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Job dating. Rôles inversés à Saint-Malo, une vraie dynamique
Le duo Pôle emploi Bretagne - Cap emploi a organisé un job dating inversé le vendredi 30 juin à Saint-Malo. L’idée était de faire les entreprises se présenter aux demandeurs d’emploi. Et ça a matché : une quarantaine d’entreprises sont ainsi venues… passer des entretiens avec plus de 80 demandeurs d’emploi.
Publié le 03/07/2023
Une vraie ruche ! Dans la salle mise à disposition par la mairie de Saint-Malo, à l’espace Bougainville, le flux ne s’arrête pas ! Ce job dating inversé, où les entreprises passent de table en table pour rencontrer les demandeurs d’emploi en situation d’handicap, est un véritable succès. Par son format innovant et bousculant les habitudes, il plaît à tous. « C’est top ! Que les entreprises aillent vers les personnes, c’est très intéressant : on les découvre plus que si c’était un entretien planifié. Là, on voit le savoir-être directement, c’est autre chose que le CV. Les voir ainsi -avec leur handicap, les adaptations potentielles à mettre en place- permet également de leur proposer des postes auxquels ils n’auraient peut-être pas pensé. On les sent aussi très motivés à travailler. Ça aide dans les deux sens », jugent Laëtitia Skler et Matteo Drouet, assistants RH chez Cedeo. « Je n’avais jamais vu de job dating sous ce format. Et il est super chouette ! C’est vraiment très, très intéressant : on a le temps de parler à tout le monde. Certains ne viennent pas nous parler lors des traditionnels job dating, parce que "pas dans le même secteur" et pourtant, on arrive à trouver des profils intéressants parce qu’on va les voir ici », confirme Charlotte Flauder, chargé de recrutement chez Reso 35.
Plusieurs ateliers et cinq mois de préparation
Les demandeurs d’emploi abondent dans le même sens. « Je trouve que c’est plus simple : on n’oserait pas poser certaines questions si on allait voir l’employeur dans son entreprise, comme celle sur les salaires, les avantages… Là, on peut le faire et c’est nickel. J’adore ! Il y a moins de pression, ça se fait naturellement. On irait même plus facilement tutoyer. C’est plus cool et j’espère qu’il y en aura d’autres », appuie Sébastien, demandeur d’emploi. « Le fait que les employeurs viennent à nous, ça met plus à l’aise. C’est plus facile pour moi en tout cas. Je suis satisfaite : j’ai déjà rencontré trois employeurs, alors que je commence tout juste mon créneau de 90 minutes », se réjouit Patricia, demandeuse d’emploi, qui admet sa difficulté à évoquer son handicap. Pour cela, elle a apprécié les ateliers de préparation qui ont permis d’apprendre à en parler sans que cela pèse sur sa candidature. Conseillère Pôle emploi à l’agence de Saint-Malo, Danièle Le Martelot, qui a co-piloté l’opération, précise les pourquoi et comment de cette journée où tous et toutes ont vécu les choses par un prisme différent. « On a proposé des ateliers pour préparer les CV sous format ‘Promotion de profil’. Il fallait aussi bien se mettre dans la tête que le job dating était, là, inversé. On a positionné les demandeurs sur des créneaux horaires d’1h30. Il y a également eu des ateliers ‘Atout handicap’, pour ceux qui avaient besoin d’apprendre à présenter leur handicap à un employeur. Pour certains, ce n’est pas très facile… On leur dit notamment de parler d’eux en positif et non en négatif », livre-t-elle.
« Chacun voit qu’un employeur va lui parler de projet et d’avenir », Elodie Metin, chargée de mission handicap à Cap emploi
« On est parti d’un constat : à Saint-Malo, on a connu trois/quatre forums. Les retours étaient les mêmes : les demandeurs n’osent pas aller vers les entreprises et, souvent quand ils évoquent leur reconnaissance de travailleur handicapé, la réponse était : ’On vous rappellera, on n’a pas de poste pour l’instant’… On a donc décidé de tenter cette inversion. Chaque demandeur d’emploi a pu rencontrer, à minima, trois employeurs. Surtout, chacun voit -même s’il a été licencié pour inaptitude- qu’un employeur va lui parler de projet et d’avenir, ça a du sens pour eux », souligne Elodie Metin, chargée de mission handicap à Cap emploi sur le bassin de Saint-Malo, qui a géré le projet aux côtés de Pôle emploi. Venu en voisin, le navigateur Fabrice Payen, amputé d’une jambe, explique l’intérêt d’inverser les rôles. « Il est important de montrer que le handicap n’est pas un frein à l’emploi. Il n’est pas une impasse, c’est important de le dire et de le répéter. C’est bien que les entreprises viennent ainsi se challenger. Leur regard doit changer, car on a du retard », souligne le skipper du bateau « Ille-et-Vilaine Cap vers l’Inclusion » sur la dernière Route du Rhum. Avec ce type de job dating inversé, le retard diminue assurément.
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