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À la maison d'arrêt de Brest, ils apprennent à valoriser leur image pour mieux se réinsérer
Le 17 octobre, huit détenus ont participé à la première journée d'une action « Valoriser son image pro » au sein de la maison d'arrêt de Brest. Cette opération, issue du travail conjoint de l'agence Pôle emploi Brest Europe, de la Direction territoriale Pôle emploi Finistère, du CIBC et de l'administration pénitentiaire, est une première en France.
Publié le 20/10/2022
Sur une table, trois détenus de la maison d'arrêt de Brest débattent de la manière de survivre après s'être écrasés sur la Lune. Sur la table en face, trois autres cherchent à s'organiser au camping. Ils sont encadrés par Anne-Laure, formatrice du CIBC (Centre interinstitutionnel de bilan de compétences). Ces scénarios fictifs, mis en place dans le cadre d'une action «Valoriser son image pro» (VSI), ont pour objectif de les inciter à former un groupe soudé. Si les actions VSI se développent un peu partout pour permettre un accompagnement personnalisé des demandeurs d'emploi, cette opération en milieu carcérale, proposée par l'agence Pôle emploi de Brest Europe, est la première en France.
« Le rôle d'une conseillère Pôle emploi justice est de travailler sur la réinsertion pour éviter la récidive. Cette action VSI s'inscrit dans cet objectif », rappelle Françoise, conseillère justice de l'agence Brest Europe. Pendant un an, elle a conduit le projet avec l'appui de sa responsable d'équipe, Clarisse Darieux, et avec le soutien de la Direction territoriale Pôle emploi du Finistère. Cette action a été portée conjointement avec le CIBC, dans le cadre du regroupement d'organismes de formation « Retravailler dans l'ouest ». Enfin, l'appui de l'administration pénitentiaire a été indispensable. Et en son sein, le rôle du Service pénitentiaire d'insertion et de probation (SPIP) a été décisif.
Comment le processus s'est-il déroulé ? « J'ai sollicité Maud Guérin, du CIBC, pour lui proposer l'idée d'une prestation VSI à l'extérieur de la prison ». Après des réunions de travail entre les différents partenaires, Alban Dabouis, alors directeur du SPIP, a émis le conseil d'orienter le projet vers une action au sein de la maison d'arrêt, pour mieux s'adapter aux détenus. Avant l'été 2022, les différents acteurs ont convenu du déroulement de l'action. « J'ai alors réalisé des diagnostics avec les détenus. Les conseillers pénitentiaires d'insertion et de probation m'ont donné des orientations, et un premier groupe a été présélectionné. J'ai ensuite rencontré deux groupes de candidats lors d'une réunion d'information collective et à l'occasion d'entretiens individuels », précise la conseillère. Enfin, l'administration pénitentiaire a validé le groupe final après s'être assurée qu'il n'y avait pas d'incompatibilité entre les candidats.
« On avance tous ensemble. C'est hyper motivant »
Le 17 octobre, huit détenus, âgés de 22 à 52 ans, se sont ainsi retrouvés pour leur première journée en groupe. Pendant une semaine, la phase appelée « Socle » leur permettra d'identifier et de renforcer leurs acquis, tout en apprenant à les transformer en atouts pour mieux répondre aux attentes des employeurs. Suite à ces cinq jours, un entretien à mi-parcours leur sera proposé, avant une journée à la carte et un entretien de conclusion. « Nous restons fidèles à la réponse pédagogique apportée habituellement dans le cadre de la prestation VSI, assure Maud Guérin, du CIBC. Nous nous sommes seulement adaptés au milieu carcéral au niveau de la logistique, concernant la disponibilité des surveillants, les accès internet et la prise de repas en groupe ».
Et dès les premières heures, les participants semblent ravis. « Ça nous permet de nous ouvrir, sachant qu'on n'a pas le même parcours », assure l'un des détenus à Anne-Laure, la formatrice. « On avance tous ensemble. C'est hyper motivant », enchaîne son voisin de table. Les échanges se poursuivent dans le rire et la bonne humeur. « On attend du VSI de mieux appréhender les entretiens d'embauche et d'apprendre à préparer nos CV », explique un détenu.
Attentif à ces déclarations, Frédéric Sévignon, directeur régional de Pôle emploi Bretagne, les rassure : « Quand vous sortirez, vous allez avoir de vraies opportunités car le marché du travail breton est très dynamique. Mais c'est à vous de travailler votre projet en amont ».
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