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Pôle emploi Normandie et la Région : agir ensemble pour faciliter l’accès aux secteurs porteurs
Au 1er trimestre 2021, la Normandie comptait 15 570 entrées en formation. Avec une majorité de public peu qualifié, la Normandie compte près de 60% de sa population éligible au Plan d’Investissement dans les compétences (PIC) et près de 56% des personnes ayant accédé à une formation étaient inscrites comme demandeur d’emploi depuis plus d’un an. Grâce à une offre ciblée répondant aux besoins des entreprises, 59% des personnes ont trouvé un emploi 6 mois après la fin de leur formation.
Interview croisée entre Jean-Philippe Damiani (Directeur de l’offre de service Pôle emploi Normandie) et Clarisse Dautrey (Directrice de la Formation Tout au Long de la Vie à la Région Normandie), qui reviennent sur le partenariat mis en place entre Pôle emploi et la Région pour favoriser l’accès aux formations et aux métiers à forts besoins en main d'œuvre.
Pouvez-vous rappeler ce qu’est un secteur "dit en tension" ?
Jean-Philippe Damiani : C’est un secteur pour lequel le rapport entre le nombre d’offres et le nombre de candidats/demandeurs d’emploi tend vers 1 voire moins.
Clarisse Dautrey : Sur le champ de la formation, on retrouve les mêmes difficultés à former des candidats que les entreprises ont à les recruter et ces difficultés sont souvent renforcées sur les territoires avec une plus faible attractivité.
La situation économique actuelle a-t-elle accentué les difficultés de recrutement ?
CD : Oui, sur des territoires où le taux de chômage était déjà faible et où les métiers demandés nécessitent une grande technicité (par exemple dans l’industrie). La crise sanitaire a également limité l’activité de formation, réduisant le nombre de candidats qualifiés à l’issue des formations.
JPD : Par ailleurs, la reprise économique est très vive avec 6% de taux de croissance : cela tend le marché du travail, notamment en période estivale.
Quels sont les principaux secteurs qui manquent de main-d’œuvre en Normandie ?
JPD : On retrouve les secteurs du national (HCR, BTP et santé), mais aussi le commerce de bouche, notamment avec les bouchers-charcutiers et poissonniers. Le besoin en VRP peut aussi se faire sentir avec la forte croissance. Nos pôles d’excellence en Normandie engendrent également des tensions sur l’industrie agroalimentaire, métallurgique ou du verre (telle que l’industrie de verre de luxe de la Glass Vallée).
CD : Pour certains secteurs comme l’HCR, les métiers de bouche ou la maintenance industrielle, les difficultés rencontrées sur le sourcing des actions de formation est relativement ancien. Pour d’autres comme le secteur de l’aide à domicile, c’est plus récent, mais pour autant très prégnant du fait de la crise sanitaire.
Comment Pôle emploi et la Région Normandie travaillent-ils ensemble pour répondre à ces besoins en recrutements ? Quelles solutions sont proposées aux entreprises ?
CD : Nous avons des actions à destination des publics. Nous travaillons notamment à faire connaître les métiers en les « faisant », à préparer les publics aux prérequis des formations de ces secteurs qui recrutent, à impliquer les entreprises sur l’ensemble du processus de formation. Nous nous inscrivons plus globalement dans une démarche de travail concertée à l’échelle des territoires, entre les différents partenaires. Tout particulièrement ceux du SPE, dans le cadre d’une animation territoriale impliquant fortement les services de la Région, de l’Etat et de Pôle emploi.
JPD : En parallèle, Pôle emploi et la Région se coordonnent avec les OPCO et les syndicats professionnels pour évaluer au mieux les besoins, recenser l’existant et combler les écarts.
Quelles actions sont ou seront lancées pour attirer de nouveaux talents vers ces métiers ?
JPD : Nous mobilisons l’offre de service de Pôle emploi et travaillons en premier lieu sur les offres d’emploi. Nous étudions les critères des offres avec les employeurs, au regard du marché du travail et en nous appuyant sur nos outils d’intelligence artificielle. Pour sourcer les candidats, nous recherchons les demandeurs sur les métiers peu porteurs et les réorientons vers les métiers porteurs. Nous travaillons avec eux sur leur orientation, la découverte des métiers et la formation pour compléter leurs compétences.
CD : Plus globalement, pour l’ensemble des publics scolaires et actifs, la Région a créé en janvier 2020 une Agence Régionale de l’Orientation et des Métiers. Elle travaille par exemple, avec les branches professionnelles, à proposer aux publics des outils de réalité virtuelle, des mises en relation avec des professionnels, des évènements pour découvrir les métiers, notamment ceux en tension dans notre région.
Comment les personnes à la recherche d’un emploi peuvent-elles accéder à ces métiers porteurs ? Faut-il des prérequis ?
JPD : La Région a mis en place des « plateaux techniques ». Ils permettent, en 1 à 5 jours, de découvrir les métiers en centre de formation, de pratiquer en situation sécurisée et contrôlée et d’aller en formation. Pôle emploi peut aussi mobiliser la PMSMP (Période de Mise en Situation en Milieu Professionnel) pour placer les demandeurs comme les entreprises en situation d’évaluer et de lutter contre les représentations.
CD : Ces plateaux techniques sont nommés #action. Leur mise en œuvre part du constat que pour découvrir un métier il faut s’y confronter, mais que les entreprises n’ont pas toujours le temps ou la possibilité matérielle d’accueillir des stagiaires. La Région s’appuie donc sur les plateaux techniques des organismes de formation, qui intègrent les candidats qui viennent découvrir un métier dans un groupe de stagiaires ou d’apprentis. Ce dispositif permet par ailleurs de découvrir l’environnement de la formation pour adultes, de lutter ainsi contre l’idée reçue d’un retour à l’école et de favoriser l’accès à la formation.
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