FSE

Sortie de détention : l’emploi en ligne d’horizon

Au sein de la structure d'accompagnement vers la sortie (SAS) de Poitiers-Vivonne, France Travail Nouvelle-Aquitaine déploie un accompagnement renforcé auprès des personnes placées sous main de justice (PPSMJ). Dispositif cofinancé par l’Union européenne au titre du FSE +.

Publié le  02/06/2025

Objectif

Faire de la préparation à la sortie un levier réel d'insertion professionnelle. Entre diagnostics individualisés, liens avec les entreprises locales et relais sociaux, deux conseillères tracent des parcours vers l’emploi, avant même la fin de peine. Une action discrète, mais déterminante, qui redonne à chacun une perspective.

Camille et Pauline, conseillères à l’agence France Travail de Poitiers Gare, racontent leur quotidien au sein de la SAS. Une action de terrain, en lien étroit avec les partenaires locaux et les entreprises, qui illustre comment l’insertion professionnelle peut contribuer à la prévention de la récidive et à une réinsertion durable. Un accompagnement qui se construit dans la proximité, la disponibilité et la confiance.

Rencontre avec un binôme « hors les murs »

En quoi consiste l’accompagnement France Travail au sein de la SAS ?

L’objectif est clair : préparer la sortie de détention et sécuriser le parcours professionnel. À la SAS de Poitiers-Vivonne, nous intervenons auprès des PPSMJ dont le reliquat de peine est inférieur à 24 mois. Cela permet d’anticiper les freins, d’agir en amont, et de créer un véritable pont vers l’extérieur.

Concrètement, nous proposons des informations collectives, des entretiens individuels, des ateliers pratiques, des rencontres avec des entreprises et surtout un accompagnement personnalisé et renforcé. Notre présence à la SAS deux fois par semaine nous permet de tisser un lien de confiance, et de répondre aux besoins spécifiques de chaque personne. Les rendez-vous peuvent également se réaliser à l’extérieur au sein de l’agence en fonction de la situation et des autorisations de sortie des personnes accompagnées.

Quelle est la spécificité de votre binôme dans ce dispositif ?

Nous avons une approche complémentaire : l’une est spécialisée dans les techniques d’accompagnement, tandis que l’autre bénéficie d’une expertise sur la relation entreprise. Cela nous permet d’avoir une vision à 360° et d’agir efficacement sur tous les leviers de l’insertion professionnelle. On avance plus vite en créant une dynamique collective. Grâce à nos réseaux, nous sollicitons régulièrement des entreprises locales, des agences d’intérim, des organismes de formation. Ce lien direct avec le tissu économique est essentiel pour déboucher sur du concret.

Quel rôle jouent les entreprises dans ce dispositif ?

Elles sont clés. Une fois par mois, nous faisons intervenir une entreprise dans la SAS : agences d’intérim, entreprises d’insertion, ou employeurs classiques. Parallèlement des immersions en entreprise et des participations à des job dating sont organisés à l’extérieur.

Cette ouverture est essentielle pour valoriser les compétences et restaurer la confiance.

Pouvez-vous nous donner des exemples de parcours accompagnés ?

Thomas*, 37 ans, incarcéré depuis 5 ans et arrivant en fin de peine, voulait poursuivre son parcours professionnel dans le secteur de la restauration en raison de son expérience en cuisine et en service. Nous l’avons accompagné dans la mise à jour de son CV, la création d’alertes emploi sur le site francetravail.fr, et la préparation à l’entretien. Une entreprise a retenu son profil. Avec l’accord du SPIP, des autorisations de sortie ont été délivrées pour qu’il puisse mener ses démarches.

  • Résultat : une immersion réussie, une promesse d’embauche, et une libération sous bracelet pour honorer son CDI.

Léo, 28 ans, voulait intégrer une formation dans l’industrie. Il a passé des tests à l’agence après avoir obtenu une autorisation spéciale de sortie. Il a été accepté à l’AFPA de Châtellerault.

  • Résultat : Son projet professionnel a clairement pesé dans l’obtention de son aménagement de peine. Il commencera sa formation de technicien industriel prochainement en bénéficiant d’un hébergement en internat.

*Pour des raisons de confidentialité, les prénoms des accompagnés sont modifiés.

Quel lien est maintenu après la sortie ?

L’accompagnement peut se poursuivre sur l’offre de droits communs auprès de France Travail et de partenaires comme les structures d’insertion afin d’éviter des ruptures de parcours.

Du côté des personnes accompagnées, quelles sont les réactions les plus marquantes ?

Beaucoup nous disent simplement : « Merci de m’avoir fait confiance ».

Thomas, par exemple, est allé jusqu’à inciter d’autres détenus à venir nous voir : « Ça vaut le coup ». Cette dynamique de bouche-à-oreille est précieuse. Elle montre que l’accompagnement fonctionne parce qu’il est humain.

On entend souvent aussi : « Vous êtes notre fenêtre sur l’extérieur ». C’est fort, et ça nous rappelle notre rôle.

En quelques mots, que diriez-vous de la plus-value de cet accompagnement ?

« La disponibilité. Être là, physiquement, chaque semaine. S’adapter. Aller vers. Faire le lien. »

« La personnalisation du suivi, le réseau qu’on mobilise, et l’énergie qu’on met à sécuriser chaque sortie. Nous ne sommes qu’un maillon, mais parfois, ce maillon fait toute la différence. »

Un dispositif cofinancé par l'Union Européenne au titre du FSE+

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Le dispositif "Accompagnement des personnes placées sous-main de justice (PPSMJ) en structures d’accompagnement à la sortie (SAS) ainsi que des personnes placées en quartier de semi liberté" vise à préparer la réinsertion professionnelle avant la sortie via des entretiens individuels et des ateliers collectifs, en partenariat avec l’ensemble des intervenants des établissements pénitentiaires (service pénitentiaire d’insertion et de probation, mission locale, etc.).

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