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« On peut encore faire des parcours très diversifiés dans une même entreprise, avoir plusieurs vies. »
Patrick Picone est le responsable Ressources Humaines du technicentre SNCF de Rennes. Il revient pour nous sur l’activité de son site, l’évolution des métiers et des profils recherchés, et la politique RH de la SNCF.
Publié le 17/07/2020
Le technicentre de Rennes ne travaille pas que pour la SNCF. Pouvez-vous nous donner une idée de son activité ?
Nous sommes un centre d’excellence. Pour le groupe SNCF, nous travaillons avec tous les centres qui réalisent de la maintenance du frein en France ou en Europe avec Eurostar et Thalys. Nous avons également une activité externe, des marchés en France et quelques marchés à l’étranger, soit sur des tramways ou des métros, soit sur du train. Nous faisons également des bancs d’essai sur des organes de freinage, mais aussi plus généraux en fonction des appels d’offre.
Nous cherchons des gens qui sont en capacité de respecter les consignes et qui ont une bonne conduite relationnelle.
Les métiers du technicentre sont nombreux et diversifiés, pouvez-vous nous en dire plus ?
Environ 330 à 340 personnes travaillent au technicentre. Nous travaillons avec l’accompagnement d’une ingénierie formée d’environ 35 personnes, des ingénieurs mécatroniques qui réalisent les trames de maintenance de nos organes de frein et interviennent sur les dysfonctionnements, les obsolescences de pièces, etc. Nous avons également des équipes de production avec des opérateurs qui ont des bacs ou autre niveau en maintenance industrielle, essentiellement mécanique et électrique. Tous nos agents ont une première période de formation de cinq semaines réalisée dans notre centre de formation du Mans, puis nous leur apprenons à réaliser la maintenance de ces organes par compagnonnage.
Nous sommes vraiment une entreprise industrielle avec un établissement très moderne. Enormément de choses sont faites pour la sécurité du personnel. Il y a des ponts roulants pour soulever les pièces, des établis réglables en hauteur, etc. Nous sommes très attachés à la sécurité et qualité de vie au travail.
Nous avons déménagé en 2015, repensé nos installations et monté une entreprise qui est en capacité de se développer très rapidement. Nous sommes en capacité de tirer très rapidement des tuyaux d’air, des alimentations électriques… de manière à faire évoluer notre production en fonction des charges.
Avec les nouvelles technologies, de nombreux métiers ont radicalement évolué. Qu’en est-il des métiers du technicentre ?
Dans le domaine de la sécurité ferroviaire, les constructeurs sont globalement assez prudents, La technologie doit répondre à des critères de sécurité sur le plan international.
Nous commençons effectivement à travailler sur des nouveaux matériels, plus légers, plus compacts, pouvant accueillir plus de personnes...
Si historiquement les trains étaient fabriqués par une seule entreprise de construction ferroviaire, tous les schémas étaient élaborés avec la SNCF et ses ingénieries. Depuis la création d’Eurostar, nous avons développé des collaborations avec l’Angleterre, l’Allemagne, les automates se sont multipliés dans les trains. Plusieurs chaînes se combinent pour assurer la sécurité de nos clients, mais je pense que nous avons passé un cap, les choses vont évoluer très vite. C’est pour cela que nous travaillons avec des bacs comme le bac maintenance industrielle, sur lequel nous allons retrouver de l’électricité, de l’hydraulique, de la mécanique… Nos agents ont une capacité de basculer d’une technologie à une autre. Une polyvalence soutenue par un accompagnement interne important.
Les soft skills ou compétences comportementales sont-elles importantes dans vos recrutements ?
Nous cherchons des gens qui sont en capacité de respecter les consignes et qui ont une bonne conduite relationnelle. Nous pensons qu’à partir du moment où il y a cette volonté de s’intégrer dans l’équipe et d’avancer avec l’entreprise, nous sommes en capacité de les faire progresser sur le plan technique. Le souhait d’avoir une continuité dans son métier est un élément important pour nous. Aujourd’hui, l’idée, c’est plutôt de passer d’un poste à l’autre, etc. C’est le genre de situation que nous ne souhaitons pas, parce qu’il est nécessaire d’asseoir ses connaissances et ses compétences pour pouvoir réaliser les travaux en toute sécurité. Il faut avoir de la rigueur et le respect des règles.
Pôle emploi nous apporte une richesse de profils, des gens qui ne seraient pas venus à nous ou que nous n’aurions pas réussi à trouver autrement.
Existe-t-il un enjeu à féminiser les métiers du technicentre ?
Nous avons 10% de femmes, plus dans les pôles d’appui qu’au niveau de la production. L’objectif c’est de féminiser nos équipes. Mais nous essayons de passer par des dispositifs autres que la formation classique parce que les cultures ont peu évolué. Il y a encore très peu de femmes à la sortie des centres de formation technique. Nous essayons donc de créer des dispositifs de reconversion car nous pensons qu’ils nous permettront peut-être d’attirer plus de personnel féminin. La reconversion concerne tout le monde, mais dans cette situation, il y a eu une période de vie professionnelle auparavant, les personnes sont souvent plus ouvertes parce qu’elles cherchent à reconstruire leur vie. L’idée est de passer par ces dispositifs de reconversion afin de faciliter la diversité.
La SNCF est connue pour avoir une politique RH forte. Pouvez-vous nous en parler plus en détails ?
Nous avons une variété de trains très importante avec des fonctionnements qui sont différents. Nous accompagnons nos collaborateurs tout au long de leur carrière. Si le système de freinage a globalement peu évolué, l’informatique et des moyens de communication, ont permis par exemple, de développer la maintenance prédictive. Nous avons des formations qui évoluent au fur et à mesure du temps. Elles permettent d’apprendre le fonctionnement et les mécanismes des nouvelles séries de matériel.
Il nous arrive même de conduire des reconversions complètes parce qu’il y a des métiers qui disparaissent.
Cela nous permet aussi d’avoir une politique régionale. Tout le monde n’a pas forcément une mobilité importante. Quand il y a des restructurations, comme sur Rennes qui n’est pas un gros centre ferroviaire, il faut accepter de se reconvertir dans d’autres métiers. Les métiers de la maintenance se développent, même s’ils ont évolué.
Je suis responsable RH. J’ai fait une carrière technique pendant une vingtaine d’années, je suis devenu manager et j’ai ensuite intégré les ressources humaines. On peut encore faire des parcours très diversifiés dans une même entreprise, avoir plusieurs vies.
Que cherchiez-vous en vous tournant vers Pôle emploi pour vous aider à recruter ?
Ce qui était intéressant pour nous c’était de travailler sur le tissu local, régional. Nous sommes arrivés à une période où une grande entreprise industrielle de la région avait rouvert grand les portes. Nous n’avions plus de candidatures. Nous avions sur le marché des personnes qui n’étaient absolument pas qualifiées et du mal à remplir nos sessions de recrutement. Le meilleur moyen pour nous était de travailler avec un acteur local de l’emploi. Pôle emploi était une évidence.
Cela a été une rencontre intéressante parce que vous avez un certain nombre d’outils qui vous permettent de très rapidement mettre des annonces en ligne et en visibilité, de sélectionner un certain public ou des personnes qui ont des connaissances particulières et donc de nous amener un grand nombre de profils. Ensuite, nous allons faire notre métier de recruteur. Faire des sélections, sur dossier, puis par entretien téléphonique et enfin nous mettons en place des sessions de recrutement. Cela créé une dynamique. Cela permet aussi d’alimenter nos réseaux d’intérimaires. Quand nous avons une personne qui a la volonté de faire mais qui n’a pas les compétences, nous pouvons la diriger vers l’intérim sur des métiers moins technique et bien souvent notre vivier d’intérimaires se transforme en vivier recrutement. Pôle emploi nous a également apporté un certain nombre de profils en reconversion. Au départ, nous nous posions des questions, mais finalement c’est ce qui fait la diversité de nos équipes. A partir du moment où une personne a la volonté et l’envie, elle réussit et fait réussir notre entreprise.
Pôle emploi nous apporte une richesse de profils, des gens qui ne seraient pas venus à nous ou que nous n’aurions pas réussi à trouver autrement.
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