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Angélique Goodall : « Nous abordons l'IA comme un axe stratégique national »
Comment l'organisation et l'offre de services de France Travail s'adaptent-elles aux avancées de l'intelligence artificielle ? À l'occasion du Forum Économique Breton qui s'est tenu à Saint-Malo, les 11 et 12 septembre, Angélique Goodall, directrice régionale de France Travail Bretagne, a répondu à cette question au cours d'une conférence intitulée « La 4ème ère industrielle, destructrice ou créatrice d'emplois ? ». Cette nouvelle technologie va permettre un gain de temps considérable que les conseillers vont pouvoir réinvestir dans la relation humaine.
Publié le 19/09/2024
Peu à peu, l'intelligence artificielle (IA) bouleverse nos façons de travailler, de produire ou de consommer... C'est la raison pour laquelle le FEB a organisé, le 12 septembre, une conférence sur le sujet dans la salle du Grand Large, à Saint-Malo, en s'interrogeant sur la problématique: « La 4ème ère industrielle, destructrice ou créatrice d'emplois ? ». Angélique Goodall, directrice régionale de France Travail Bretagne, a échangé avec Franck Perrin-Morel, président du Medef 22, Elsa Thabart, directrice RH de Niji, Pascale Vieljeuf, directrice Prospective et Stratégie RH d'Orange, et Éric Balufin, directeur du Site Naval Group de Brest.
Du côté de France Travail, les transformations liées à l'IA sont abordées selon trois axes. « D'abord, elle bouscule l'organisation en interne, rappelle Angélique Goodall. Mais, de la même manière que nous avions acculturé nos équipes à la digitalisation, nous abordons l'IA comme un axe stratégique national. Notre DSI intègre cette nouvelle technologie à l'ensemble de notre offre de services, de nos outils et de nos manières de travailler. À titre d'exemple : notre chat FT, en interne, permet aux conseillers de gagner du temps dans la rédaction de leurs réponses à destination des demandeurs d'emploi ou des entreprises. Le temps économisé est réinvesti dans le contact avec nos publics », assure la directrice régionale. « Grâce à l'IA, nous avons également développé un outil conversationnel pour que les entreprises gagnent du temps dans leur recrutement ». Enfin, troisième axe : France Travail œuvre pour que les demandeurs d'emploi qui arrivent sur le marché du travail puissent acquérir les fondamentaux en vue d'être opérationnels sur ces outils.
Mais l'acculturation à l'IA peut entraîner des postures de résistance au sein des collaborateurs, qui peuvent s'inquiéter de la manière dont elle impactera leur manière de travailler. « On leur explique qu'il n'y a pas de plus-value dans le fait de passer trois heures à écrire un mail ou aller chercher une réponse relative à une réglementation. Sur ce point, l'IA les accompagne et les aide à mettre leurs compétences en avant. Quand nous leur expliquons cela, les conseillers deviennent confiants dans cette nouvelle technologie ».
Une charte éthique pour protéger
Une autre inquiétude peut être liée à la protection de la vie privée ou à l'absence de jugement humain dans le processus de décision. Angélique Goodall rappelle que la transformation de Pôle emploi en France Travail s'appuie sur l'idée de former un écosystème réunissant tous les acteurs de l'emploi, de la formation et de l'insertion. « Plus nous avons d’informations sur les individus que nous accompagnons et sur les entreprises qui recrutent, plus nous pouvons être pertinents pour réagir rapidement. Mais il faut évidemment préserver l'individu qui se trouve derrière. C'est pourquoi nous avons signé une charte éthique qui protège à la fois les individus et l'institution », explique la directrice régionale, qui rappelle que « c'est toujours l'humain qui porte la responsabilité d'analyser le partage de ces données pour orienter les politiques sur un territoire. Par exemple, quand les entreprises créent de l'emploi, mais que les salariés détenant les compétences nécessaires ne peuvent pas se loger, nous avons la responsabilité de partager ces informations pour définir, ensemble, un axe fort autour de l'accès au logement sur ce territoire », explique-t-elle.
L'IA reste un outil au service de l'humain. « Une machine est capable d'analyser un parcours. Mais la relation et le discernement appartiennent à l'humain. C'est lui qui sait déceler un potentiel, des habilités, des capacités, un savoir-être. C'est d'ailleurs toute la force du conseiller de pouvoir sensibiliser les recruteurs sur ces nouvelles approches autour de la relation humaine », insiste Angélique Godall. « Notre principal enjeu est donc d'accompagner cette révolution, pour que chacun soit à même d'utiliser l'IA dans son quotidien », conclut-elle.
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