Chez Thalès, la Méthode de Recrutement par Simulation est un succès

Alors que le taux de chômage ne dépasse pas les 5,9% en Bretagne, de nombreux secteurs peinent à recruter. Dans le bassin d'emploi de Vitré (Ille-et-Vilaine), où ce taux est l'un des plus bas de France (autour de 4%), la situation est encore plus tendue. C'est dans ce contexte que le site Thalès d'Étrelles a lancé avec Pôle emploi, dès 2015, un dispositif original pour répondre à ses besoins. « Nous connaissions alors un pic d'activités dans notre secteur, l'aéronautique. Avec une difficulté de recrutement majeure : il n'existait pas de formation théorique correspondant à nos métiers de pointe dans l'électronique », se souvient Marion Duhoo, Responsable RH Thalès sur ce site du pays vitréen. « Pôle emploi nous a alors proposés la Méthode de Recrutement par Simulation (MRS) ». Une manière de recruter sans CV ni diplôme, mais à partir d'un savoir-faire et d'un savoir-être professionnel.

Lier compétences et motivation

Dans un premier temps, les agents de Pôle emploi se sont immergés dans l'entreprise. « Ils ont déterminé que les compétences de nos employés étaient la minutie, la dextérité, la concentration, la lecture de plan et la projection dans l'espace », explique Marion Duhoo. « À partir de là, nous avons conjointement construit une série de tests, que nos salariés ont d'abord passé,  pour validation, avant de les proposer à des candidats à l'embauche ».
« Lorsque Thalès a des besoins de recrutement assez importants - une quinzaine de personnes par session d'embauche sur le site d'Étrelles, en moyenne -, l'entreprise présente ses métiers à l'occasion d'une réunion d'information collective à Pôle emploi. Les personnes intéressées sont alors invitées à passer la série de tests, pendant quatre heures, toujours dans les locaux de l'agence. Ces tests sont évalués à partir d'une note seuil, déterminée à partir de celle obtenue par les salariés eux-mêmes », précise la responsable RH.
Si la MRS s'avère concluante, les candidats ont alors la possibilité de suivre une immersion professionnelle (Période de Mise en Situation Professionnelle - PMSP) d'une semaine dans l'entreprise, pour s'assurer que le poste correspond à leurs attentes. Ils peuvent alors passer un entretien de motivation auprès de Thalès. Lorsqu'un profil est validé, la personne peut intégrer le centre de formation de l'entreprise pour une formation AFPR (Action de Formation Préalable à l'Embauche) de 400 heures, financée par Pôle emploi.

L'entreprise a, dans ce cadre, embauché plus d'une centaine de personnes sur le site d'Étrelles. Plus largement, la MRS obtient de bons résultats partout où elle est mise en œuvre. « Au niveau national, sept demandeurs d'emploi sur dix bénéficiant de ce dispositif retrouvent un emploi dans les six mois », se réjouit François Persehaie, directeur territorial délégué Pôle emploi Ille-et-Vilaine, pour les cinq agences de Rennes.
 

Casser les stéréotypes

Si la MRS obtient d'aussi bons résultats, c'est aussi car elle permet de faire tomber des barrières  « Une grande partie des personnes recrutées à Étrelles n'auraient jamais imaginé travailler chez Thalès, note François Persehaie. D'anciennes coiffeuses s'y sont ainsi reconverties. De la même manière, l'entreprise de transport Keolis a recruté, via cette méthode, des personnes qui n'avaient même pas le permis de conduire au préalable », s'exclame le directeur territorial délégué de Pôle emploi Ille-et-Vilaine, qui considère que la MRS, basée sur des critères objectifs, permet de réduire les discriminations à l'embauche : « Souvent inconsciemment, nous avons tendance à recruter des gens qui nous ressemblent et à reproduire des schémas sur des critères qui ne sont pas toujours les bons. Cette méthode permet donc de de casser des stéréotypes. ».