la fois simple et fort, en parfaite résonance avec les habituels Stade Vers l’Emploi qui cassent les codes du recrutement, en permettant à chacun d’être lui-même, sans la barrière classique recruteur/recruté. Avec Bouba Colors et ses partenaires de « Nanterious Break », chaque groupe a appris à bouger son corps, appréhender l’espace et ne pas craindre le regard de l’autre, le jugement. Une manière également de renouer avec la confiance en soi. « On leur a vraiment donné la vraie image du hip hop : le partage, le sourire, le kif, l’humour, le lâcher prise et surtout de ne pas se donner de limites, ça, c’est une base de la vie ! Certains m’ont dit au départ qu’ils ne savaient pas danser, je les ai rassurés, confiait le danseur, invité à prendre part au festival Uniques par le directeur général de France Travail, Thibaut Guilluy, qui l’avait rencontré lors de stages organisés au Touquet. On a mis à l’aise tout le monde. Nous-mêmes, on a pris beaucoup de plaisir, on a tout donné. Du haut de mes 50 ans, j’ai aussi tout donné ! »

« L’anonymat permet une autre approche de l’embauche, mais aussi de l’autre »

Un sentiment partagé par les demandeurs d’emplois comme les employeurs présents. « J’ai trouvé ça très enrichissant. Je suis très timide alors, m’ouvrir aux autres, danser comme ça, apprendre des petits pas, échanger avec des personnes que je ne connais pas, c’était intéressant. Dès qu’il y a eu la musique, c’était très entraînant, on avait envie de danser avec eux », livrait Melissa, demandeuse d’emploi.

« C’était top. Faire en sorte qu’on soit tous dans l’anonymat permet d’avoir une autre approche de l’embauche, mais aussi de l’autre. J’ai fait de la danse classique pendant six ans. Là, c’était une première et j’ai réveillé des muscles que je croyais morts », souriait Nathalie, également en recherche d’emploi, après 30 ans dans le commerce. « Au départ, les gens avaient plus de réticences : il y avait une connotation hip hop de compétition, avec battle. Mais la force de persuasion des conseillers placement et entreprise a changé la donne. On avait aussi de bons retours sur les éditions précédentes, autour de l’athlétisme », se réjouissaient, en chœur, Anne-Sophie Lamandé et Eric Mounier, respectivement dirigeants des agences de Saint-Brieuc Ouest et Lamballe.