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« Social Change » : un marché du travail où les règles ont changé
Invité à la table ronde « Entre quête de sens et salaire, mon cœur balance », lors de l’évènement RSE de l’agence API « Social change » à Rennes, Frédéric Sévignon, directeur régional de Pôle emploi Bretagne, a rappelé comment, dans un marché du travail qui s’est transformé, le service public de l’emploi aide les entreprises à recruter et à conserver ses collaborateurs.
Publié le 04/10/2023
Dans la salle Le Carré, du couvent des Jacobins, à Rennes, la table ronde « Entre quête de sens et salaire, mon codeur balance » a réuni trois personnalités pour évoquer les tendances actuelles et pérennes du marché du travail. Dans une région où le taux de chômage demeure l’un des plus faibles de France (5,8% contre 7,2% sur l’ensemble du territoire), où les besoins de main-d’œuvre restent conséquents et témoignent d’un dynamisme en matière d’emploi (163 000 embauches prévues lors de l’enquête BMO 2023, 80% qui se concrétisent), la question du sens et du salaire s’impose. Aux côtés de Sarah Hudson, enseignante-chercheuse à Rennes School of Business, et Karine Morand, responsable développement des compétences chez Atlantem (menuiserie industrielle), Frédéric Sévignon, directeur régional de Pôle emploi Bretagne, a d’abord rappelé la « situation un peu atypique de la Bretagne, avec un dynamisme effectif sur l’emploi ». Si le dirigeant a admis que « les candidats regardent le salaire en premier », la question des « valeurs » portées par l’entreprise est aujourd’hui « déterminante » dans un marché où les places se sont inversées.
D'une logique de sélection à une logique de séduction des candidats
« Cela, nous l’avons découvert récemment. Hier, les entreprises faisaient leur sélection parmi les candidats. Aujourd’hui, elles sont en mode séduction. Ce sont elles qui présentent leur CV. Dans l’hôtellerie, certaines entreprises achètent pour loger leur salariés », a appuyé Frédéric Sévignon. « Le salaire reste très important, mais les jeunes ne veulent pas être un maillon de la chaîne. À la Rennes School of Business, nous faisons passer des entretiens de motivation pour les étudiants. Il y a 15 ans, tous disaient ‘Je veux être chef marketing, trader, faire de l’audit… Depuis 8/9 ans, avec l’introduction des questions RSE, c’est devenu ‘je veux travailler pour une association, une ONG…’ Et, depuis le Covid, c’est ‘je veux créer ma propre entreprise, j’ai envie d’être libre, je veux voir l’effet de mes actions sur la société, plutôt qu’entrer dans un grand groupe’ », abonde Sarah Hudson, enseignante-chercheuse. Dans sa société Atlantem (groupe Hérige, 2.500 employés), Karine Morand admet que la « question du salaire est primordiale », mais que la fidélisation est compliquée. « L’entreprise est devenue un produit de consommation comme un iPhone. L’image est un peu sévère, mais c’est la réalité. Il y a 15 ans, le candidat devait nous séduire. Aujourd’hui, c’est moi qui doit le séduire, via la RSE, la qualité de vie au travail, en donnant du sens à son poste », a-t-elle lancé, reconnaissant que la formation et les évolutions de postes étaient des facteurs de stabilité des effectifs.
« Oui, cette notion de pouvoir changer d’activité de poste, dans l’entreprise, ça peut attirer, si on le dit dès le début. Les entreprises doivent se mettre en quatre pour attirer les talents », a appuyé Sarah Hudson. En abordant la question d’un retournement de la situation économique potentiel ou à venir, s’ouvrent également celle de l’avenir des avancées dans cet équilibre professionnel/personnel ? Seraient-elles menacées ou sont-elles devenues pérennes dans les entreprises ? « On ne peut pas faire machine arrière : les salariés doivent être à l’aise dans l’entreprise si on veut les garder. En ce moment, le pouvoir est dans les mains des chercheurs (d’emploi). Il s’est passé la même chose avec la RSE finalement. J’avais fait une enquête en 2007, tout le monde disait que c’était ‘tarte à la crème’, on a refait en 2018 et tout le monde y était… Une fois qu’ils ont été mis en place, cela rentre dans les routines, les habitudes de l’entreprise », assure l’enseignante-chercheuse à la RBS. Pour conclure, Frédéric Sévignon a rappelé que « nul n’est inemployable. J’invite les entreprises à ouvrir leurs chakras, à aller vers des publics plus éloignés de l’emploi », afin que chacun y trouve son compte, entrepreneurs comme employés.
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